Agents de l’hôpital de Rodez: «Nous ne voulons plus être des pions»
Social. Face à la dégradation de leurs conditions de travail qui ne cesse de s’amplifier, le personnel hospitalier exprime son ras-le-bol par la voix de ses délégués CFDT.
Infirmières, aides soignantes, ouvriers qualifiés, agents de sécurité... La colère monte au sein du personnel du centre hospitalier Jacques-Puel qui dénonce "une dégradation de plus en plus grande des conditions de travail". Si le problème n’est pas nouveau, il semble prendre une ampleur inégalée jusqu’alors avec, notamment la problématique des heures supplémentaires "que la direction ne veut pas payer". Laquelle direction préconise de "réduire à 10heures les postes de 12heures pour compenser. Mais les agents n’en veulent pas: comment voulez-vous faire, notamment aux urgences quand arrivent des patients et que vous êtes censés devoir partir sans être remplacé?", expliquent Valérie Ollier, secrétaire de section CFDT et Pascale Laurès-Cancalon, infirmière, elle aussi CFDT.
Les urgences sous tension
Les urgences serait le service le plus impacté par ces heures supplémentaires qui s’accumulent: plus de 2500 chez les infirmières, plus de 1600 chez les assistantes sociales. Pour une trentaine d’équivalent temps plein. "Sans aucun arrêt de travail et en donnant des récupérations par-ci, par-là, il faudra trois ans pour tout régler!", calcule Léonard Naranjo, agent de sécurité incendie. Sur fond de plan de retour à l’équilibre budgétaire, imposé par l’Agence régionale de santé pour réduire les coûts, la CFDT reste consciente que des effectifs supplémentaires ne sont guère à l’ordre du jour. Mais le syndicat souhaite que les conditions de travail reviennent à la normale, alors que se profile une réorganisation des roulements de personnel au 15 janvier prochain, pour laquelle la CFDT nourrit bien des craintes
Le travail d'équilibriste de la direction
Précisément, du côté de la direction, Frédéric Bonnet est à pied d'oeuvre pour mener à bien une mission... d'équilibriste: assurer la meilleure qualité de service possible dans l’intérêt du patient tout en réduisant les coûts face à la baisse des ressources. Le directeur de l'hôpital reconnaît qu’"il est normal que l’Agence régionale de santé demande un PRE, plan de recours à l’équilibre" surtout quand "les ressources liées à l’activité ont diminué de 2 millions d'euros dès le printemps 2014 pour l’essentiel. Et nous avions pu jusqu’alors, il ne faut pas l’oublier, titulariser des agents, reclasser ceux qui étaient en difficulté… Et cela a augmenté la masse salariale du personnel non médical". Alors Frédéric Bonnet essaie aujourd’hui d’explorer toutes les solutions possibles, avec la "concertation" pour maître mot. "Les mesures du PRE n’en sont qu’à leurs balbutiements. Conforter l’attractivité de l’hôpital pour augmenter les ressources, travailler sur les organisations pour en maîtriser les coûts… Nous y réfléchissons avec les chefs de pôles".
Les médecins aussi sont concernés
Et les syndicats? "Ils y seront associés, dans un deuxième temps. Nous n’ignorons pas leurs préoccupations, elles sont légitimes. Et leurs efforts seront partagés par tous: les médecins aussi auront leur part de contraintes dans le cadre du PRE. Et ils sont inquiets: dans le cadre d’un plan directeur, nous allons réorganiser les services de médecine, réaffecter des personnels pour mieux accueillir les patients, dont le degré d’exigence de qualité augmente chaque année un peu plus". Et en tout cas plus vite que ne peut suivre, dans notre pays, le système de santé.
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