Cambodge: procès pour génocide contre les ex-dirigeants khmers rouges

  • L'idéologue du régime khmer rouge, Nuon Chea (c), 88 ans, au tribunal de Phnom Penh, le 17 octobre 2014 au Cambodge
    L'idéologue du régime khmer rouge, Nuon Chea (c), 88 ans, au tribunal de Phnom Penh, le 17 octobre 2014 au Cambodge ECCC/AFP - Nhet Sok Heng
  • Le chef de l'Etat du "Kampuchéa démocratique" Khieu Samphan, 83 ans, au tribunal de Phnom Penh, le 17 octobre 2014, au Cambodge
    Le chef de l'Etat du "Kampuchéa démocratique" Khieu Samphan, 83 ans, au tribunal de Phnom Penh, le 17 octobre 2014, au Cambodge ECCC/AFP - Nhet Sok Heng
  • Portrait de Nun Chea et Khieu Samphan, condamnés à la perpétuité pour crime contre l'humanité en août 2014
    Portrait de Nun Chea et Khieu Samphan, condamnés à la perpétuité pour crime contre l'humanité en août 2014 AFP/Archives - A. Leung/G. Roma
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Centre Presse Aveyron

Un deuxième procès contre les deux plus hauts dirigeants khmers rouges encore vivants est entré vendredi dans le vif des accusations de "génocide" commis entre 1975 et 1979.

Déjà condamnés à vie en août pour crimes contre l'humanité par le tribunal de Phnom Penh parrainé par l'ONU, l'idéologue du régime Nuon Chea, 88 ans, et le chef de l'Etat du "Kampuchéa démocratique" Khieu Samphan, 83 ans, ont dû faire face mardi aux procureurs.

Cette première condamnation contre des hauts dirigeants du régime Khmer rouge n'a pas empêché l'ouverture parallèle, en juillet, de ce second procès. La procédure a été découpée en plusieurs "mini-procès", de crainte que les accusés ne meurent avant tout verdict.

"Les accusés vont maintenant affronter la justice pour les crimes les plus graves qui leur sont reprochés", a lancé vendredi le procureur Chea Leang en déclarations liminaires.

Nuon Chea a indiqué qu'il ne répondrait à aucune question, Khieu Samphan devait faire une brève déclaration.

Quelque 300 survivants du régime ont manifesté devant le tribunal vendredi, demandant des compensations financières aux souffrances endurées.

"Nous sommes les parties civiles. Nous avons besoin de compensations individuelles", pouvait-on lire sur les feuilles de papier tenues par les manifestants.

Le témoignage d'un premier témoin est attendu pour le 27 octobre.

Les deux octogénaires, poursuivis pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, comparaissent depuis 2011 pour leur responsabilité dans la mort de deux millions de personnes, soit un quart de la population du Cambodge, d'épuisement, de maladie, sous la torture ou au gré des exécutions.

Le premier procès s'était concentré sur l'évacuation forcée des villes en application d'une utopie marxiste délirante visant à créer une société agraire, sans monnaie ni citadins.

Le deuxième procès est consacré au génocide des Vietnamiens et de la minorité musulmane des Chams. Entre 100.000 et 500.000 musulmans Chams auraient été tués, et 20.000 Vietnamiens.

Ce deuxième procès doit aussi aborder les mariages forcés et les viols commis dans ce cadre, ainsi que les crimes commis dans plusieurs camps de travail et prisons, dont S-21.

- Crimes "odieux" -

"La façon dont les Khmers rouges nous ont maltraités est trop odieuse pour être décrite avec des mots. Leur but était d'exterminer notre race", a déclaré à l'AFP Seth Maly, survivante cham de 64 ans, qui a perdu alors ses deux filles et ses parents.

Avant le découpage de la procédure, quatre anciens responsables étaient dans le box des accusés.

Mais la ministre des Affaires sociales du régime Ieng Thirith, considérée inapte à être jugée pour cause de démence, a été libérée en 2012. Son mari Ieng Sary, ancien ministre des Affaires étrangères, est décédé l'an dernier à 87 ans.

Le tribunal, critiqué pour ses lenteurs, avait avant eux condamné à la perpétuité Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav, chef de la prison de Phnom Penh S-21, où 15.000 personnes ont été torturées avant d'être exécutées près de la ville.

Un porte-parole de la cour a estimé que ce deuxième procès devrait se poursuivre jusqu'en 2016.

Source : AFP

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