Les routiers entament une grève reconductible pour leurs salaires

  • Action de routiers au péage de Saint Arnoult, dans les Yvelines, le 18 décembre 2014
    Action de routiers au péage de Saint Arnoult, dans les Yvelines, le 18 décembre 2014 AFP/Archives - Kenzo Tribouillard
Publié le
Centre Presse Aveyron

Opérations escargot, blocage de sites industriels ou de dépôts pétroliers: les routiers entament ce dimanche soir une grève reconductible pour réclamer des augmentations de salaires, un mouvement censé gêner le patronat sans peser sur les particuliers.

"L'objectif c'est pas de bloquer la population mais de toucher les employeurs", prévient d'entrée de jeu Pascal Goument, de la CFTC-GND, alors qu'une cinquantaine d'actions sont prévues sur l'ensemble du territoire dans la nuit de dimanche à lundi.

En cas de blocages d'axes routiers, aux péages d'autoroute par exemple, seuls les poids-lourds seront stoppés par les grévistes, qui laisseront passer les véhicules légers. S'il y aura "forcément, à la marge, un peu de ralentissement", selon Jérôme Vérité, patron de la CGT Transports, la grève ne devrait pas paralyser la circulation.

L'intersyndicale CGT, FO, CFTC et CFE-CGC donnera le coup d'envoi de ces opérations dès 22H00. Elles "dureront au moins jusqu’à mardi", date de la prochaine séance de négociation annuelle obligatoire (NAO) dans le transport routier de marchandises, où les syndicats espèrent obtenir des augmentations de salaires.

Une seconde réunion est programmée jeudi 22 janvier. Mais la grève pourrait chambouler le calendrier établi.

En région parisienne, un premier point de rendez-vous est donné pour la CGT et la CFTC à 21h30 à la Porte de Montreuil, selon Pascal Goument. Le convoi rejoindra ensuite des militants de FO à la porte de Clignancourt, avant de se rendre au port de Gennevilliers, où est prévue le premier blocage.

"On verra ensuite comment on s'organise dans la nuit", a indiqué le syndicaliste, alors que des actions sur la plateforme aéroportuaire de Roissy et d'autres zones industrielles au nord de Paris sont également au programme.

En province, les villes de Lyon, Bordeaux, Nantes ou Lille devraient être touchées vers 22h00, selon Jérôme Vérité. Des opérations escargot sont en outre prévues à Marseille ou Nantes.

Plus généralement, le Nord, la Bretagne, la Normandie, l'Aquitaine, le Rhône-Alpes ou la Lorraine sont les régions les plus mobilisées, selon diverses sources syndicales.

- 'Smicardisation rampante' -

Les chauffeurs de car et les salariés du secteur logistique (stockage, magasinage, traitement des commandes, etc.) sont également appelés à cesser le travail pour "refuser la paupérisation et la Smicardisation rampantes" de la profession.

Les syndicats réclament "une augmentation du pouvoir d’achat minimum de 100 euros" par mois, notamment en portant à 10 euros le taux horaire minimum pour les coefficients les plus bas à l'embauche.

En 2014, un seul des quatre coefficients en vigueur (qui servent de base aux négociations salariales) dans le transport routier - celui des salariés les plus qualifiés - dépassait le Smic (9,61 euros bruts par heure en 2015).

"On est dans une situation d'impasse", estime Pascal Goument. "Les grilles conventionnelles n'évoluent pas" et les augmentations de salaires servent seulement à atteindre le niveau du Smic, regrette-t-il. "Ce n'est pas acceptable quand on connait les contraintes et la pénibilité du métier".

"On peut se demander à quoi sert l’argent public dans ces conditions", s'interroge la CGT, évoquant les aides accordées par l'Etat aux entreprises via le pacte de responsabilité et le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE). Des avantages évalués à 500 millions d'euros environ dans le transport de marchandises, selon Pascal Goument. "Cela leur a donné un souffle d'air pour alléger leurs coûts sur le matériel", commente le syndicaliste, soulignant également la baisse des prix du gasoil.

Les organisations syndicales exigent en outre un 13e mois, la suppression de la carence maladie, ainsi que l'ouverture de négociations sur la gestion des fins de carrière et une protection sociale plus forte (mutuelle, prévoyance, dépendance).

Elles se disent résolues à obtenir des engagements de la part des fédérations patronales, quitte à faire durer les négociations.

La CFDT Transports, premier syndicat de la profession, ne fait pas partie de l'intersyndicale. Elle avait organisé en décembre une action coup de poing en région parisienne pour peser sur les négociations.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?