«Les accidents de la vie, cela peut arriver à tout le monde»

  • Tout allait pour le mieux dans la famille C.
    Tout allait pour le mieux dans la famille C. Rachid Benarab
Publié le
R.B.

Tombé subitement dans la spirale de pauvreté, un couple d'Espalionnais, pris en charge par le Secours Catholique a voulu témoigner. Pour eux, «il ne faut pas avoir peur ou honte de solliciter de l’aide.» Rencontre.

Tout allait pour le mieux dans la famille C.. Certes, on ne roulait pas sur l’or mais les 3500€ gagnés chaque mois par les parents, Séverine et Jean-Yves, suffisaient à faire vivre la famille. «Les trois enfants (de 7 à 17 ans) faisaient du sport. On partait en vacances de temps en temps», ;se souvient la maman.

«On a même pris un crédit pour racheter la maison de ma grand-mère, à Espalion. On la retapait à notre rythme; tout allait bien», ajoute Jean-Yves, nostalgique d’une période à présent révolue. «C’est allé très vite, résume-t-il. Il a suffi d’un licenciement. J’étais chauffeur livreur. J’avais le dos en compote, je ne pouvais plus porter de charge; on m’a mis en invalidité. Nos revenus sont d’abord tombés à 2200€, puis rapidement à 1600€. Pour faire vivre cinq personnes, ce n’est pas l’idéal.»

Conséquence, pour la famille C., fini les travaux de rénovation et les sorties, place aux économies. La maison des rêves se transforme rapidement en cauchemar, surtout l’hiver. «C’est une vieille bâtisse construite sur trois étages; elle n’est pas isolée et les équipements de chauffage sont d’un autre temps», raconte Jean-Yves. «Pour passer l’hiver, il faut remplir les 2000 litres de la cuve. Mais aussi acheter 10 stères de bois et 200 kg de charbon. En gros, ça nous coûte 3 000€ par an.» Autant dire une petite fortune…

Une main tendue

À ce rythme, la famille C. glisse doucement mais sûrement vers la précarité. «Les factures deviennent difficiles à régler, puis impossibles… On devient insolvable. Et si l’on ne réagit pas, on est fini.» Pour la famille C., la réaction a pris la forme d’une main tendue. D’abord celles des assistantes sociales des services sociaux espalionnais. Puis, lorsque les solutions institutionnelles ont été épuisées, c’est le Secours Catholique qui a pris le relais.

«Les services sociaux sont beaucoup sollicités, notamment l’hiver. Le coup de la vie augmente de 3% par an alors que les revenus stagnent. Les gens ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts, surtout lorsqu’il s’agit de payer leurs factures. Aussi, les budgets consacrés au volet social ne sont pas extensibles et il arrive souvent qu’en septembre, les crédits alloués pour l’année soient déjà épuisés», remarque Patrick Garnier, président de la délégation Aveyron-Tarn du Secours Catholique. «Nous n’avons nullement la prétention de nous substituer aux pouvoirs publics, précise-t-il néanmoins. Nous essayons juste de boucher les trous, de remplir les failles, en travaillant main dans la main avec eux.» 

Un délai au tribunal

«Grâce à leur écoute et à leur action, nous sommes parvenus à obtenir un délai de grâce au tribunal pour régler nos arriérés», témoigne Jean-Yves. «Moi, j’ai pu suivre une formation et trouver un emploi qui me plaît», sourit Séverine. «J’espère retrouver un travail à mon tour, pour nous sortir définitivement de l’ornière», ajoute le père de famille. L’horizon commence donc à s’éclaircir pour cette famille qui tenait absolument à témoigner. «Les accidents de la vie, cela peut arriver à tout le monde. Il ne faut pas avoir peur ou honte de solliciter de l’aide.»

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