Barrage de Sivens: le projet initial enterré, une version allégée envisagée

  • La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, donne une conférence de presse à son ministère à Paris, le 4 novembre 2014
    La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, donne une conférence de presse à son ministère à Paris, le 4 novembre 2014 AFP/Archives - Eric Feferberg
  • Des bougies et des fleurs sont déposées le 6 novembre 2014 devant une photo de Rémi Fraisse au pied d'un établissement scolaire à Paris
    Des bougies et des fleurs sont déposées le 6 novembre 2014 devant une photo de Rémi Fraisse au pied d'un établissement scolaire à Paris AFP/Archives - Kenzo Tribouillard
  • Une vue générale du site où se sont installés des militants écologistes, les "zadistes", pour s'opposer à la construction du barrage de Sivens, dans le Tarn, le 6 janvier 2015
    Une vue générale du site où se sont installés des militants écologistes, les "zadistes", pour s'opposer à la construction du barrage de Sivens, dans le Tarn, le 6 janvier 2015 AFP/Archives - Pascal Pavani
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Centre Presse Aveyron

La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a écarté vendredi le projet initial de barrage sur le site de Sivens (Tarn), où est mort fin octobre Rémi Fraisse, mais une version allégée est envisagée.

"La réalisation du projet initial n’est (...) plus d'actualité", a tranché Mme Royal, enterrant ainsi définitivement un barrage qui suscite la controverse depuis des années.

Le communiqué de la ministre a suivi de peu la publication d'un rapport des experts qu'elle avait mandatés en novembre pour tenter de trouver un compromis entre pro et antibarrage.

Dans ce rapport, les experts jugent que "le projet initial de barrage à Sivens (...) n'apparaît pas comme une solution adaptée".

Mais l'abandon du projet initial d'1,5 million de m3 pourrait aboutir à ce que les écologistes décrivent avec ironie comme un "Sivens light".

Les experts proposent en effet deux solutions. La première envisage un réservoir réduit de moitié environ, soit 750.000 m3, "sur le site de Sivens, de préférence situé 330 m en amont du projet initial, épargnant plus de la moitié de la zone humide impactée par le projet initial".

Cette zone humide, dite du Testet, a été détruite dès septembre par l'avancement du chantier. Elle abritait de multiples espèces sauvegardées.

Le deuxième scénario est "une alternative" comprenant un ensemble de trois retenues latérales ou collinaires, une à Sivens, et deux autres non loin.

Le Conseil général du Tarn débattra de ces solutions fin janvier, indique Mme Royal.

Mais d'ores et déjà, le président de l'assemblée départementale, le socialiste Thierry Carcenac, montre clairement sa préférence pour le premier scénario. "La retenue d’eau sur le site de Sivens, décalée et sous dimensionnée, reste la moins coûteuse et la plus efficace (...) Son déplacement à quelques mètres de l'emplacement initial démontre également une volonté d'apaisement", estime le cabinet du président dans un communiqué.

- Les zadistes contre un "Sivens light"-

Un Sivens allégé pourrait arracher l'approbation de la FDSEA du Tarn, le syndicat agricole majoritaire qui estime nécessaire le barrage pour irriguer les terres agricoles alentour.

"Rayer d'un trait de plume le projet pose des soucis: qui va payer les entreprises contractées? Et ça veut dire qu'on est reparti pour quatre ou huit ans d'études, sans aucune garantie qu'il n'y ait pas encore une fois des zadistes" sur le site du nouveau projet, juge Philippe Jougla, le président de la FDSEA du Tarn.

"Un projet de barrage à 1 million de m3, à Sivens, pourrait réduire les coûts sans souci de nouveau délai", estime-t-il. Ce scénario a également les faveurs de la Chambre d'agriculture du Tarn.

Un "Sivens light" est cependant combattu becs et ongles par les antibarrage, ainsi que par les occupants de la Zone à défendre (ZAD) qui sont encore une grosse cinquantaine à occuper le site du barrage.

"Nous sommes satisfaits que le projet initial soit abandonné", a déclaré à l'AFP Ben Lefetey, porte-parole du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet.

La mort du projet permet, de plus, de mettre fin à la procédure d'infraction lancée contre la France par l'Union européenne pour "détérioration de l'état écologique de la masse d'eau".

Mais les antibarrage estiment que les besoins en irrigation peuvent être satisfaits en utilisant les retenues collinaires existantes, des ouvrages de stockage d'eau construits par les agriculteurs eux-mêmes, et remplis par les eaux de ruissellement ou de pompage.

"Nous demandons de nouvelles études et nous estimons qu'il sera démontré qu'aucun ouvrage ne sera nécessaire", estime M. Lefetey.

S'il est prouvé que les besoins en eau ne peuvent pas être satisfaits par les retenues déjà construites, "alors, il faudra discuter d'un possible ouvrage". Mais il ne peut pas se faire à Sivens et "il faudra que ce soit le moins impactant pour l'environnement. Sinon, nous nous réservons le droit d'utiliser des recours en justice", a-t-il souligné.

Source : AFP

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