L'énorme poids financier de la dépendance

La population française prend de l’âge et des rides. Le phénomène n’est pas d’aujourd’hui mais il s’amplifie. Et ce qui est vrai au niveau national l’est d’autant plus en territoire aveyronnais, dont la réalité démographique est parfois préoccupante. Qui dit vieillissement dit, en effet, dépendance et difficultés de financement. Récemment, à la suite de la publication d’un nouveau rapport sur le sujet émanant de la société Cap Retraite (avec quelques chiffres qui font passablement froid dans le dos), l’un de nos confrères des Échos parlait d’une bombe financière.

En Aveyron, on en sait quelque chose, le département étant celui qui consacre la plus grosse partie de son budget général (14,86 %) au financement de l’allocation personnalisée d’autonomie (Apa). C’est considérable et cela représente une facture de 52M€. Sur une enveloppe globale de 71,6 M€ destinée aux personnes âgées.

11 877 bénéficiaires de l’Apa

Sur un budget total du conseil général de l’Aveyron de 368 M€, le pôle des solidarités départementales mobilise 155 M€, dont 116,5 M pour les personnes âgées et handicapées. Si l’Apa absorbe l’essentiel, l’aide sociale à l’hébergement capte tout de même 17,3 M€. Avec une part importante de personnes âgées économiquement fragiles, dans certains secteurs du département comme le Nord Aveyron et le Lévézou. Outre l’Apa et l’aide sociale à l’hébergement, 1,3 M€ est consacré au financement des prestations à domicile, 542 000€ à la coordination gérontologique et 370 000€  à la télégestion.

30M€ pour l'aide à domicile

Introduit depuis 2013, ce système informatisé a notamment permis d’assurer une meilleure et plus rigoureuse gestion des interventions à domicile. Toute personne de plus de 60 ans peut bénéficier de l’Apa. Le montant de l’allocation varie selon l’état de dépendance: sur six niveaux de classification, quatre niveaux, de Gir 4 à Gir1, peuvent prétendre à l’attribution de l’Apa à domicile. À ce jour, 11 877 Aveyronnais sont bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie, dont 6 593 dans le cadre du maintien à domicile.

Sur une enveloppe globale de 52 M€, 30,7 M€ sont destinés à l’aide à domicile, Pour la grande majorité de ces personnes (65,5 %), l’état de dépendance (Gir 4) est relativement faible. Les personnes les plus dépendantes (Gir 1) sont peu nombreuses (2 %) parmi les bénéficiaires de l’Apa à domicile. Dans le cadre de la télégestion instaurée depuis l’an dernier, l’Apa à domicile est directement versée aux services prestataires.

En Aveyron, 21 associations et CCAS (centres communaux d’action sociale) interviennent dans le domaine de l’aide à domicile. Treize de ces structures sont autorisées par le conseil général qui fixe le taux d’intervention. Pour les 5284 bénéficiaires de l’Apa, hébergés dans l’un des 92 établissements aveyronnais (lire ci-dessous), les dotations financières du conseil général (21,3M€ au total) sont directement versées aux structures d’accueil.

Des années difficiles à venir

En 2013, 7,43 % des Aveyronnais de plus de 60 ans étaient bénéficiaires de l’allocation personnalisée. Pour les plus de 75 ans, cette proportion est de 15,33 %. Même si elles ne sont pas véritablement catastrophiques, les projections de l’Insee annoncent tout de même des années difficiles pour le financement de la dépendance. La part des 65-74 ans, sur la population aveyronnaise devant passer de 10,6 % à 13 % en 2042, avec un «pic » à 14 % en 2032. Selon ces mêmes prévisions, la part des 75-84 ans devrait grimper à 12,1 % à l’horizon 2042 (9,6 % en 2008), celle des plus de 85 ans (3,6 % en 2008) étant appelée à doubler pour atteindre 7,7 % de la population totale aveyronnaise. En espérant que d’ici là, le pays aura amélioré sa situation à la fois économique et financière...