Brésil: élections générales après une campagne à rebondissements

  • Dilma Rousseff en campagne le 4 octobre 2014 à Porto Alegre
    Dilma Rousseff en campagne le 4 octobre 2014 à Porto Alegre AFP - Jackson Ciceri
  • Marina Silva à son arrivée le 4 octobre 2014 à l'aéroport de Rio Branco
    Marina Silva à son arrivée le 4 octobre 2014 à l'aéroport de Rio Branco AFP - Yasushi Chiba
  • Aecio Neves lors d'un meeting le 4 octobre 2014 à Belo Horizonte
    Aecio Neves lors d'un meeting le 4 octobre 2014 à Belo Horizonte Service de presse de Neves/AFP - Marcos Fernandes
  • Evolution des sondages concernant les trois principaux candidats à l'élection présidentielle brésilienne
    Evolution des sondages concernant les trois principaux candidats à l'élection présidentielle brésilienne AFP - -, G. Izus/A. Reta
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Centre Presse Aveyron

Les Brésiliens sont appelés dimanche aux urnes, partagés entre fidèles à la continuité des conquêtes sociales de la gauche au pouvoir depuis 12 ans, et partisans d'une alternance pour relancer l'économie en panne du géant émergent d'Amérique latine.

La présidente de gauche Dilma Rousseff, du Parti des travailleurs (PT) aborde en solide favorite le premier tour face à un camp du changement divisé entre le classique candidat social-démocrate Aecio Neves et l'atypique écologiste Marina Silva, qui rêve de devenir la première présidente noire du Brésil.

Plus de 142 millions d'électeurs du plus grand pays d'Amérique latine voteront à partir de 08H00 (11H00 GMT). Ils vont arbitrer le match au sommet pour la présidence mais aussi élire leurs 513 députés fédéraux, 1.069 députés régionaux, 27 gouverneurs et renouveler un tiers du sénat (27 sièges) parmi plus de 26.000 candidats.

Révélatrices des doutes qui agitent un Brésil en pleines mutations, ces élections interviennent au terme d'une folle campagne électorale aux incessants rebondissements.

Le dernier s'est produit samedi, à la veille du scrutin, quand pour la première fois Aecio Neves a dépassé dans trois sondages Marina Silva, l'ex-favorite de la présidentielle. Propulsée de manière inattendue dans la campagne après la mort dans un accident d'avion en août de son allié, le candidat du PSB Eduardo Campos, cette transfuge du PT avait déclenché un tsunami dans les sondages, au point d'être largement donnée victorieuse sur Mme Rousseff en cas de second tour.

Mais elle a peu à peu été rattrapée puis dépassée par Mme Rousseff. Avant de voir revenir sur ses talons le sénateur Neves, tous deux poussés par les puissantes machines électorales de leurs partis de gouvernement.

Dilma Rousseff virerait largement en tête du premier tour avec 40,6% et 46% selon les derniers sondages.

M. Neves finirait deuxième et éliminerait Mme Silva avec une légère avance : 24% contre 21,4% ou 27% à 26% contre 24% pour sa rivale, selon les instituts. Le phénomène Marina Silva et sa promesse de "nouvelle politique" en rupture avec le jeu des grands partis traditionnels, pourraient donc n'avoir été qu'un feu de paille.

Et le Brésil se dirigerait vers un second tour classique entre représentants des deux grands partis qui se partagent le pouvoir depuis 20 ans, le PT de Mme Rousseff et le Parti social-démocrate brésilien (PSDB) de M. Neves et de l'ancien président Fernando Henrique Cardoso (1995-2002). Mme Rousseff est également donnée favorite en cas de second tour. Mais elle risque de devoir affronter un front commun anti-PT entre ses deux grands rivaux du premier tour.

Le panorama de ces élections est bien différent de celles de 2010, remportées par Mme Rousseff et le PT dans l'euphorie finissante du miracle socio-économique des mandats de son prédécesseur et mentor Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010).

Le vent a tourné : quatre ans de croissance au ralenti jusqu'à l'entrée en récession au premier semestre, sur fond de poussée de l'inflation (6,5%) et de dégradation des comptes publics. Un maigre bilan contre-balancé par un taux de chômage historiquement bas (4,9%).

Le Brésil a également été ébranlé par la fronde sociale historique des Brésiliens en juin 2013, qui avaient manifesté en masse contre la corruption des élites et exigé une amélioration radicale de l'éducation, des hôpitaux et des transports publics.

Le PT au pouvoir a vu son image ternie par des scandales de corruption, dont celui des pots-de-vin versés par le géant étatique pétrolier Petrobras à des parlementaires de sa coalition parlementaire, qui a éclaté en pleine campagne.

Les plus pauvres et l'intelligentsia de gauche défendent l'héritage des programmes sociaux et de l'amélioration du niveau de vie des 12 années de gouvernement du PT de Mme Rousseff. Plus de 40 millions de pauvres ont rejoint la classe moyenne et ont accédé à la consommation depuis 2003, voyant leurs conditions de vie s'améliorer considérablement.

Les classes moyennes et aisées sont plus sensibles aux programmes économiques, similaires, de M. Neves et Mme Silva : autonomie de la Banque centrale, combat contre l'inflation, restauration de la confiance des investisseurs.

Les bureaux de vote fermeront à 17H00 (20H00 GMT). Grâce à un système de vote électronique, les premières tendances et résultats devraient être connus rapidement, environ deux heures plus tard.

Les trois favoris de la présidence voteront tôt le matin : Mme Rousseff à Porto Alegre (sud), M. Neves à Belo Horizonte (sud-est) et Mme Silva à Rio Branco (nord).

Source : AFP

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