Infarctus : «Prendre au sérieux les signes avant-coureurs»

  • «Souvent, les sportifs ne savent pas qu’ils souffrent d’une cardiomyopathie.»
    «Souvent, les sportifs ne savent pas qu’ils souffrent d’une cardiomyopathie.» Jean-Louis Bories
Publié le
Mathieu Roualdés

Santé. Le décès soudain d’un jeune footballeur amateur (32 ans) suite à un arrêt cardiaque a suscité l’émotion de tous, rappelant que la pratique sportive n’était pas sans risque. Entretien avec le docteur Jean-Paul Viguier, cardiologue retraité et ancien président du Stade Ruthénois football.

Le décès soudain d’un jeune footballeur amateur (32 ans) suite à un arrêt cardiaque a suscité l’émotion de tous, rappelant que la pratique sportive n’était pas sans risque. Entretien avec le docteur Jean-Paul Viguier, cardiologue retraité et ancien président du Stade Ruthénois football. 

La pratique sportive peut-elle un facteur aggravant des accidents cardiaques ?

«Non, elle peut être un facteur déclenchant voire révélateur. Dans ces cas de morts subites, il faut bien distinguer deux causes: soit il s’agit d’un infarctus du myocarde à partir d’un certain âge, la trentaine, soit d’une maladie de naissance du muscle cardiaque, les cardiomyopathies. Ce second cas de figure était par exemple à l’origine du décès de Marc-Vivien Foé (footballeur camerounais décédé à 28 ans lors de la coupe des confédérations en 2003, NDLR). Il est souvent très difficile à détecter car pour cela, il faut avoir réalisé un électrocardiogramme. Souvent, les sportifs ne savent pas qu’ils souffrent d’une cardiomyopathie.»

Comment prévenir ces accidents ?

«Tout d’abord, il faut lutter contre de nombreux facteurs de risques, comme le cholestérol ou bien le tabac par exemple. Ce dernier est la plupart du temps en cause lors des infarctus. Ensuite, si on pratique du sport intensif, il faut absolument se soustraire à un bilan cardiaque. Les professionnels le réalisent et cela sert souvent à prévenir. De nombreux joueurs ont arrêté le football après cela et c’est tant mieux car ils auraient pu mourir sur une pelouse. D’ailleurs, j’ai connu dans mon expérience personnelle, un jeune joueur à qui on avait donné le droit d’exercer du sport en dépit d’une maladie du cœur de naissance. Il est décédé lors d’un match en cadet...»

 Existe-t-il des signes avant-coureurs ?

«Oui. Un essoufflement anormal, des crises de tachycardie, des palpitations anormales ou des douleurs thoraciques sont des signes avant-coureurs. Il ne faut absolument pas les prendre à la légère et consulter. Car j’ai vu de nombreuses personnes dire «ça passera», le cacher à leur entourage et faire un infarctus quelques jours après.»

 Le football est-il davantage exposé que d’autres sports ?

«Non. C’est tout simplement qu’il y a énormément de licenciés en football donc, de facto, davantage d’accidents. Cela reste tout de même un sport qui demande beaucoup d’efforts violents. Mais tous les sports sont exposés si ce n’est la marche à pieds ou bien le golf.»

Quels sont les réflexes à avoir en cas d’accident d’un tiers ?

«Il y a trois choses à faire. Si le malaise est grave avec un arrêt cardiaque, où le patient n’a plus conscience et plus de pouls, il faut tout d’abord appeler les secours au plus vite. Ensuite, il faut réaliser un massage cardiaque au rythme de 100 compressions par minute sur la cage thoracique. Puis, s’il y a un défibrillateur à portée, il ne faut pas hésiter à s’en servir! Il faut savoir que ces appareils sont intelligents si on peut dire et fonctionnent pratiquement seuls. Alors, même sans formation médicale, on est en droit de l’utiliser.»

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