Une famille mobilisée pour Thomas Marchal, incarcéré au Maroc

  • Pour Thomas, sa soeur Charlotte remue ciel et terre, persuadée que son frère est "tout simplement victime d'une injustice".
    Pour Thomas, sa soeur Charlotte remue ciel et terre, persuadée que son frère est "tout simplement victime d'une injustice". Repro CP
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Pascal Laversenne

Thomas Marchal, un jeune homme originaire de Naucelle, est incarcéré depuis plusieurs semaines à Marrakech. Les autorités locales le soupçonnent de «jihadisme». Depuis l’Aveyron et la Savoie, sa famille veut alerter l’opinion publique, notamment sur ses conditions de détention.

Lorsque, il y a quelques jours, il a reçu un appel de son demi-frère, installé au Maroc depuis plusieurs mois, Julien a d’abord cru à une blague. «C’est tout à fait son style !», glisse-t-il. Las, il a dû très vite se rendre à l’évidence: Thomas Marchal, 22 ans, a bel et bien été emprisonné par les autorités marocaines. Il lui est reproché entre autres choses association de malfaiteurs, quelques allers-retours en Syrie et autre prosélytisme autour d’un Islam radical: en clair, la parfaite panoplie du djihadiste. Un coup de massue pour Julien, qui connaît trop Thomas Marchal pour croire une seule seconde que ce dernier a tout à coup versé dans l’extrémisme.

Garçon "sans histoire"

"C’est un garçon sans histoire, volubile et heureux de vivre, très bien intégré avec les siens", glisse ce Ruthénois qui, depuis plusieurs jours, remue ciel et terre et court les rédactions pour améliorer la condition de son demi-frère. Thomas Marchal est lui aussi originaire de l’Aveyron, du Naucellois plus précisément. Il y a grandi avant de suivre ses parents en Savoie. Il est revenu sur le Ségala en 2010 où il a travaillé pour les Maisons familiales rurales, puis pour une entreprise de travaux publics. Sa mère est également revenue vivre en Aveyron. Entre-temps, il s’est converti à l’islam. "Il ne faut pas faire d’amalgame, prévient son demi-frère. C’est quelqu’un de modéré, qui déteste toute idéologie extrémiste. Selon lui, ceux qui vont trop loin ne respectent pas l’islam. Il était très clair là-dessus.»

«Que justice soit faite»

Il y a quelques mois, Thomas Marchal est parti vivre au Maroc. "Il a notamment travaillé pour une plateforme téléphonique", précise Julien qui, malgré la distance, assure avoir gardé un contact régulier avec Thomas. Que ce soit par téléphone, ou même physiquement: "Il est revenu durant une quinzaine de jours au printemps, et il n’avait pas changé..."

Que s’est-il donc passé au Maroc pour que les autorités en viennent à l’incarcérer ? "Je pense qu’il s’est fait piéger", glisse Julien. Sa sœur, Charlotte, qui vit en Savoie, estime, dans les colonnes du Dauphiné Libéré, que "quelqu’un a donné le nom de Thomas pour se protéger lui-même". "Là où il habite, il y a des extrémistes", poursuit- elle. "Nous, on ne demande pas sa libération, on veut simplement que justice soit faite", précise Julien qui dénonce avant tout ses conditions d’incarcération: "Ils sont vingt dans une pièce, il y a des bagarres, les conditions sanitaires sont déplorables, etc. Et l’autre jour, ils ont voulu lui faire signer des papiers rédigés en arabe, alors qu’il ne le parle pas."

Mais ce qui inquiète le plus Julien et les siens, c’est l’absence de signaux de la part des autorités, le silence du consulat. D’où leur souci de faire connaître l’histoire de Thomas Marchal, par voie de presse, mais également via es réseaux sociaux. Un groupe Facebook vient d’ailleurs d’être créé dans cette optique («Soutenons Thomas Marchal») sur lequel on peut lire "parce qu’être musulman ne signifie pas être extrémiste" ou encore "parce que Thomas a besoin de nous". En quelques jours, quelque 350 membres ont rallié sa cause. Pour les siens, c’est un signe d’espoir, d’autant que Thomas Marchal refuse de s’alimenter depuis maintenant plusieurs jours.

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