Valls annonce plus de 2.600 emplois de plus pour lutter contre le terrorisme

  • Le Premier ministre Manuel Valls s'exprime le 21 janvier 2015 devant la presse à Paris pour dévoiler les nouvelles mesures de sécurité
    Le Premier ministre Manuel Valls s'exprime le 21 janvier 2015 devant la presse à Paris pour dévoiler les nouvelles mesures de sécurité POOL/AFP - Philippe Wojazer
  • Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve écoute Manuel Valls lors de la conférence de presse à Paris, le 21 janvier 2015
    Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve écoute Manuel Valls lors de la conférence de presse à Paris, le 21 janvier 2015 Pool/AFP - Philippe Wojazer
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Centre Presse Aveyron

Deux semaines après la tuerie de Charlie Hebdo, Manuel Valls a annoncé mercredi un renforcement de plus de 2.600 emplois dédiés à la lutte contre le terrorisme, avec une rallonge de moyens qui dépassera au total les 700 millions d'euros sur trois ans.

Alors que l'exécutif cherche à prolonger l'unité nationale qui a prévalu après les attentats, le Premier ministre a également laissé la porte ouverte à l'idée d'une peine d'indignité nationale proposée par la droite, en confiant "une réflexion transpartisane" à deux parlementaires, Jean-Jacques Urvoas (PS) et Philippe Bas (UMP).

Après les attentats les plus meurtriers en France depuis la guerre d'Algérie, l'exécutif mène une journée largement consacrée à l'après-attentats, que François Hollande poursuivra avec un point sur la révision des effectifs militaires et un discours sur l'école.

Lors d'une conférence de presse à l'Elysée à l'issue du Conseil des ministres, accompagné de plusieurs ministres (Bernard Cazeneuve, Jean-Yves Le Drian, Christiane Taubira...), Manuel Valls a détaillé et complété les "mesures concrètes" prises par le gouvernement pour faire face à l'essor de la menace jihadiste.

Le Premier ministre a au passage nettement révisé à la hausse le nombre officiel de personnes à surveiller: ils sont plus de 3.000, a-t-il dit, en additionnant les 1.800 personnes impliquées dans les filières jihadistes étrangères (dont 1.300 pour la Syrie et l'Irak) à un millier de personnes gravitant dans "la sphère cyber-djihadiste francophone". Et ce alors que le procureur de Paris, François Molins, a annoncé que quatre hommes interpellés, soupçonnés d'avoir apporté leur aide à l'un des tueurs, Amédy Coulibaly, avaient été mis en examen et écroués dans la nuit.

Face à ce "changement d'échelle", l'essentiel des annonces de Manuel Valls, qui complètent une première salve la semaine dernière à l'Assemblée nationale, concerne le renforcement des moyens.

Au total, ce sont 2.680 postes de plus que ce qui était prévu qui seront créés. Quelque 1.400 dépendront de l'Intérieur (dont 1.100 pour le seul renseignement), 950 de la Justice et près de 250 dans la Défense. Soixante postes d'aumôniers musulmans en prison seront également créés, a-t-il précisé. Tous ces postes s'ajoutent aux créations de postes déjà décidées depuis 2012, a assuré Matignon.

- 'Les leçons à tirer' -

A ce renforcement des effectifs, s'ajoutent 425 millions d’euros de crédits d’investissement et d’équipement sur trois ans qui iront notamment à l'amélioration des systèmes et des logiciels informatiques, à l'achat de gilets pare-balles, de nouvelles armes pour la police et de véhicules de patrouille, a indiqué Matignon à l'AFP. Mais en y ajoutant les salaires, l'enveloppe atteint 735 millions, précise-t-on de même source.

Alors que Paris est toujours dans le collimateur de Bruxelles pour ses déficits publics hors des clous européens, le gouvernement entend financer ces dépenses nouvelles "par des économies" équivalentes ailleurs dans le budget de l'Etat, a assuré Manuel Valls.

Autre annonce: le projet de loi sur le renseignement préparé par Jean-Jacques Urvoas, un proche de Manuel Valls, sera présenté en Conseil des ministres "le plus vite possible" et transmis au Parlement en "mars", a dit le Premier ministre.

Le gouvernement veut aller vite: le vote définitif de ce projet de loi aura lieu en juin, a indiqué dans la foulée le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen.

A ces annonces concernant un renforcement des moyens de la police, du renseignement et de la justice, devrait s'ajouter un coup de frein à la baisse des effectifs militaires.

Alors que le plan Vigipirate mobilise à 10.500 militaires, le président Hollande avait annoncé la semaine dernière, à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle en partance pour l'Irak, que le rythme de cette baisse allait être "revu et adapté".

Un communiqué de l'Elysée à l'issue d'un Conseil de défense (12H15) doit apporter ces précisions. Jusqu'à présent, il était prévu que quelque 22.300 postes de militaires doivent au total disparaître en 2015, 2016 et 2017.

Alors que la journée devait être centrée sur la sécurité, François Hollande y a également ajouté ses voeux au monde éducatif mercredi après-midi (16H15) à la Sorbonne.

Le président doit notamment revenir sur les incidents qui se sont produits dans plusieurs établissements lors des hommages aux victimes des attentats, écornant l'image d'un pays tout entier "Charlie". Des élèves ont perturbé les minutes de silence, certains affichant même des soutiens aux jihadistes auteurs des crimes.

Au-delà de la sécurité, l'exécutif veut en effet étendre les leçons à tirer des attentats à l'ensemble de la société (école, jeunesse, "quartiers"...)

Cette problématique de "temps long", selon les mots de Manuel Valls mardi, sera d'ailleurs au centre la réunion bimensuelle du gouvernement jeudi matin à Matignon.

Manuel Valls a confirmé que sa ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem présenterait jeudi des mesures marquant l'"engagement résolu à former les futurs citoyens aux valeurs de la République".

Source : AFP

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