Barrage de Vimenet : l’ancien et la nouvelle maire très inquiets

  • Élue en 2014 à la mairie de Vimenet, Nathalie Ricard songe à saisir la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) pour en savoir enfin un peu plus sur le dossier.
    Élue en 2014 à la mairie de Vimenet, Nathalie Ricard songe à saisir la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) pour en savoir enfin un peu plus sur le dossier. CP
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D.L.

Le doute et l’inquiétude habitent l’ancien maire Roger Lacan, et il en est de même pour Nathalie Ricard qui vient de lui succéder à la mairie. Le premier, dont la scierie se situe en bordure du secteur concerné par le projet de barrage, a été jusqu’en 2005 et l’abandon du projet la figure de proue des opposants.

La seconde, dont le mari possède une exploitation agricole au cœur de l’emprise de la retenue, se demande si elle ne devra pas à son tour organiser la résistance, au cas où le même projet ressurgirait… Tous deux en tout cas sont d’ores et déjà persuadés que le projet de barrage de Vimenet est loin d’être définitivement enterré. Et le retard, pour le moins, sinon l’abandon du projet de Sivens, ne peut qu’accroître leur crainte, puisque c’est bien pour les mêmes motifs que ces deux projets ont été imaginés, dès le milieu des années 1980 (lire plus haut).

Roger Lacan pessimiste

Mais quoi qu’il en soit, Roger Lacan qui s’apprête à prendre sa retraite d’artisan scieur nous a assuré qu’il n’avait nulle envie cette fois-ci de repartir au combat. Il a pourtant pris la peine de se rendre à Sivens, au plus fort de la lutte, pour voir au plus près ce qui s’y passait. «Je crois que je suis le seul du village à y être allé. Ici, à Vimenet, la plupart des gens croient que le projet est définitivement stoppé. Ils se trompent, mais moi qui m’en suis occupé pendant 20 ans, je n’ai plus du tout envie de recommencer…»

Roger Lacan craint en particulier qu’une nouvelle enquête publique puisse être lancée en y incluant un besoin en eau potable, ce qui la rendrait très difficilement attaquable. Il sait aussi que, contrairement à Sivens, Vimenet ne pourra pas s’appuyer sur la protection d’une zone naturelle sensible. Et, surtout, il craint que la mobilisation des agriculteurs riverains se soit étiolée: «Plusieurs exploitations se retrouvent sans successeurs, du coup ce sera beaucoup plus facile pour les porteurs du projet.» De même que Roger Lacan n’oublie pas que la réserve foncière nécessaire à la retenue est d’ores et déjà constituée. «Et ils n’ont jamais eu l’intention de la céder, bien au contraire, dès qu’ils peuvent l’agrandir, ils s’y emploient aujourd’hui encore…»

 Nathalie Ricard combative

Tel est d’ailleurs le point qui ne cesse de mettre en colère celle qui lui a succédé à la mairie de Vimenet. «Ce gel de cette grosse réserve foncière nous empêche de développer notre commune, en réalisant par exemple un lotissement, ou une zone d’activités», s’insurge Nathalie Ricard. Et cela ne fait qu’aviver son inquiétude, surtout lorsque la Safalt (Société d’aménagement foncier Aveyron Lot Tarn) ne lui répond pas quand elle demande à qui toutes ces terres sont destinées. Elle songe du coup à saisir la Cada (Commission d’accès aux documents administratifs) pour en savoir enfin un peu plus…

Cette inconnue ne fait en tout cas que raviver ses craintes quant à une relance du projet de barrage. Mais elle se montre bien moins pessimiste que son prédécesseur : «L’opposition de la population est intacte et si nous devons nous mobiliser, je suis sûre et certaine que nous serons en capacité de le faire dès que nécessaire !», assure-t-elle. Voilà sans aucun doute le dernier mais le plus efficace des obstacles qui pourrait en définitive se dresser devant le barrage de Vimenet…

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