A Kaboul, les mariages collectifs anti "bling bling" ont le vent en poupe

  • Des couples à leur arrivée à un  mariage collectif célébré le 10 octobre 2014 dans la banlieue de Kaboul
    Des couples à leur arrivée à un mariage collectif célébré le 10 octobre 2014 dans la banlieue de Kaboul AFP - Wakil Kohsar
  • Des couples lors d'un mariage collectif célébré le 10 octobre 2014 dans la banlieue de Kaboul
    Des couples lors d'un mariage collectif célébré le 10 octobre 2014 dans la banlieue de Kaboul AFP - Wakil Kohsar
  • Un couples lors d'un  mariage collectif célébré le 10 octobre 2014 dans la banlieue de Kaboul
    Un couples lors d'un mariage collectif célébré le 10 octobre 2014 dans la banlieue de Kaboul AFP - Wakil Kohsar
  • Des couples lors d'un  mariage collectif célébré le 10 octobre 2014 dans la banlieue de Kaboul
    Des couples lors d'un mariage collectif célébré le 10 octobre 2014 dans la banlieue de Kaboul AFP - Wakil Kohsar
Publié le
Centre Presse Aveyron

La foule applaudit quand une centaine de couples entrent en cortège, les hommes en costume noir, les femmes en sobre robe blanche, des fleurs rouges à la main. A Kaboul, les mariages collectifs ont le vent en poupe chez les jeunes couples qui n'ont pas les moyens des fastes réceptions devenues la norme.

"Bénie soit la femme qui peut être entretenue facilement", peut-on lire sur une pancarte à l'entrée de la salle, insistant sur les temps difficiles d'aujourd'hui pour les porte-monnaie des Afghans.

"Dans notre quartier, seules les unions abordables sont autorisées", souligne un autre encart, accueillant les invités de ces mariages "low cost". Dans la salle, pas de danse, mais des spectacles avec des blagues, des poèmes, des chansons interprétées par des gamines vêtues en demoiselles d'honneur.

"Mettez-y toute votre énergie et applaudissez plus fort afin qu'ils puissent tous entrer en même temps. Nous ne voulons pas de second tour d'applaudissements comme le second tour aux élections", plaisante le maître de cérémonie sur la scène en faisant allusion à la présidentielle afghane qui a fait l'objet d'une impasse politique de plusieurs semaines cet été et nécessité l'intervention du secrétaire d'Etat américain John Kerry.

"Cette fois, il n'y aura pas de John Kerry pour résoudre vos problèmes!", ironise-t-il.

En Afghanistan, les mariages extravagants ont été interdits sous les talibans, au pouvoir de 1996 à 2001. Mais après la chute du régime fondamentaliste, des milliards de dollars ont inondé l'économie et le mariage est devenu une véritable industrie, imposant l'idéal des cérémonies coûteuses et "bling bling".

Mais si ces fastes sont abordables pour les nouveaux riches, ils asphyxient les jeunes couples peu fortunés ou les forcent à reporter leurs noces de plusieurs années.

D'immenses salles privées sont sorties de terre pour accueillir les mariés venant en limousine et leurs centaines d'invités. A Kaboul aujourd'hui, un mariage du genre peut coûter entre 10.000 et 20.000 dollars (8.000 et 16.000 euros), équivalent d'une quinzaine d'années de labeur pour la plupart et donc inaccessible.

Mais avec les mariages collectifs, un phénomène nouveau en Afghanistan mais commun dans plusieurs pays d'Asie, ce sont des organisations caritatives religieuses, comme Abul Fazel, qui règlent la note grâce aux donations.

- "Cessez de dépenser de fortunes!" -

"Je suis fiancé depuis deux ans, mais je n'avais vraiment pas les moyens de payer une grosse réception de mariage. Puis j'ai entendu parler de cette organisation par les médias. Je me suis inscrit et aujourd'hui, je me marie!", se délecte Mujtaba Rahimi, 24 ans, un journaliste, assis à côté de sa promise.

Ces mariages ont lieu dans une grande salle où hommes et femmes sont séparés par une haie de panneaux divisant la salle en deux. Tous ont vue sur la scène où se déroulent les cérémonies et spectacles. Ce jour-là, le mariage collectif a commencé à 9h pour s'achever à 14h30.

"Ce n'est pas une réception extravagante, c'est plus spirituel. J'espère que davantage de couples vont se marier de cette façon et que cela va devenir la norme en Afghanistan", ajoute Mujtaba.

En Afghanistan, l'un des pays les plus pauvres du monde et qui dépend beaucoup de l'aide étrangère, les jeunes hommes payent la cérémonie de mariage, les bijoux de la future épouse et la dot pour la famille.

Pour Moussa, 29 ans, "les cérémonies, hors de prix empêchent les gens de se marier". Ce jeune fonctionnaire en sait quelque chose, fiancé depuis trois ans faute d'avoir assez d'argent pour passer la bague au doigt de sa promise. Il plaide pour la généralisation des mariages collectifs pour "cesser de faire dépenser aux familles des fortunes pour une seule soirée".

Et le bonheur est partagé par les épouses. "Je suis très heureuse de me marier aujourd'hui. J'espère que ce genre de mariage va se perpétuer pour que les jeunes couples puissent bien démarrer leur nouvelle vie", dit Fatima, une jeune femme timide de 19 ans, le visage caché par son voile.

La cérémonie collective de ce jour-là a coûté environ 66.000 dollars (52.000 euros), chiffre Hassan Nazeem, un responsable de l'organisation caritative musulmane Abul Fazel. Au total, quelque 3.000 invités ont participé. Et une centaine de couples ont uni leur destinée pour une fraction du prix des fastueuses cérémonies.

"Nous avons décidé d'organiser ces mariages collectifs après avoir remarqué que les coûts élevés des cérémonies handicapent les jeunes", explique-t-il en précisant qu'il s'agit d'aider les familles pauvres.

Son organisation fait la publicité pour ces mariages collectifs dans les mosquées et via les patriarches des quartiers, afin aussi d'éviter que la jeunesse afghane ne soit tentée par le péché.

Sayed Baqir Kazimi, un autre responsable de l'organisation, voit un autre avantage dans les unions collectives: en permettant à plus d'hommes de se marier, ils les éloigneraient des tentations "immorales" telles que les relations hors mariage ou les viols.

Et la demande pour ce nouveau type de cérémonie explose. Un premier mariage collectif avait réuni 44 couples, un second, vendredi dernier, une centaine. "Et là, nous avons déjà 200 couples sur la liste d'attente", se réjouit M. Hassan.

Source : AFP

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