Sobegal à Calmont : l'hypothèse d'un terrible scénario

C’est une improbable succession de coups durs auxquels ont dû faire face les exploitants de la Sobegal, jeudi après-midi aux Molinières, en bordure de la RN88, commune de Calmont. L’entreprise, prestataire en charge du stockage et du chargement de gaz propane, a d’abord accusé une sérieuse fuite sur le réseau qui dessert la sphère, laquelle peut contenir jusqu’à 235 tonnes de propane (qui sert pour le chauffage).

Les systèmes de sécurité se sont bien déclenchés, arrosant abondamment l’ensemble des installations mais, comble de malchance, la pompe principale d’une capacité de 350 m3/heure, directement reliée à la réserve d’eau de 1500 m3 (qui permet 4 heures d’autonomie pour l’arrosage) sur le site, a rendu l’âme. "Il faut savoir qu’en cas d’avarie, l’arrosage est vital, explique Jacques Lespine, un responsable de la Sobegal. Car en plus de refroidir les installations, il permet de contenir le nuage de gaz."

Sans eau donc, la situation se complique considérablement et devient critique, quand bien même dans la réalité, une seconde pompe de capacité équivalente est prête à prendre le relais. Mais cet après-midi, donc, pour les besoins de l’exercice, la chance n’est pas du côté de la Sobegal... ni de ses riverains. Les pompiers de Rodez et de Baraqueville, arrivés sur site une vingtaine de minutes plus tard avec des engins lourds, prennent connaissance de la situation. Elle n’est plus sous contrôle et le risque est réel pour le site et les alentours: les habitations, les voies de circulation... y compris la RN88.

Simple évaluation

Il n’en faut pas plus pour déclencher le Plan particulier d’intervention (PPI) dont il était question de faire une évaluation, hier, et qui colle plus particulièrement à ce site industriel classé Seveso seuil haut, le seul du département. Cellule de crise en préfecture, Plan communal de sauvegarde (PCS) activé en mairie de Calmont où le premier adjoint Marc Andrieu a pris les choses en main avec toutes les forces vives de la commune pour prévenir les habitants. Les gendarmes sont sur le coup pour assurer la protection du site, la zone d’exclusion et les déviations (fictives, hier).

Quant aux pompiers, ils ont pris le relais pour assurer l’arrosage continu des installations, et ériger de véritables murs d’eau pour protéger le site et/ou confiner autant que faire se peut le nuage de gaz, plus lourd que l’air, donc plus bas. Le temps est précieux pour les techniciens, affairés à colmater la brèche, à changer ce qui est nécessaire, à vider à l’aide de camions convoqués sur le champ les 120 tonnes que contenait alors la sphère. Les observateurs sont là et attentifs: pour la Sobegal, les pompiers, la préfecture, la mairie: le débriefing sera riche, quand bien même le scénario de cette journée noire est très improbable. Mais de l’avis de tous, la sécurité est à ce prix...