«Si le maire et les élus voulaient couler les commerces ambulants, ils ne s’y prendraient pas mieux». Celle qui émet cette hypothèse sait de quoi elle parle. Florence Latasa, qui avait récemment repris la Baraque du Ch’ti, vient de déposer le bilan. Du jour au lendemain, elle se retrouve sur la paille, sans boulot, avec trois enfants à nourrir. Une catastrophe personnelle et économique pour cette jeune femme qui a été chassée de Bourran, par la mairie, l’été dernier.
Christophe Garcia, le patron de la Rôtisserie 12, lui aussi a été expulsé de ce quartier phare où il vendait ses poulets depuis trois ans. Il a trouvé refuge sur des parkings privés comme celui d’Intermarché à La Gineste, le samedi (grâce à Mr Gay), ou celui de L’Épi du Rouergue le dimanche. La mairie leur avait proposé les quartiers de Layoule, l’avenue Saint-Felix, le boulevard de Lattre-de-Tassigny ou encore le boulevard du Maréchal-Joffre (devant le stade Polonia), ainsi que le marché du samedi matin (lire notre édition du 24 septembre). Mais après à peine deux mois d’exploitation, les deux commerçants ont rapidement compris que «les élus ont cherché à nous éloigner de Bourran, et c’est tout», précise Florence Latasa.
Une rancœur contre la mairie qui avance ses arguments
Pourtant, quand elle a repris l’affaire en juin dernier, la commerçante pensait prospérer comme son prédécesseur Vincent Caytau qui a créé ce commerce. Mais Claude Albagnac, adjoint à la circulation et au stationnement notamment en a décidé autrement. Lors d’une «commission qui s’est tenue en l’absence des représentants des commerçants ambulants, il a décidé, tout seul, de ne plus reconduire l’autorisation à la Baraque du Ch’ti. Il n’y a même pas eu de vote», précise Cindy Lopes, présidente départementale des commerçants, qui ne décolère toujours pas contre l’élu. Elle avait prévenu Claude Albagnac de cette absence, mais l’élu a tout de même pris cette décision sans la représentante du syndicat réunissant «60 commerçants ambulants dans le département», ajoute Cindy Lopes. Contactée, la mairie avait justifié ces expulsions de Bourran, par «le trop-plein de commerces de bouche et la volonté de doter des quartiers qui en sont privés».
Difficiles emplacements
Florence Latasa avait décidé de jouer le jeu et d’accepter, faute de mieux le marché. «J’ai fait deux samedis, mais j’ai vite compris que les frites et le marché étaient incompatibles. J’étais obligée de m’installer à 6 heures du matin à cause de ma remorque. Mais à midi, au moment où les gens commençaient à acheter des frites, je devais déjà remballer», témoigne Florence Latasa, avec amertume. Pire, au stade Polonia où la mairie lui a donné l’autorisation de s’installer les autres jours, la commerçante a vu arriver des policiers municipaux lui interdisant de s’installer devant le grand portail du Stade, la seule place disponible.
«La mairie m’a alors expliqué que je pouvais retenir une place ailleurs dans le quartier, en y mettant une voiture la veille. Étant donné que je suis toute seule et que je n’ai pas deux voitures, la solution m’a paru aberrante. Il faut aussi savoir que personne de la mairie n’est venu nous voir», souligne Florence Latasa, qui a pâti de cette politique. Christophe Garcia, échaudé par cette affaire, a préféré trouver refuge sur des terrains privés. Autant dire que les solutions proposées par l’adjoint au maire, Claude Albagnac, sont un échec. Et contrairement aux arguments de l’élu, les commerces ambulants peuvent être complémentaires avec les sédentaires. Christophe Garcia en donne la preuve, car autant l’Épi du Rouergue qu’Intermarché lui ont gracieusement cédé leurs parkings.
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