Tribunal : "Vos problèmes aux yeux ont coûté la vie à quelqu’un !"

  • L'accident avait eu lieu le 19 décembre 2013.
    L'accident avait eu lieu le 19 décembre 2013. Archives Centre Presse
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Centre Presse Aveyron

Tribunal. Au volant de son tracteur, un septuagénaire avait renversé une femme âgée à Espalion, fin 2013. Il écope de huit mois de prison avec sursis et d’une suspension de son permis de conduire.

Lors de son audience d’hier, le tribunal correctionnel est revenu sur un dramatique accident de la circulation dont se souviennent bon nombre d’Espalionnais. Le 19 décembre 2013, au cours d’une matinée pluvieuse, une femme âgée de 83 ans qui traverse la rue principale de la cité des peintres, sur le passage piéton situé à proximité du Pont-Neuf, est renversée par un tracteur tirant une remorque. Elle succombe à ses blessures dans l’après-midi. Le chauffeur, un Espalionnais de 76 ans, conduisait lentement et n’était sous l’effet ni de l’alcool, ni de drogue.

"Je n’ai pas vu sa silhouette, mais j’ai vu le parapluie au dernier moment", dit-il à ses juges. Après que la présidente Sylvie Rouanne signale qu’un examen médical révèle que le prévenu souffrait d’un glaucome à l’œil gauche, le prévenu rétorque qu’il "conduit tous les jours et (n’a) pas l’impression d’avoir une mauvaise vue", avant de mettre cet accident sur le compte de la "fatalité". Lui, qui ne porte pas de lunettes pour conduire, incrimine ensuite la pluie, le brouillard, les phares des autres véhicules ou la circulation. Et n’a visiblement pas conscience que ses capacités physiques décroissent. La magistrate du siège le reprend alors : "Comprenez-vous que vous pouvez choquer ? Parce que vous ne pouvez pas conduire sans lunettes et que vous êtes dangereux en disant que vous le faites. Il n’est pas normal que vous ne vous en soyez pas rendu compte. Vos problèmes aux yeux ont coûté la vie à quelqu’un !"

"Terrible et terrifiant"

Avocat de la famille de la victime, MPhilippe Pont enfonce le clou en qualifiant le comportement du prévenu de "terrible et terrifiant". À l’entendre, "ce décès, c’est le drame de l’inconscience". Pour sa part, le vice-procureur de la République, Bernard Salvador, pointe "la posture" du prévenu : "Je n’ai pas trouvé le moindre signe de repentance". Balayant d’un revers de main toute fatalité, il soulève deux fautes à retenir contre cet homme qui "persiste à ne pas vouloir se soigner" : "négligence" et "imprudence". Pour conclure, le parquet préconise qu’"il faut faire en sorte que cela ne se reproduise plus". MHubert Aoust, pour la défense, se tourne alors vers le siège. "Vous devez être justes !" lance-t-il. "Vous ne pouvez pas le juger sur l’apparence qu’il présente au tribunal. Son comportement est maladroit, mais il est perdu".

L’avocat plaide ensuite pour que son client échappe à l’annulation de son permis de conduire. Le tribunal condamne le septuagénaire à huit mois de prison avec sursis et à un an de suspension de son permis. Il devra payer près de 4 300 € de frais d’obsèques, 35 000 € au mari de la victime et 14 000 € à son fils pour préjudice affectif.

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