"Les jours venus": le cinéaste Romain Goupil a 60 ans et ça le fait rire

  • Romain Goupil, auteur du film "Les jours venus", pose à Paris, le 27 janvier 2015
    Romain Goupil, auteur du film "Les jours venus", pose à Paris, le 27 janvier 2015 AFP - Stéphane de Sakutin
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Centre Presse Aveyron

Figure de Mai 68, partisan d'une intervention en Bosnie et en Irak, le cinéaste Romain Goupil livre à 60 ans son film le plus drôle, "Les jours venus", assaisonné d'une bonne dose d'autodérision.

"A 60 ans, on peut se dire au moins une chose: ça passe hyper vite", déclare à l'AFP le réalisateur né en 1951. "C'est le moment où on a vécu plus longtemps qu'il ne reste à vivre. Donc forcément, on compte tout différemment".

"Les jours venus", en salles mercredi, n'est pas un film bilan mais le portrait bien vivant d'un sexagénaire, qui se surprend à commencer ses phrases par "avant".

Découpé en chapitres aux titres "concept" ("l'argent", "l'idée", "Elle", "la mort"...), le film navigue entre archives vidéos familiales, scènes de fiction et échanges avec ses parents, sa femme, ses enfants et ses copains.

Une oeuvre autobiographique - dans laquelle Romain Goupil joue son propre rôle - mais pas nombriliste et qui ne laisse jamais le spectateur à l'écart grâce à un humour décapant, dont il est la première cible.

Ses enfants lui lancent, goguenards: "Quand t'étais jeune, tu prônais la révolte. Maintenant tu dis qu'il faut accepter. En gros t'as toujours raison". Un pays dirigé par "que des vieux, c'est la Suisse, et que des jeunes, c'est l'enfer", se justifie-t-il.

Romain Goupil voulait d'abord tourner un film sur un cinéaste qui déclenche une catastrophe (incendie, séisme...) dès que sa caméra tourne. En sous-texte, une interrogation sur le pouvoir du cinéma de faire bouger les choses.

Ce long-métrage, "La défaite dépasse toutes nos espérances", n'a pas vu le jour car l'acteur pressenti a refusé le rôle.

Vexé, le réalisateur renonce à ce projet, explique-t-il à l'AFP. Il inclut cet épisode dans "Les jours venus", en confiant à Noémie Lvovsky le rôle de sa productrice. Qui peine un peu à comprendre le fil conducteur de ce scénario forcément génial.

- 'Trotskiste un jour, tyran toujours !' -

Autres actrices invitées dans ce jeu de miroirs entre fiction et réalité, Valeria Bruni Tedeschi et Marina Hands.

La première incarne une directrice d'agence bancaire ravissante, qui reproche à Romain Goupil non pas un découvert mais son silence sur la guerre en Syrie. Et l'interroge sur le processus de création.

La deuxième vient habiter à la Cité des artistes, où réside (en vrai) la famille Goupil depuis trois générations.

Belle et libre, elle lui avoue en sanglotant qu'elle ne peut tomber amoureuse que des "vieux, mariés". "On peut toujours rêver!", rigole le cinéaste lors de l'entretien.

Il filme ses parents, octogénaires, dans leur moulin en Bretagne, qui l'engueulent copieusement lorsqu'il se désole des résultats scolaires de son fils. "On t'a pas élevé comme ça!", lui lance sa mère indignée.

La famille Goupil marche hors des clous depuis plusieurs générations. Le grand-père était chansonnier et la grand-mère danseuse au Moulin Rouge puis comédienne, "spécialiste des doublages des perroquets en anglais, français et espagnols".

Le père, très engagé à gauche, travaille dans le cinéma avant de tout abandonner à 40 ans et de se replier en Bretagne.

Lorsque le jeune Romain est exclu du lycée à 16 ans pour activité politique (il milite à la JCR, Jeunesse communiste révolutionnaire), ses parents le soutiennent totalement.

"Ils ont été les seuls à être derrière moi", se souvient-il.

Le fils se lance à son tour dans le cinéma ("Mourir à 30 ans", "Lettre pour L.", "A mort la mort", "Les mains en l'air"...), part à Sarajevo en 1992 et y rencontre sa femme, bosniaque, Sanda.

La tendresse, mais pas de nostalgie ou de mélancolie dans "Les jours venus". Et en pied-de-nez à la mort, une scène où il réunit famille et amis pour jouer devant la caméra son propre enterrement.

Perché sur sa grue, l'oeil dans le viseur, il invective l'assemblée qui selon lui manque d'émotion.

"Trotskiste un jour, tyran toujours!", lui rétorque Daniel Cohn-Bendit, excédé.

Source : AFP

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