Meurtre de Millau : un procès à la croisée des chemins

  • Me Phung : « La justice doit être au-dessus de tout soupçon. »
    Me Phung : « La justice doit être au-dessus de tout soupçon. » José A. Torres
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Philippe Routhe

Justice. Les avocats de la défense se sont emparés de « l’affaire Bla Bla Car » pour demander une suspension du procès, afin qu’une enquête soit diligentée. Les débats ont été vifs mercredi à la cour d'assises.

Il y a désormais une affaire « Bla Bla car » dans ce procès du meurtre de Jean-Ronald d’Haïty. Mercredi matin, les avocats de la défense ont en effet tour à tour plaidé pour la suspension du procès à cause de cette affaire. Rappelons que la magistrate suppléante a transporté, lundi, deux accusés, via le site de covoiturage, de Montpellier à Millau. La déferlante médiatique alimentant qui plus est les débats, la défense a remis des conclusions dans lesquelles elle réclame la suspension du procès le temps d’une enquête. Petit verbatim :

Me Phung : « Vous êtes dans un piège infernal... La justice doit être au-dessus de tout soupçon. Lequel de ces accusés ne se demandera pas s’il a fait l’objet d’un procès équitable. »

Me Martial : « Le bateau est devenu ivre, impossible à naviguer. L’un d’entre vous a violé le principe absolu qui veut que magistrat et accusé n’entrent jamais en contact. »

Me Gaudy : « Cette magistrate est excellemment notée... sur Bla Bla Car. Ce procès n’avait pas l’impact médiatique attendu, sauf depuis lundi. Tout le monde nous regarde ».

Me Malgras :« La cour d’assises est dans les 40es Rugissants... Stop ! » etc.

Du côté du ministère public et de la partie civile, on n’a guère goutté à ces saillies. « De qui se moque-t-on ? Mardi, on juge que l’incident est clos, puisque la magistrate ne siège plus. Et aujourd’hui, parce que les médias s’en sont emparés, il faut renvoyer ? », s’est emporté Me Aimonetti, qui défend les intérêts de la famille d’Haïty. Pour l’avocat général Salvador, « après le bal des menteurs (en référence aux propos des accusés durant le procès, NDLR), c’est le défilé des offusqués ! »

De quoi faire enrager des avocats visiblement déterminés à ne pas laisser passer la chose.
Le président Cayrol a toutefois choisi de poursuivre l’audience comme si de rien n’était, sa décision devant être rendue ultérieurement. À savoir juste avant les plaidoiries des parties civiles. Si tout s’était déroulé normalement dans ce procès, elles auraient pu débuter hier. Mais le procès, en raison d’une grève des avocats, reprendra donc lundi, à 17 heures.

À moins que d’ici là, un autre rebondissement...

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