Monument de la Victoire : l'oeuvre polémique de Denys Puech

  • Le monument a changé plusieurs fois de place depuis son inauguration, le 28 juin 1925.
    Le monument a changé plusieurs fois de place depuis son inauguration, le 28 juin 1925. Repro CP
Publié le , mis à jour
J.M.Cosson

Histoire. Déplacé au fil de l’évolution urbaine, le monument de la Victoire sculpté par Denys Puech s’élance désormais dans l’espace rénové du jardin du Foirail. Il vit, aujourd’hui, sa première cérémonie officielle à cet emplacement.

Dès la fin des combats, qui firent plus de quatre cents morts parmi la population ruthénoise, la ville de Rodez désire qu’un monument soit érigé pour célébrer la Victoire. Une assemblée générale des habitants composée des groupements de la Ville charge un comité d’accomplir cette œuvre, sachant que son implantation s’effectuerait en lieu et place de la statue de Samson, mais à la condition expresse que le jardin du square reste intact. Décision que le paysagiste se chargera vite d’oublier. Après avoir remisé le pauvre Samson au Foirail (il disparut sous l’Occupation, fondu par les Nazis), il n’hésite pas un seul instant. Sans prendre l’avis du comité, il fait attacher des cordes aux arbres de la place, que des ouvriers balancent en cadence jusqu’à les renverser en poussant un grand cri: «Aqui l’abès» !

Un lieu polémique

C’est à Denys Puech qu’échoit la réalisation du monument après avoir proposé gratuitement ses services, ce que certains ne manqueront pas de lui reprocher, voyant dans cette proposition le moyen le plus sûr de s’approprier la commande aux dépens de ses confrères. Critique à laquelle s’ajoutent le mauvais choix de l’emplacement et le contraste de mauvais goût qu’offre la beauté laiteuse du monument jurant sur le grès rose du vieil édifice religieux. "On ne peut s’empêcher de voir que le monument n’est point dans l’axe, ni par rapport à la façade qui se trouve derrière ni par rapport à l’avenue qui se trouve devant. Il apparaît comme un tableau fraîchement brossé, mais placé de guingois dans un cadre d’occasion trop grand, mal assorti, sans unité, trop ancien ou trop banal."

Inauguré par le ministre de la Marine

Quant à la composition maintes fois reprise de la maquette, elle fera dire au sculpteur "qu’on ne l’y reprendrait plus". Ce sera du reste sa dernière œuvre accordée à la ville. Finalement, après bien des revirements, le Monument de la Victoire est inauguré le 28 juin 1925, en présence du ministre de la Marine et ancien député de Saint-Affrique, Émile Borel. Entre-temps, la municipalité de Louis Lacombe a pris soin de planter une vingtaine de conifères tout autour, en guise de toile de fond.

Relégué au Foirail

Un demi-siècle plus tard, désormais habitués à sa présence, les Ruthénois claqueront une fois de plus du bec quand la municipalité Boscary-Monsservin décide, en 1974, de rendre à la cathédrale sa perspective sur l’avenue Victor-Hugo et à la place d’Armes sa nudité originelle. Une fois encore, on fera place nette. Les conifères, taillés en pièce, on descend la Victoire de son piédestal avant de l’installer au Foirail. Quant aux socles portant les noms des soldats ruthénois disparus, ils sont remisés au centre technique municipal où ils se trouvent toujours. Pour le centenaire de 1914, la municipalité ruthénoise, dans le cadre du projet de rénovation urbaine du Foirail, décide dans un premier temps de déplacer la statue en bout de jardin, la faisant reposer désormais sur un socle en acier corten, après plusieurs mois de restauration.

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