Près de Fos-sur-Mer, le "siège" des agriculteurs des Bouches-du-Rhône

  • Des agriculteurs camarguais ont déversé un tas de pommes de terre à Port Saint-Louis-du-Rhône, le 26 novembre 2014
    Des agriculteurs camarguais ont déversé un tas de pommes de terre à Port Saint-Louis-du-Rhône, le 26 novembre 2014 AFP - Boris Horvat
  • Des agriculteurs camarguais bloquent l'accès au Grand port maritime de Marseille, le 26 novembre 2014
    Des agriculteurs camarguais bloquent l'accès au Grand port maritime de Marseille, le 26 novembre 2014 AFP - Boris Horvat
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Centre Presse Aveyron

Entre Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône, sur une départementale conduisant à l'un des accès du Grand port maritime de Marseille (GPMM), des agriculteurs en colère, affectés par la concurrence étrangère et la baisse des aides européennes, ont déversé un tas de pommes de terre et plusieurs mètres cubes de terre.

"C'est symbolique, on bloque le port par où arrivent les importations qui concurrencent nos produits", lance Bernard Mazel, président du Syndicat des riziculteurs de France et filière (SRFF).

Dans la nuit de mardi à mercredi, quelque 400 agriculteurs des Bouches-du-Rhône ont installé des campements sur trois ronds-points de la D268, avec une quarantaine de tracteurs, une trentaine de poids lourds et plusieurs dizaines de voitures. Une serre agricole en plastique, rapidement montée, leur sert de réfectoire et des conteneurs agricoles de dortoirs. Ils s'apprêtent à tenir un siège. Mais dans la soirée de mercredi, la préfecture de région leur aurait demandé de lever le camp avant jeudi matin.

Riziculteurs camarguais, éleveurs de taureaux de combat ou éleveurs d'ovins, frappés par la baisse des subventions, demandent au gouvernement "des réponses" adaptées à leurs spécificités.

"On ne va pas nous répondre en quelques heures", estime Serge Mistral, président de la FDSEA qui espère toutefois des assurances avant vendredi.

En bottes et vestes de camouflage, hommes et femmes, juchés sur des bottes de paille, partagent une paella géante "au riz de Camargue" sous la serre au milieu de la chaussée.

Plus loin, plusieurs dizaines de camions ont été stoppés par la police et sont stationnés le long des routes. Dans la soirée, quelques tensions ont eu lieu entre chauffeurs et manifestants.

Selon M. Mistral, la production ovine souffre de la présence de "plus en plus de loups" et la filière fruits et légumes pâtit de l'embargo russe, sans "aucune compensation financière".

Les problèmes sont différents selon les filières mais le sentiment général est que "les particularités locales, le climat, l'environnement, la culture ne sont pas pris en compte", dit-il.

- 'On ignore nos particularités' -

"Les mesures européennes sont faites pour la Belgique, l'Allemagne ou le nord de la France. On ignore nos particularités", déplore encore le président de la FDSEA.

"Il n'y a pas un seul pays qui ne subventionne pas la riziculture mais M. (Stéphane) Le Foll nous a dit que nous n'aurions plus d'aides couplées (aides spécifiques aux secteurs en difficultés)", indique pour sa part Bernard Mazel qui affirme avoir rencontré à quatre reprises le ministre de l'Agriculture. Selon lui, ces aides, qui représentaient quelque 8 millions d'euros à partager entre les 230 riziculteurs camarguais, ont été entièrement supprimées.

"On aurait accepté une diminution, il aurait été plus judicieux de plafonner le montant d'aide", explique M. Mazel, affirmant que 30% des riziculteurs du delta du Rhône sont des jeunes avec des entreprises encore fragiles.

Christophe Mandrolini, un jeune riziculteur, affirme qu'il a dû se résoudre à abandonner le riz sur la moitié des 100 hectares qu'il exploite: "en deux ans, on est passé en Camargue de 20.000 hectares de riz à environ 10.000".

Pour lui, cette baisse est une aberration environnementale et économique. Sur le plan environnemental, l'irrigation des rizières à l'eau douce permet de limiter la salinité des sols. "Il faut qu'on comprenne qu'il n'y a rien de moins +naturel+ que la Camargue, c'est un paysage façonné et entretenu par l'homme", affirme-t-il. Du point de vue économique, les rendements en cultures céréalières de remplacement "sont deux fois moins importants" qu'ailleurs en France, souligne le jeune exploitant.

Patrick Laugier, président de l'association des éleveurs des taureaux de combat, évoque la complémentarité des productions. Sans l'eau douce des riziculteurs, il n'y aurait plus de prairie pour ses taureaux de "race espagnole". Il peste contre la suppression annoncée de la prime à la vache allaitante qui mettra irrémédiablement un terme à son métier, où les marges sont faibles, dit-il.

"C'est un métier de passionnés. Nous sommes une quarantaine en France, la majorité entre Nîmes et Arles. Nous représentons une part de la culture locale", dit l'éleveur, jugeant inconcevable un pays camarguais sans taureaux en pâture.

Source : AFP

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