Le Larzac en berceau de l’art ZAD

  • Trois des six cartes postales militantes qui sont insérées dans le livre collectif.
    Trois des six cartes postales militantes qui sont insérées dans le livre collectif. Repro CP
Publié le
D.L.

Lecture.Les Éditions du Larzac publient un premier ouvrage conçu comme un chœur constitué autour de six figures militantes. Elles parlent depuis le plateau emblématique des luttes d’hier et d’aujourd’hui. Six voix qui soufflent fort sur les braises et nous réchauffent le cœur.

Dès sa prise en main, l’objet semble à nul autre pareil. Sa texture, sa mise en page, son contenu et son déroulé en font bel et bien un ouvrage unique en son genre. L’aspect visiblement artisanal, au meilleur sens du terme, n’altère en rien une finition des plus soignée. Son écriture, ses dessins et son graphisme lui donnent une tonalité franchement militante, mais une militance bourrée de poésie. Les six auteurs qui y content leur nouvelle parlent du monde d’hier et de celui de demain.

Ils nous chuchotent à l’oreille des histoires qui pourraient presque sembler banales. Sauf qu’elles balisent un chemin de liberté, d’indignation, de rêve et d’humanité. «Chronique d’un lieu ouvert sur le monde, récit de lutte, invitation au rêve, histoire d’ailleurs… Chaque texte fait entendre la voix singulière de son auteur, répondant à tous les autres. Chacun à sa manière vibre de l’écho du même désir, et de la même indignation. De ce souffle est né ce livre», expliquent les éditeurs dans la «der» de couverture. De tous nouveaux éditeurs puisque ce livre est leur premier. Leur maison se nomme «Éditions du Larzac», et l’association qui l’a créée «L’herbe sous le pied.»

Du monde qui vient

«Notre but est d’éditer des récits illustrés à propos d’écologie, de décroissance, de transition, d’alternatives solidaires, à propos du monde qui vient», précisent-ils. Les six auteurs en question sont bien connus sur le Larzac, et pour certains d’entre eux bien au-delà aussi. Ils ont souvent parcouru le monde pour témoigner de cette lutte emblématique, et tellement actuelle à l’heure où fleurissent les ZAD, ces zones à défendre qui se construisent sur ces mêmes colères et ces mêmes projets partagés que ceux qui firent entendre si loin la voix -et voie- du Larzac. L’écrivain paysan journaliste Patrick Herman y côtoie l’éleveur militant de la Conf’ Christian Roqueirol, Le reporter Fabrice Nicolino y croise les mots avec l’ethnosociologue Solveig Letort, elle-même enfant du plateau en lutte. L’électron libre Valery Borraz partage l’encre de ces pages avec celle de la baroudeuse Morgane Blanc.

Touche «étoile»

Toutes et tous semblent écrire sur le ton de la confidence, et pourtant leur voix porte comme un vent de tempête, à même de faire plier tout un vieux monde. Ainsi, hier sur le Larzac, qui en fut le précurseur, comme aujourd’hui sur tant de nouvelles zones à défendre. Voilà en quoi ce livre précieux peut aussi se lire comme un vrai petit manuel de savoir vivre à l’usage des gens bien décidés à rester debout. Car il se déploie et s’articule en plusieurs facettes, tel un couteau suisse aux multiples usages. Ainsi renferme-t-il par ailleurs quantité de contacts, liens et fenêtres ouvertes vers d’autres mondes possibles. Tandis que six cartes postales militantes, frappées de leur propre slogan, nous invitent à donner suite à notre tour à l’ouvrage. Parmi ces slogans, on citera: «Pour changer de monde, appuyez sur la touche étoile», ou encore «Cœurs de cible du monde entier, émargez-vous !». Et comme en hommage à Rémi Fraisse: «Encore combien de vies pour cesser de dire rien ne va plus?….» Le titre du livre? Du vent ! Tout simplement. Et voilà comment le plateau du Larzac s’écrie et se raconte en authentique berceau d’un art Zad. 

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?