Au Marché paysan, berceau des circuits courts

  • Installé à Veyreau, Joël Blanc fait partie de l’aventure avec sa Miellerie des Grands Causses.
    Installé à Veyreau, Joël Blanc fait partie de l’aventure avec sa Miellerie des Grands Causses. V.G.
Publié le , mis à jour
VG

Ce magasin collectif rassemble 25 producteurs depuis onze ans.

En Sud-Aveyron, face au marché de la grande distribution, des producteurs ont souhaité se réapproprier les activités de transformation et de vente. C’est notamment le cas du Marché paysan à Millau où, depuis onze ans, ce magasin collectif propose en vente directe une large gamme de produits fermiers de la région millavoise. «Directement de nos fermes à votre table», comme le dit la devise de l’établissement, sorte de village gaulois de la consommation.


La boutique, où l’on trouve fruits et légumes de saison, coin boucherie, produits laitiers et même paniers en vannerie (la liste est longue...), est tenue à tour de rôle par les 25 producteurs adhérents au concept. «Notre motivation, c’est de maintenir une agriculture respectueuse de l’environnement et à échelle humaine, insiste Marc Juré, agriculteur du Viala-du-Tarn, de permanence ce jour-là. Établir un lien avec les consommateurs et perpétuer une tradition gastronomique. Pour eux, proximité signifie souvent qualité.»


À l’heure où le “manger local” est pratiquement devenu un acte militant, la méthode fonctionne«Au début, se souvient Marc Juré. Il n’y avait que des gens du Larzac qui descendaient. Au fil du temps, on a fidélisé une clientèle. Aujourd’hui, on sert aussi bien des familles aisées que des paysans du plateau.» Pour un chiffre d’affaires (ndlr, que le Marché préfère garder secret...) en augmentation de 5 à 10% chaque année, depuis 2003. Ces agriculteurs n’ont pourtant fait que s’adapter à leur époque et aux comportements des clients. Avec pour préoccupation de les faire «bien manger».

La démarche du “gagnant-gagnant”

Disparition des petites exploitations, baisse des revenus, hausse du foncier sont des réalités auxquelles est confrontée l’agriculture. Pour Joël Thomas, animateur du programme d’accompagnement des circuits courts sur le territoire du Parc naturel régional des grands causses, «avec les circuits courts, les agriculteurs se réapproprient l’aval de la chaîne et valorisent leur production. L’absence d’intermédiaire aboutit souvent à un système “gagnant-gagnant” : le producteur accroît ses revenus et le consommateur se procure des produits frais, authentiques et à un tarif raisonnable.»


Dans l’Aveyron, département précurseur, l’histoire des circuits courts a été ponctuée de dates charnières (1984, naissance du GIE des Grands Causses ; 1989, création du grou- pement Fermiers de l’Aveyron). Cela a débouché sur la naissance des Marchés de producteurs de Pays, du Comptoir paysan et, plus récemment, de la signature “Fabriqué en Aveyron”. « Les circuits courts, c’est une démarche qui nous est chère, martèle Loïc Alméras, gérant de la ferme de la Tindelle, à Compeyre, où le premier drive fermier en Sud-Aveyron a ouvert ses portes, en mai dernier. L’objectif, c’est que les consommateurs goûtent l’Aveyron plus facilement.»

De là à affirmer que les circuits courts contribuent au développement d’une économie durable, il n’y a qu’un pas. En Sud-Aveyon, il apparaît que 58% des producteurs ayant adopté la pratique ont un CA en hausse ces trois dernières années. Début 2014, plus de 230 producteurs en circuits courts étaient recensés sur l’ensemble du Parc des grands causses (soit 13 %). Nombreux sont les observateurs économiques à entrevoir un domaine porteur, sachant que ce marché ne représente actuellement qu’une infime part (2 %) des dépenses alimentaires des ménages en Sud-Aveyron. Un vrai boulevard pour les circuits courts.