Mexique: les parents des disparus redoublent leur pression

  • Des familles des étudiants mexicains disparus, en conférence de presse à Ayotzinapa, dans l'Etat de Guerrero le 12 novembre 2014
    Des familles des étudiants mexicains disparus, en conférence de presse à Ayotzinapa, dans l'Etat de Guerrero le 12 novembre 2014 AFP - Natividad Barrera
  • Des manifestantes brandissent les portraits des 43 étudiants mexicains disparus le 5 novembre 2014 à Mexico
    Des manifestantes brandissent les portraits des 43 étudiants mexicains disparus le 5 novembre 2014 à Mexico AFP/Archives - Yuri Cortez
  • Le siège du gouvernement régional à Chilpancingo, dans l'Etat de Guerrero, incendié par des manifestants, au Mexique, le 12 novembre 2014
    Le siège du gouvernement régional à Chilpancingo, dans l'Etat de Guerrero, incendié par des manifestants, au Mexique, le 12 novembre 2014 AFP - Pedro Pardo
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Centre Presse Aveyron

Les parents des 43 étudiants mexicains disparus depuis septembre entament jeudi une tournée dans le pays, gardant espoir malgré l'annonce d'un probable massacre et redoublant la pression sur le président, confronté à sa plus grave crise politique.

"L'objectif est de dire aux gens que nous continuerons d'exiger au gouvernement qu'il les trouve, que pour nous ils sont tous vivants et qu'il faut poursuivre les recherches", a expliqué à l'AFP Epifanio Alvarez, l'un de ces parents.

Trois colonnes de voitures partiront ce jeudi de l'école normale d'Ayotzinapa, où étudiaient les jeunes disparus, et iront dans différents points du pays, parcourant sept Etats avant d'arriver à Mexico le 20 novembre.

Il s'agit de "demander à la population son soutien pour trouver les jeunes", selon un membre du comité d'étudiants de l'école normale située à 290 kilomètres au sud de la capitale mexicaine.

Derrière cette initiative, une nouvelle manifestation de colère des parents, très critiques envers les recherches menées par les autorités depuis la disparition des élèves-enseignants le 26 septembre à Iguala, dans l'Etat de Guerrero (sud).

Elle fait suite à de nombreuses autres, de plus en plus violentes : mercredi, des enseignants mexicains radicaux ont incendié le Parlement de Guerrero et d'autres bâtiments administratifs.

Lundi, les protestataires avaient bloqué pendant plusieurs heures l'accès à l'aéroport international d'Acapulco, provoquant l'annulation de trois vols.

Mardi, ils avaient incendié le siège du parti gouvernemental dans la capitale du Guerrero, Chilpancingo, et pris en otage pendant plusieurs heures le numéro deux de la police régionale.

- "Insurrection civile" -

"La flamme de l'insurrection civile est allumée", assure Felipe de la Cruz, porte-parole du collectif.

La disparition de ces 43 étudiants, après une attaque conjointe de policiers municipaux et de narcotrafiquants ayant fait six morts, a provoqué la plus grave crise pour Enrique Peña Nieto depuis son accession à la présidence du Mexique en décembre 2012.

Mais, en dépit de l'émotion et de l'indignation créée par cette affaire au Mexique et dans le monde, le chef de l'Etat a maintenu sa tournée internationale cette semaine en Chine et en Australie à l'occasion des sommets de l'APEC et du G20.

En colère, les familles refusent de se ranger à l'explication officielle donnée par le ministre de la Justice, Jesus Murillo Karam.

Selon ce dernier, trois membres du gang Guerreros Unidos, arrêtés après les faits, ont avoué avoir fait brûler les corps sur un gigantesque bûcher pendant 14 heures avant de disperser les restes dans une rivière avoisinante.

Le ministre a estimé qu'il serait très difficile d'identifier les restes carbonisés qui ont été retrouvés, précisant qu'il n'est possible de réaliser des tests ADN que sur deux fragments d'os.

Les parents des étudiants s'accrochent, eux, à l'enquête menée à leur demande par des experts légistes argentins. Ces derniers ont communiqué mardi leurs premières conclusions, qui coïncide avec les conclusions des autorités mexicaines, selon lesquelles 24 des 39 corps extraits de fosses clandestines découvertes autour d'Iguala ne correspondent à aucun des étudiants disparus.

Le gouvernement, qui devait envoyer la nuit dernière les restes pouvant être identifiés à un laboratoire spécialisé de l'université d'Innsbruck, en Autriche, assure parallèlement que les recherches se poursuivent.

Il a signé mercredi un accord pour que commence un travail d'experts de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, dont le siège est à Washington, pour assister l'enquête mexicaine, une revendication des parents des disparus.

L'affaire, qui jette une lumière crue sur la collusion des autorités politiques et policières avec le crime organisé, a déjà eu quelques conséquences politiques, avec la démission du gouverneur de l'Etat de Guerrero puis celle, mercredi, du procureur général de l'Etat.

Source : AFP

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