Sénergues se mobilise pour remettre ses Poilus en lumière

Il y a un siècle, Sénergues comptait 1800 habitants (contre un peu moins de 500 aujourd’hui). Le 2 août 1914, 220 d’entre eux ont été mobilisés. Et 95% étaient des agriculteurs. Les céréales n’étaient pas à l’abri et ils pensaient être rentrés pour les vendanges. La Grande Guerre en a décidé autrement et, quatre ans plus tard, 109 ne sont pas revenus.

"Toute une génération a été sacrifiée et on se devait absolument d’avoir ce devoir de mémoire". Très sensible à "cette catastrophe humaine", c’est les yeux humides et des trémolos dans la voix que Jean-Claude Richard se penche sur cette période. Le 2e adjoint a proposé de réaliser une exposition pour le centenaire du début de la première guerre mondiale et il a œuvré pendant un an pour réunir tous les documents, rares pour la plupart, qui ornent les murs et plusieurs vitrines de la mairie depuis le 2 août 2014. Si aucune liste précise n’existe dans les archives officielles, les noms qui reviennent le plus souvent sont Mazars, Goudy, Delagnes, Fayel. "Des familles, telles que Coudon ou Boby, originaire de la vallée, ont complètement disparu, précise l’élu. La majorité sont tombés dans l’hexagone, mais aussi en Serbie et dans les Dardanelles".

Soutenu, "vivement encouragé" même, par le maire Paul Goudy, Jean-Claude Richard s’est intéressé à tous les disparus à partir de la liste gravée sur le monument aux morts, sur le site Mémoire des hommes. Par nom, avec une recherche ouverte sur le département et recentrée ensuite sur Sénergues. Il en a recensé 90 sur la commune, sachant que d’autres figurent sur les monuments à Saint-Cyprien, Almont-les-Junies, Conques, Espeyrac ou à Paris. "Ça me tenait à cœur. C’était important de rendre hommage à tous ces gens-là", insiste le 2e adjoint. Grâce aussi, par exemple, à Odette Rouquette qui a contacté les familles, lesquelles ont mis à disposition des objets à forte valeur sentimentale, ou à Éliane Catusse, ancienne présidente de l’association Vallon de cultures à Marcillac, qui a prêté des photos en 3D sur des plaques de verre, cette exposition regorge de trésors. Elle présente un autre intérêt: les documents sont restitués dans le contexte historique. Pour l’instant, Paul Goudy n’a pas tranché sur le devenir de cette exposition; le maire est concentré sur la cérémonie de demain matin. Jean-Claude Richard aussi mais il a pris ses précautions: la totalité de ses recherches et le fruit de son travail sont sauvegardés sur son ordinateur, sur une clé USB et sur un disque dur externe. "Après nous, ils feront ce qu’ils voudront !", conclut le 2e adjoint à Sénergues.