Rodez Aveyron Football : Djibi Banor, le travailleur sort de l’ombre

Il était arrivé à l’été 2013 sur la pointe des pieds. Le manager Gregory Ursule l’avait bien comparé à l’hyperactif Parisien Blaise Matuidi, les débuts de Djibi Banor en « sang et or » avaient d’abord été discrets. « Un peu comme moi dans la vie », sourit-il, ses longues jambes dépliées sous la table. Une histoire d’adaptation, d’acclimatation à écouter son coach Franck Plenecassagne. « L’an dernier, en venant à Rodez, il a choisi de basculer dans le monde semi-pro, et de passer de 2 ou 3 entraînements par semaine à 6. Du coup, son inconstance était compréhensible. »

Malgré cette relative irrégularité pour un joueur ayant tout de même cumulé 20 titularisations en CFA (pour 1 but) la saison dernière sans jamais se blesser ou être suspendu, le public ruthénois a appris à aimer les échasses et les longues courses de ce milieu défensif « box to box » (d'une surface à l'autre). Et depuis le début de cette saison, Paul-Lignon a même découvert un talent brut avec un moteur énorme. Car aujourd’hui, le longiligne gamin (1,84 m, 73 kg) de Mantes-la-Jolie et de la banlieue du Val Fouré (Yvelines) a pris une tout autre dimension à ce poste qu’il juge lui-même « ingrat. Il faut avoir envie de répéter les efforts, même pour rien. Mais j’aime ça ».

Loin de l’ombre, en pleine lumière, Djibi Banor a désormais pris des airs d’incontournable. « La saison dernière, j’étais une recrue et je pense avoir fait un assez bon championnat, analyse-t-il de son débit de parole à cent à l’heure. Maintenant, je me connais mieux mais il faut que j’assume et que je travaille pour aller plus haut. Si je voulais juste faire un petit foot comme ça, je serais resté à Mantes-la-Jolie, j’aurais appelé quelques potes et on serait allé sur le city stade d’en bas. »

Plenecassagne : « Chaque matin,  il se lève et veut tout bouffer »

Cet amateur de basket a décidé de tenter sa chance dans l’Aveyron, obnubilé par un rêve :  « Celui de devenir pro », glisse l’intéressé les yeux pétillants. Un choix qu’il a dû assumer, laissant sa fratrie (au total 12 frères et sœurs !) en région parisienne mais aussi son emploi dans les centres de loisirs et collèges derrière lui. « Djibi est dans une dynamique d’apprentissage. Il a mis une parenthèse dans sa vie professionnelle pour tenter sa chance, confirme Ursule. Donc il bosse et ça paye. »

Bosseur, le joueur d’origine sénégalaise l’est incontestablement. Il n’a même que ça à la bouche. « Je travaille en espérant être récompensé. On n’a rien sans rien, veut-il croire. Mais tôt ou tard, ça va payer. Si je suis venu ici, ce n’est pas pour faire le beau, c’est pour progresser. Je n’ai jamais fait de centre de formation, j’ai tout à apprendre. » « C’est quelqu’un qui bosse tout le temps. Il a cette volonté..., admire l’entraîneur ruthénois. Nous tous, on s’est peut-être habitué au confort. Lui mesure sa chance de jouer au foot et, chaque matin, il se lève et veut tout bouffer. C’est une belle leçon. »
Comme celle que lui a donnée Issam Chebake. La saison dernière, les deux compères étaient inséparables, au point d’être surnommés « tic et tac ». Après une année étincelante, le latéral droit a signé son premier contrat pro au Havre (Ligue 2). « Ce qui est arrivé à Issam, pour tout amateur, ça donne de l’espoir. Pour franchir le pallier, il faut travailler. » Djibi Banor, baptisé « Yaya Touré » par David Suarez, a visiblement bien saisi le message.