Sarkozy tente de transformer en atout ses épreuves judiciaires

  • L'ex-président Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de l'UMP, lors d'un meeting à Vélizy dans les Yvelines, le 6 octobre 2014
    L'ex-président Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de l'UMP, lors d'un meeting à Vélizy dans les Yvelines, le 6 octobre 2014 AFP - Stephane de Sakutin
  • L'ex-président Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de l'UMP, lors d'un meeting à Vélizy dans les Yvelines, le 6 octobre 2014
    L'ex-président Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de l'UMP, lors d'un meeting à Vélizy dans les Yvelines, le 6 octobre 2014 AFP - Stéphane de Sakutin
Publié le
Centre Presse Aveyron

Face aux obstacles judiciaires qui hérissent le chemin de son retour en politique, Nicolas Sarkozy, parti à la conquête de la présidence de l'UMP, rejoue la carte de la victimisation, naguère payante pour lui.

"Jamais dans notre Histoire, un homme public n'a été autant ciblé et visé", a dramatisé mardi l'eurodéputé Brice Hortefeux, très proche de l'ex-président.

La veille, à Vélizy, lors de son troisième meeting de candidat, M. Sarkozy avait dénoncé: "la politique, ce ne peut pas être la boue tout le temps".

Comme il l'a fait à Lambersart (Nord), puis près de Troyes, il a détaillé les épreuves subies.

Par exemple les épisodes de l'affaire Bettencourt ("22 heures d'interrogatoires et de confrontations, 4 perquisitions...") qui s'est achevée pour lui par un non lieu.

"Qui me rendra mon honneur?", a-t-il à nouveau martelé. "Nous, nous!" a répondu son public conquis, qu'il a fait rire en lançant: "si l'on n'a vraiment que moi comme délinquant, vous pouvez laisser vos enfants sortir".

Version troyenne: "S'il y a une agression à Troyes, c'est vrai que j'étais là, mais j’ai un alibi".

La veille, la justice a ouvert une nouvelle enquête liée à sa campagne élyséenne de 2012: après la proliférante affaire Bygmalion et ses soupçons de fausses factures, après une information sur son meeting de Toulon fin 2011, elle se penche sur la prise en charge par l'UMP de pénalités infligées au candidat Sarkozy pour dépassement du plafond de dépenses électorales.

Un problème qui avait surgi dès juin lors de la présentation des comptes certifiés - et plombés - de l'UMP. Certains avaient plaidé la solidarité du parti avec son champion, d'autres s'étaient interrogés sur la légalité de cette substitution. "Pas une affaire", a assuré M. Hortefeux, un simple "point de droit".

Transformer cette avalanche de mauvaises nouvelles en atout: c'est ce à quoi s'est efforcé M. Sarkozy dès qu'il est revenu dans l'arène politique, le 17 septembre.

- "Une force" -

En jouant sur deux cordes: d'un côté, son retour est bien la preuve qu'il a la conscience tranquille, de l'autre, c'est parce qu'il est sorti du bois qu'on l'attaque. "Si on voulait que je reste tranquille dans mon coin, il ne fallait pas agir comme ça", a-t-il lancé sans préciser qui était ce "on".

Autre argument du camp sarkozyste: ces épreuves tremperont la volonté du candidat. "Cela a beaucoup renforcé ma détermination", a lancé le vainqueur de 2007, vaincu de 2012.

"Ce sera une force pour Nicolas Sarkozy auprès des Français", a renchéri M. Hortefeux. "Finalement, jamais quelqu'un n'aura été autant examiné et finalement aussi transparent".

Les adversaires de M. Sarkozy - pour le scrutin à l'UMP du 29 novembre ou pour 2017 - sont prudents, ce qui ne les empêchent pas de lancer quelques fléchettes. Notamment en assurant avoir connu de bonne heure Bygmalion, dont M. Sarkozy dit avoir découvert le nom après la présidentielle.

"Je ne veux, dans cette campagne, pas un mot de la part de mes soutiens sur les affaires financières", a exhorté lundi Bruno le Maire, un des trois postulants à la présidence du parti, en meeting lui aussi dans les Yvelines.

La position de victime, M. Sarkozy l'a connue dans les méandres de l'affaire Clearstream où son nom avait ajouté frauduleusement. Il en était sorti blanchi et vainqueur.

Pour le politologue Philippe Braud, cette position "est payante dans une culture politique de gauche: victime de l'exploitation, du capitalisme... Dans une culture politique de droite, qui insiste sur la responsabilité individuelle, elle l'est moins".

Sauf, nuance-t-il, "si on se dit victime d'une force suscitant la méfiance: fisc, justice..."

"Cela marchera chez +les fans+ de l'UMP, ceux qui sont les plus sensibles au charisme du candidat", mais avertit-il, "plus on s'éloigne du cœur de cible, moins cela risque d'être payant".

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?