Jour J pour le Goncourt avec un verdict à suspense

  • L'écrivain algérien Kamel Daoud, le 27 octobre 2014 à Marseille
    L'écrivain algérien Kamel Daoud, le 27 octobre 2014 à Marseille AFP/Archives - Bertrand Langlois
  • L'écrivain français David Foenkinos, le 3 novembre 2014 à Paris
    L'écrivain français David Foenkinos, le 3 novembre 2014 à Paris AFP - Stephane de Sakutin
  • Drouant, à Paris, où sont délivrés les prix Renaudot et Goncourt
    Drouant, à Paris, où sont délivrés les prix Renaudot et Goncourt AFP/Archives - Jacques Demarthon
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Centre Presse Aveyron

Jour J pour le Goncourt, le plus connu des prix littéraires français et le plus convoité : jamais le suspense n'a été aussi intense pour départager les quatre prétendants, dont l'Algérien Kamel Daoud et le populaire David Foenkinos. Verdict à la mi-journée.

Si Kamel Daoud était couronné pour "Meursault, contre-enquête" (Actes Sud), ce serait le premier Algérien à décrocher ce Graal. Un "miracle" qui "serait un message fort adressé aux francophones qui ont réussi à autonomiser la langue française", relève l'auteur.

Ce sacre interviendrait 60 ans après le début de la guerre d'Algérie, le 1er novembre 1954, alors que les relations franco-algériennes restent hypersensibles.

Le chroniqueur à la plume acerbe du Quotidien d'Oran donne la parole au frère de "l'Arabe" anonyme, tué par Meursault dans "L'Etranger" d'Albert Camus (1942).

Dans la foulée du Goncourt, sera décerné le Renaudot qui compte cinq finalistes, dont la mégastar Amélie Nothomb, traduite dans une quarantaine de langues et dans les meilleures ventes chaque année en France. Elle est en lice avec son 23e roman, "Pétronille" (Albin Michel), fresque picaresque dont les héros sont le champagne, la France et l'amitié.

Depuis 1914, c'est au restaurant Drouant, au coeur de Paris, que sont annoncés les lauréats des deux prix, dans l'effervescence médiatique.

Célèbre dans le monde entier, le Goncourt reste la consécration suprême pour un auteur mais aussi un jackpot pour le lauréat et son éditeur, avec en moyenne 400.000 ventes à la clé pour le roman barré du célèbre bandeau rouge, cadeau de Noël par excellence. Les traductions sont aussi généralement en hausse.

Ainsi, le Goncourt 2013, "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaitre, tiré initialement à 30.000 exemplaires, s'est écoulé à ce jour à 620.000 (Canada compris), après 21 réimpressions, précise à l'AFP Albin Michel. "Le Goncourt a bouleversé ma vie", reconnaît l'écrivain.

- La Shoah et le fantôme de Camus -

Mercredi, le lauréat ne sera vraiment connu, même au sein du jury Goncourt - les "dix couverts" qui délibèrent en déjeunant -, qu'au dernier moment. "Il faut la majorité absolue pour l'emporter, et c'est le plus souvent à une voix près", rappelle l'un des jurés.

Néanmoins, les critiques parient sur deux favoris : David Foenkinos et Kamel Daoud, auteur à 44 ans de ce premier roman virtuose, qualifié de "réussite exceptionnelle" et de "grand livre".

"Meursault, contre-enquête" est une méditation sur l'identité algérienne au travers du récit du frère de "l'Arabe" de Camus, désireux de redonner une histoire à ce mort anonyme. Avec, en contrepoint, l'histoire récente de l'Algérie, associée à une critique féroce de sa politique actuelle et du conservatisme religieux, "le mal du monde arabe", dit Kamel Daoud.

Si le jury sacrait ce roman exigeant, paru d'abord en Algérie - ce qui serait une autre première -, il jouerait la carte de la révélation d'un écrivain.

Son éditeur, Actes Sud, a déjà remporté en 2012 le Goncourt avec Jérôme Ferrari. Près de 40.000 exemplaires de "Meursault, contre-enquête" ont été imprimés à ce jour.

Dans un registre différent, mais avec une ferveur touchante, David Foenkinos est en lice pour le Goncourt et le Renaudot. Dans "Charlotte" (Gallimard), l'auteur de "La Délicatesse", best-seller porté à l'écran, rend un vibrant hommage à la jeune artiste Charlotte Salomon, assassinée à Auschwitz en 1943, dans un long chant narratif en vers libres.

Si l'auteur de 40 ans à l'allure juvénile décrochait le Goncourt, Gallimard ferait coup double, après le Nobel de Patrick Modiano. "Charlotte", déjà tiré à 160.000 exemplaires, garantirait un "très bon Goncourt" en termes de ventes.

Les Goncourt pourraient aussi choisir de sacrer une femme : Lydie Salvayre, avec "Pas pleurer" (Seuil), roman sur la guerre civile d'Espagne. Elle y entrelace la voix de l'écrivain Georges Bernanos et celle de sa mère, ex-réfugiée espagnole, l'universel et le particulier, le français et l'espagnol, mêlés dans une langue hybride, le "fragnol".

Quant à Pauline Dreyfus, elle raconte dans "Ce sont des choses qui arrivent" (Grasset), la Seconde guerre mondiale, du côté des aristocrates avec en filigrane la persécution des Juifs.

La dernière lauréate du Goncourt a été Marie N'Diaye en 2009.

Source : AFP

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