La "Jeanne d'Arc" effectue son dernier voyage, pour être "déconstruite"

  • Le navire-école de la Marine, la "Jeanne d'Arc", quitte la base navale de Brest, le 11 octobre 2014
    Le navire-école de la Marine, la "Jeanne d'Arc", quitte la base navale de Brest, le 11 octobre 2014 AFP - Fred Tanneau
  • Le navire-école de la Marine, la "Jeanne d'Arc", quitte la base navale de Brest, le 11 octobre 2014
    Le navire-école de la Marine, la "Jeanne d'Arc", quitte la base navale de Brest, le 11 octobre 2014 AFP - Fred Tanneau
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Centre Presse Aveyron

Le mythique navire-école de la Marine, la "Jeanne d'Arc", a entamé samedi son dernier voyage depuis Brest jusqu'à Bordeaux où il sera "déconstruit", mettant définitivement un terme à sa longue carrière d'ambassadeur de la France sur les mers du globe.

Sur la route qui longe la base navale de Brest, des dizaines de personnes ont assisté samedi au départ. "J'étais sur son escorteur dans les années 80, la Jeanne c'était la maman qui nous accompagnait partout, qui nous a permis de découvrir le monde", se souvient avec émotion un ancien marin.

Considéré depuis son désarmement en 2010 comme une simple coque, l'ancien porte-hélicoptère a quitté en début d'après-midi la base navale de Brest pour Bassens, près de Bordeaux, où il sera démantelé par Veolia Propreté.

Construite à l'arsenal de Brest de 1959 à 1964, la "vieille dame", comme l’appelaient affectueusement les marins, était en pré-retraite depuis 2004.

Un remorqueur va tracter la coque de 181 mètres jusqu'à Bassens, un voyage de 48 heures, dernière chance d'apercevoir ses lignes racées.

"C'est un bateau très, très esthétique, qui a toujours eu une silhouette moderne malgré son âge", juge Bernard Prézelin, auteur de l'annuaire naval de référence "Flottes de combat", rappelant le "rôle d'ambassadeur" du navire.

Durant ses 46 ans de carrière, la Jeanne d'Arc a effectué 800 escales, sillonné 84 pays et parcouru 3,25 millions de kilomètres, soit l'équivalent de 79 tours du monde. Elle a en outre formé des milliers d'élèves officiers.

"Les souvenirs que j'ai de ce bateau, c'est tout juste grandiose", témoigne avec émotion le capitaine de frégate Didier Nyffenegger, chef mécanicien à bord de la Jeanne lors de ses deux dernières années de service.

"J'ai dû faire baver quelques officiers de marine sur cette affectation puisqu'il y avait quand même beaucoup de volontaires pour tenir ce dernier poste sur ce bateau tout à fait mythique", se souvient-il avec amusement.

"Les gens nous attendaient sur les quais et on était reçus en grande pompe, comme de vrais ambassadeurs", assure à l'AFP le marin désormais à la retraite.

- Missions humanitaires -

Réputée pour le faste de ses réceptions aux escales, la Jeanne n'en était pas moins un navire de guerre, qui s'est illustré dans bon nombre de missions humanitaires.

Armé de six missiles Exocet, canons et mitrailleuses et pouvant transporter jusqu'à 10 hélicoptères, le bâtiment participe à la libération des otages du voilier de croisière Ponant en avril 2008.

Il participe également à l'opération humanitaire après le tsunami à Sumatra, qui fit 200.000 morts, essentiellement en Indonésie, en décembre 2004. Il achemine 70 tonnes de fret humanitaire, tandis que l'équipe médicale du navire vaccine en quelques semaines près de 9.000 enfants.

En 1988, l'équipage de la Jeanne récupére une quarantaine de "boat people", entassés dans un bateau de rivière à la dérive en pleine mer de Chine.

Depuis son retrait du service actif, ses missions sont assurées par trois BPC (bâtiments de projection et de commandement) de la Marine où la formation des élèves officiers se fait désormais dans un contexte opérationnel.

Lors du désarmement de la Jeanne, quelques-unes de ses pièces ont été confiées à des musées et des villes, comme Brest, son port d'attache, ou Rouen, ville marraine, qui a hérité d'une ancre.

Après la Jeanne, ce sera au tour de l'ancien croiseur Colbert d'effectuer à l'été 2015 son dernier voyage depuis Brest vers Bordeaux pour y être "déconstruit".

Jusqu’au début des années 2000, les anciennes coques de la Marine, servaient de cibles de tirs. Prenant notamment en compte l’évolution de la réglementation internationale sur les immersions, la Marine a pris l’option de la déconstruction.

"L'objectif, c'est dans les cinq ans à venir d'avoir +déconstruit+ les navires les plus anciens (...), ensuite la +déconstruction+ représentera un marché d'environ 10.000 tonnes par an, soit environ 10 millions d'euros", a expliqué au départ de la Jeanne le vice-amiral Hubert Jouot, chargé de la "déconstruction" des navires à l'Etat-major de la Marine.

Source : AFP

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