Jouyet en fâcheuse posture après les révélations du Monde

  • François Fillon, Jean-Pierre Jouyet et Nicolas Sarkozy, les protagonistes d'une nouvelle affaire qui place le secrétaire général de l'Elysée en fâcheuse posture
    François Fillon, Jean-Pierre Jouyet et Nicolas Sarkozy, les protagonistes d'une nouvelle affaire qui place le secrétaire général de l'Elysée en fâcheuse posture AFP/Archives - Kenzo Tribouillard, Pierre Andrieu, Eric Feferberg
  • L'ancien Premier ministre François Fillon avec celui qui était alors secrétaire d'Etat aux Affaires européennes dans son gouvernement, Jean-Pierre Jouyet, le 12 novembre 2008
    L'ancien Premier ministre François Fillon avec celui qui était alors secrétaire d'Etat aux Affaires européennes dans son gouvernement, Jean-Pierre Jouyet, le 12 novembre 2008 AFP/Archives - Gérard Cerles
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Centre Presse Aveyron

Les révélations de journalistes du Monde sur une supposée intervention de François Fillon auprès de l'exécutif contre Nicolas Sarkozy placent Jean-Pierre Jouyet en fâcheuse posture en dépit du refus affiché du gouvernement de s'immiscer dans les affaires judiciaires.

En démentant jeudi auprès de l'AFP les informations du journaliste du Monde selon lesquelles François Fillon lui aurait demandé d'intervenir pour accélérer les procédures judiciaires visant Nicolas Sarkozy, le secrétaire général de l'Elysée s'est peut-être tiré une balle dans le pied.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme, auteurs de "Sarkozy s'est tuer" (éd. Stock), ont en effet enregistré avec son assentiment la conversation qu'ils ont eue avec ce proche collaborateur de François Hollande. Ils maintiennent l'intégralité de leurs informations.

M. Fillon aurait ainsi dénoncé auprès de M. Jouyet le remboursement par l'UMP des pénalités liées au dépassement du plafond des dépenses de campagne de M. Sarkozy en 2012. Le ministère de l'Economie avait pourtant donné en novembre 2013 son aval au paiement par l'UMP, à la place de Nicolas Sarkozy, de pénalités pour dépassement de ses comptes de campagne, a révélé le Journal du dimanche.

François Fillon crie au "complot" et dément formellement avoir demandé à l'Elysée d'accentuer la pression sur M. Sarkozy.

L'ancien chef du gouvernement a bien déjeuné le 24 juin dans un restaurant près de l'Elysée avec M. Jouyet, et son ancien directeur adjoint de cabinet à Matignon, Antoine Gosset-Grainvillle.

Mais selon lui, "à aucun moment" ils n'ont évoqué au cours de ce "déjeuner amical" la question des pénalités financières infligées à M. Sarkozy et réglées par l'UMP.

M. Fillon va porter plainte en diffamation contre les journalistes du Monde et le quotidien.

C'est vers M. Jouyet, ancien secrétaire d'Etat d'ouverture (2007-2008) de Nicolas Sarkozy, que tous les regards se tournent.

- L'enregistrement à la disposition de la justice -

"Je ne peux pas imaginer François Fillon se livrer à une telle démarche (...) la seule personne aujourd'hui qui soit acteur de cette affaire, c'est M. Jouyet", a résumé Henri Guaino, député UMP proche de Nicolas Sarkozy.

"Évidemment, on ne peut pas en rester là, ils (les journalistes) vont produire cette bande (...) Je demande que la bande soit mise sur la table", a-t-il ajouté.

Mais les deux journalistes préfèrent à ce stade tenir cet enregistrement à la disposition de la justice et n'entendent "répondre à aucune injonction politicienne", ont-ils déclaré à l'AFP.

Quant à M. Jouyet, "qu'il s'explique et si les explications ne sont pas convaincantes, on ne peut pas en rester là", a prévenu l'ancien conseiller spécial de M. Sarkozy.

Pour lui, "c'est la majorité, le pouvoir qui ont intérêt" à relancer la guerre à droite. "M. Jouyet est au centre de cette opération", accuse Henri Guaino.

Sollicité par l'AFP, l'Elysée n'a pas souhaité réagir.

"C'est une affaire d'Etat s'il (M. Jouyet) a tenu ces propos: vous ne pouvez pas jeter des accusations de ce genre à la face de l'opinion sans avoir quelques preuves qui permettent de les étayer, ce n'est pas le rôle du secrétaire général de l'Elysée", a aussi accusé M. Guaino.

Ami proche de M. Hollande mais aussi ancien ministre de M. Sarkozy, Jean-Pierre Jouyet avait déjà commis des gaffes comme lorsqu'il avait annoncé lui-même la nomination de Jean-Marc Ayrault à Matignon en mai 2012. A la tête de la banque publique d'investissements (BPI), il avait aussi qualifié le site ArcelorMittal de Florang de "canard boiteux".

Cette affaire est d'autant plus regrettable pour la majorité qu'elle alimente les soupçons de "cabinet noir" à l'Elysée véhiculés par des proches de Nicolas Sarkozy. "C'est du pain bénit" pour l'ex-chef de l'Etat, soupire un proche de M. Hollande.

Cette affaire vient de surcroît jeter le soupçon sur la volonté de l'Elysée depuis 2012 de ne pas s'immiscer dans les procédures judiciaires. "Ce n'est pas la pratique du Président et du gouvernement, nous sommes attachés à la séparation des pouvoirs", a assuré sur RTL M. Ayrault.

Le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Matthias Fekl, a cependant expliqué sur France Inter qu'il était "incontestable" que "quand vous êtes au pouvoir, vous ayez toutes sortes de gens bizarres qui viennent vous demander des choses bizarres".

Source : AFP

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