Les aides à domicile dans une précarité poussée à l’extrême

  • En Aveyron, on compte 1500 salariés dans ce secteur du service à la personne, dont la moitié employés à temps partiel.
    En Aveyron, on compte 1500 salariés dans ce secteur du service à la personne, dont la moitié employés à temps partiel. Didier Labertrandie
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Didier Labertrandie

Social. Alors que les services à la personne sont appelés à croître considérablement en Aveyron, la CGT dénonce des conditions de travail et des salaires indécents, causes de cas de maltraitance passive.

Souffrance au travail, stress, accidents domestiques ou de la circulation, burn out, temps partiels, et tout ça pour des salaires de misère… Tel est le tableau noir dressé par les représentantes du syndicat CGT, majoritaire chez les aides à domicile. Et, conséquence directe de cette précarité poussée à l’extrême, des cas de maltraitance passive à répétition parmi les personnes aidées.

En Aveyron, on compte 1500 salariés dans ce secteur du service à la personne, dont la moitié employés à temps partiel, sur des postes à 99% occupés par des femmes. Avec un âge moyen d’entrée en invalidité dès 45 ans et un turn over conséquent. "C’est une profession où on s’use très vite car, malgré des conditions de travail très difficiles, on tient à bien remplir notre mission, jusqu’au jour où on craque, qu’on lâche ou qu’on se blesse", résume une auxiliaire de vie.

Si on y ajoute un fond de décor aveyronnais où les personnes aidées sont souvent isolées, très éloignées les unes des autres, et aux revenus trop faibles pour pouvoir se payer une place en maison de retraite, on mesure combien toutes les conditions sont réunies pour que cette profession se retrouve dans une situation extrêmement pénible. Voilà ce que ne cesse de dénoncer le syndicat CGT, représenté hier par Marie-Lyne Cavaillé, de la fédération nationale CGT en charge du secteur de l’aide et du maintien au domicile, de Claudine Campan, secrétaire départemental pour cette branche professionnelle, et d’autres militantes élues déléguées du personnel en Aveyron. Des mandats qu’elles ont en outre beaucoup de difficulté à exercer pleinement en raison de la dispersion de leurs employeurs.

Une dispersion sciemment organisée, dénonce d’ailleurs la CGT, qui vise en particulier la responsabilité de l’ADMR (laquelle emploie 80% des aides à domicile en Aveyron à elle seule) et ses 52 associations locales gérées par des bénévoles. Le problème pointé par ce syndicat étant que chacune de ces associations locales est considérée comme le réel employeur, et ceci "contre toute évidence". Ce qui revient donc pour la CGT à "diviser pour mieux régner", tout en empêchant la mise en place d’une instance centrale telle que le CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) dont les prérogatives permettraient sûrement de réduire sinon stopper les abus dénoncés. Et alors que la situation démographique d’un département comme le nôtre devrait se traduire par un développement conséquent de cette profession, la CGT souligne qu’il est plus que temps de corriger le tir.

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