Fillon demande l'enregistrement de Jouyet, la justice tranchera jeudi

  • François Fillon à Menton, le 14 novembre 2014
    François Fillon à Menton, le 14 novembre 2014 AFP - Valery Hache
  • Les journalistes du Monde, Fabrice Lhomme Gérard Davet (d), le 10 novembre 2014 à Paris
    Les journalistes du Monde, Fabrice Lhomme Gérard Davet (d), le 10 novembre 2014 à Paris AFP/Archives - Lionel Bonaventure
Publié le
Centre Presse Aveyron

La justice se prononcera jeudi sur la demande de François Fillon de récupérer l'enregistrement dans lequel Jean-Pierre Jouyet le met en cause, une démarche "vouée à l'échec" selon la défense des journalistes du Monde qui ont recueilli ces propos.

Dans cet enregistrement, dont l'AFP a pu écouter un extrait, le secrétaire général de l'Elysée raconte bien aux journalistes du Monde que François Fillon lui a demandé d'accélérer les procédures judiciaires contre Nicolas Sarkozy pour empêcher le retour de son rival, de "taper vite".

François Fillon conteste quant à lui fermement avoir fait une telle démarche et accuse M. Jouyet de "mensonge".

Le troisième homme présent aux fameux déjeuner, Antoine Gosset-Grainville, a quant à lui défendu la version de François Fillon, dont il a été directeur de cabinet adjoint à Matignon.

Lors d'une audience de référé (procédure d'urgence) vendredi, où siégeait le président du tribunal de grande instance de Paris Jean-Michel Hayat, la défense de M. Fillon a demandé la copie intégrale de cet enregistrement ou, à défaut, que le tribunal puisse transcrire les passages concernant M. Fillon.

Pour l'avocat de l'ancien Premier ministre, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, cette demande ne porte aucunement atteinte à la liberté de la presse et au secret des sources invoqués par la partie adverse.

En faisant écouter à d'autres médias des extraits de l'enregistrement, les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont eux-mêmes "pulvérisé la source", a-t-il soutenu, étrillant les deux journalistes qui ont "porte ouverte à l'Elysée et vont devenir les "mémorialistes" du quinquennat Hollande. "On a les Chateaubriand et les Saint-Simon qu'on peut", a-t-il glissé.

Le revirement de M. Jouyet, qui après avoir démenti a reconnu avoir affirmé que l'ex-Premier ministre a bel et bien évoqué devant lui les affaires judiciaires visant l'ancien chef de l'Etat, est "la preuve évidente" que le secrétaire général de l'Elysée "s'est fait piéger" par les journalistes, a estimé Me Versini-Campinchi.

"Le secret des sources n'est pas destiné à protéger les journalistes, mais à protéger la source", a renchéri sa consoeur Orly Rezlan, qui s'interroge sur le contexte dans lequel les propos de M. Jouyet ont été recueillis, s'ils ont été spontanés, s'il présentait les choses comme "une blague, comme une information de rien du tout".

- "Déplacer le scandale" -

Pour la défense des journalistes, la demande de M. Fillon est "vouée à l'échec". Selon Me Christophe Bigot, M. Fillon cherche à "instrumentaliser" le tribunal et à s'affranchir des règles de la loi sur la presse. Une loi selon laquelle les prévenus sont les seuls à pouvoir choisir les pièces pour leur défense.

Le secret des sources ne peut être rompu "qu'en cas d'impératif prépondérant d'intérêt public", a fait valoir Me François Saint-Pierre. La demande d'une personne privée ne constituera jamais un tel impératif, a-t-il plaidé.

Les conseils du Premier ministre assurent que la demande de l'enregistrement ne se situe pas dans la perspective d'un procès en diffamation, qui visera M. Jouyet et les deux journalistes ainsi que le Monde et Stock, l'éditeur du livre "Sarko s'est tuer". Les poursuites seront engagées sur ce point lundi ou mardi, selon Me Versini-Campinchi.

Cette demande s'inscrit dans une autre perspective: celui d'une procédure au civil, pour faute, car M. Fillon reproche aux journalistes d'avoir fait la promotion de leur livre à ses dépens.

Un débat sur ce fondement est "totalement illusoire", a souligné Me Bigot, pour qui cette audience "sert une stratégie médiatique" de M. Fillon. Quant à l'enregistrement, M. Jouyet n'a pas contesté qu'il a été réalisé avec son assentiment, selon l'un des avocats des journalistes.

La demande de ce dernier "est à la limite de le procédure abusive", a plaidé Me Marie Burguburu, "il fallait déplacer le scandale", créer un "nuage de fumée et ce qui est incroyable, c'est que ça marche".

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?