Syrie: combats autour de Kobané, révulsion après la décapitation du Britannique

  • Des forces turques stationnées le 3 octobre 2014 près de la ville de Kobané d'où s'élève de la fumée
    Des forces turques stationnées le 3 octobre 2014 près de la ville de Kobané d'où s'élève de la fumée AFP - Bulent Kilic
  • Des fleurs en hommage à Alan Henning, déposées le 4 octobre 2014 à Eccles
    Des fleurs en hommage à Alan Henning, déposées le 4 octobre 2014 à Eccles AFP - Oli Scarf
  • Carte du monde indiquant le niveau d'engagement des partenaires du front contre l'Etat islamique
    Carte du monde indiquant le niveau d'engagement des partenaires du front contre l'Etat islamique AFP - L. Saubadu/J.Jacobsen
  • Le travailleur humanitaire britannique Alan Hennning, portant un enfant dans un camp de réfugiés à la frontière entre la Syrie et la Turquie, dans une photo fournie le 15 septembre 2014 par le Foreign Office Le travailleur humanitaire britannique Alan Hennning, portant un enfant dans un camp de réfugiés à la frontière entre la Syrie et la Turquie, dans une photo fournie le 15 septembre 2014 par le Foreign Office
    Le travailleur humanitaire britannique Alan Hennning, portant un enfant dans un camp de réfugiés à la frontière entre la Syrie et la Turquie, dans une photo fournie le 15 septembre 2014 par le Foreign Office Foreign office/AFP/Archives
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Centre Presse Aveyron

Les forces kurdes appuyées par des raids américano-arabes ont résisté samedi aux attaques de jihadistes contre une ville clé en Syrie, après la révulsion suscitée dans le monde par la décapitation par le groupe Etat islamique (EI) d'un quatrième otage occidental.

Le Premier ministre britannique David Cameron a parlé d'un "acte odieux" et les Etats-Unis ont promis de continuer à combattre l'EI, à la suite de la diffusion vendredi par le groupe jihadiste d'une vidéo montrant l'assassinat d'Alan Henning en représailles aux frappes britanniques en Irak.

Dans ce dernier pays, les Etats-Unis sont aidés dans les raids contre l'EI par des avions britanniques et français. En Syrie voisine, ils sont rejoints par leurs alliés arabes qui frappent ces jihadistes notamment aux portes de Kobané (nord), à la frontière turque.

Les raids des avions de combat et des drones ont surtout visé les fronts sud et sud-est, à quelques kilomètres de Kobané (Aïn al-Arab en arabe), la troisième ville kurde de Syrie que l'EI tente de prendre depuis le 16 septembre, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), en faisant état de cinq jihadistes tués.

L'armée américaine a confirmé quatre frappes autour de Kobané et cinq à Raqa et Hassaké (nord) où selon l'ONG 30 combattants de l'EI ont aussi péri.

En France, plusieurs milliers de Kurdes ont manifesté à Paris et Marseille (sud) pour exprimer leur soutien aux "résistants" défendant la ville et demander des armes pour les combattants kurdes.

- "Aïd à Kobané" ? -

Sur le terrain, les combats se concentrent au sud de Kobané où l'EI tente de s'emparer d'une colline stratégique qui lui donnerait accès à cette ville défendue par les Unités de protection du peuple (YPG, la principale milice kurde) et des rebelles syriens, d'après l'OSDH.

"Les jihadistes disaient qu'ils feraient leurs prières de l'Aïd (al-Adha) à Kobané mais pour l'instant ils ne sont pas entrés dans la ville", a rapporté un militant sur place, Mustafa Ebdi, en allusion à la fête musulmane célébrée de samedi à mardi.

La prise de Kobané permettrait à l'EI de contrôler sans discontinuité une longue bande de territoire à la frontière turque. Du poste-frontière turc de Mursitpinar tout proche, une journaliste de l'AFP pouvait voir les tirs d'obus sur la ville.

"Nous avons des proches là-bas, c'est pour cela que nous sommes là. Bien sûr, on ne peut pas faire grand-chose mais nous voir ici leur remonte le moral", lance Mahmut Cokmez, un Kurde, près du poste-frontière.

Des soldats turcs se sont déployés sur les collines, certains dirigeant leur fusil vers la ville syrienne, d'autres scrutant l'horizon avec des jumelles. Après le feu vert donné par le Parlement turc pour une intervention militaire contre l'EI en Syrie et en Irak, le président Recep Tayyip Erdogan a menacé de représailles si l'EI attaquait le tombeau d'un dignitaire ottoman situé en territoire syrien mais sous souveraineté turque.

Dans ce contexte, le vice-président américain Joe Biden s'est excusé samedi auprès du président turc pour des propos suggérant qu'Ankara et d'autres puissances régionales avaient financé et armé des groupes jihadistes en Syrie.

- "Organisation barbare" -

Selon le même scénario que les trois précédentes décapitations d'otages occidentaux, la vidéo de l'EI montre l'exécution d'Alan Henning, 47 ans, un chauffeur de taxi britannique enlevé en décembre alors qu'il accompagnait un convoi humanitaire en Syrie.

A la fin de la séquence intitulée "Nouveau message à l'Amérique et à ses alliés", l'EI présente un autre otage américain, Peter Kassig, et menace de le tuer.

L'épouse d'Alan Henning s'est déclarée, elle et ses deux enfants, "accablée de douleur", alors que les parents de Peter Kassig ont imploré ses ravisseurs de "faire preuve de compassion et de libérer" leur fils.

Le père, Ed Kassig, révèle dans une vidéo que son fils, qui avait fondé une organisation d'aide pour les Syriens, avait disparu en Syrie le 1er octobre 2013. Il précise que son fils s'était converti à l'islam.

"Nous allons utiliser tous nos moyens (...) pour vaincre cette organisation impitoyable, insensée et barbare", a martelé David Cameron, alors que des centaines de manifestants ont protesté à Londres contre les frappes en Irak.

L'Union européenne a condamné une "nouvelle illustration de la stratégie de terreur de l'EI", qui avait déjà décapité depuis fin août deux journalistes américains et un humanitaire britannique enlevés en Syrie.

En Irak, où les Etats-Unis ont poursuivi leurs frappes, l'armée aidée de tribus sunnites et de milices chiites a gagné du terrain au nord de Bagdad en reprenant 80% de la ville de Doulouiya, mais en a perdu à l'ouest de la capitale.

Fort de dizaines de milliers d'hommes recrutés sur place et à l'étranger, notamment en Occident, l'EI a profité de la guerre civile en Syrie et de l'instabilité en Irak pour s'emparer de larges pans de territoires dans ces deux pays.

Source : AFP

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