L'Ivoirien Blé Goudé accusé de meurtres et viols devant la Cour pénale internationale

  • L'ex-bras droit du président ivoirien, Charles Blé Goudé, à La Haye le 27 mars 2014
    L'ex-bras droit du président ivoirien, Charles Blé Goudé, à La Haye le 27 mars 2014 Pool/AFP/Archives - Michael Kooren
  • L'ex-bras droit du président ivoirien Charles Blé Goudé à La Haye le 27 mars 2014
    L'ex-bras droit du président ivoirien Charles Blé Goudé à La Haye le 27 mars 2014 Pool/AFP/Archives - Michael Kooren
  • L'avocat de Charles Blé Goudé, Nick Kaufman, le 27 mars 2014 à la Cour pénale internationale L'avocat de Charles Blé Goudé, Nick Kaufman, le 27 mars 2014 à la Cour pénale internationale
    L'avocat de Charles Blé Goudé, Nick Kaufman, le 27 mars 2014 à la Cour pénale internationale Pool/AFP/Archives - Michael Kooren
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Centre Presse Aveyron

Les hommes sous l'autorité de l'Ivoirien Charles Blé Goudé, proche de l'ex-président Laurent Gbagbo, ont tué, violé, brûlé vifs et persécuté des centaines de personnes lors des violences qui ont déchiré la Côte d'Ivoire en 2010 et 2011, a accusé lundi le procureur de la Cour pénale internationale.

L'ex-chef des "jeunes patriotes", un mouvement pro-Gbagbo extrêmement violent, "est responsable de certains des pires crimes" commis après l'élection présidentielle de novembre 2010, a soutenu le procureur Fatou Bensouda lors d'une audience dite de confirmation des charges.

Le crâne soigneusement rasé, portant des lunettes aux montures noires et un costume sombre, Charles Blé Goudé, 42 ans, a régulièrement pris des notes lors de l'audience.

Dans la galerie du public, les propos de Mme Bensouda ont été accueillis par des soupirs et rires sarcastiques d'une dizaine de partisans de M. Blé Goudé.

Charles Blé Goudé, surnommé le "général de la rue" pour sa capacité à mobiliser les foules, est accusé d'avoir participé à un plan commun fomenté par Laurent Gbagbo et son entourage dans le but de conserver le pouvoir.

Plus de 3.000 personnes avaient été tuées en cinq mois.

Le camp Gbagbo assure que ce dernier a été évincé en faveur de son rival Alassane Ouattara à la suite d'un complot mis sur pied par la France, ancienne puissance coloniale. M. Ouattara a été reconnu vainqueur des élections par la communauté internationale.

- 'Charisme, talents d'orateur' -

A l'issue de l'audience de confirmation des charges, qui dure jusqu'à jeudi, les juges doivent décider si le dossier de l'accusation est assez solide pour justifier un procès. Une décision doit être rendue dans les 60 jours.

"Cette audience est une étape importante vers la justice pour les crimes horribles commis après les élections disputées en Côte d'Ivoire", a déclaré Jelena Pia-Comella, vice-président de l'ONG Coalition pour la CPI.

"Par son charisme et ses talents d'orateur, il a galvanisé des milliers de jeunes", a soutenu Eric MacDonald, représentant le bureau du procureur.

Ces jeunes étaient armés, formés et intégrés à la chaîne de commandement des Forces de défense et de sécurité ivoiriennes (FDS), fidèles à Laurent Gbagbo, selon l'accusation.

M. Blé Goudé doit répondre de quatre chefs de crimes contre l'humanité liés à cinq événements "représentatifs", selon l'accusation, de ses crimes, dont la répression sanglante de manifestations pro-Ouattara ou le bombardement à l'arme lourde d'un quartier densément peuplé d'Abidjan, Yopougon.

L'accusation le tient pour responsable d'au moins 184 meurtres, 38 viols, 126 actes inhumains et 348 persécutions.

M. Blé Goudé avait été arrêté en janvier 2013 au Ghana et extradé vers la Côte d'Ivoire. Il avait finalement été transféré en mars 2014 vers La Haye.

- Justice sera rendue des deux côtés -

"Il y a une grande différence entre un activisme public légitime et une conduite criminelle", a soutenu son avocat Nick Kaufman, soutenant que la CPI devrait "abandonner" les poursuites contre son client.

Les discours enflammés de M. Blé Goudé "peuvent heurter la sensibilité européenne", mais ne signifient pas qu'il a appelé à la violence.

A l'extérieur de la CPI, une quarantaine de partisans de MM. Gbagbo et Blé Goudé s'étaient rassemblés pour réclamer la libération des deux hommes.

"Nous sommes là pour lutter contre cette imposture, contre cette justice partiale", a déclaré à l'AFP Willy Bla, président du Cri panafricain.

Laurent Gbagbo est en détention à La Haye et sera jugé par la CPI tandis que son épouse Simone, réclamée par la CPI, est détenue en Côte d'Ivoire. Mais aucun membre du camp Ouattara n'a encore été inquiété par la CPI.

Fatou Bensouda s'est pourtant voulu rassurante: "notre enquête dans ce pays n'est pas terminée, cela prend du temps". "La justice sera rendue, des deux côtés".

Source : AFP

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