Intermittents : à Rodez, un procès érigé en symbole des luttes sociales

  • Les intermittents,dont Victor, avaient appelé à manifester dans le but d’attirer l’attention du président de la République sur l’impossibilité d’établir un vrai dialogue social.
    Les intermittents,dont Victor, avaient appelé à manifester dans le but d’attirer l’attention du président de la République sur l’impossibilité d’établir un vrai dialogue social. CP
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Social. Mardi, à Rodez, le jeune intermittent du spectacle Victor Pollet-Villard est convoqué devant la Justice à la suite de heurts face aux forces de l’ordre, lors de la venue du président Hollande, en mai dernier. Le collectif des intermittents veut en faire un procès et une mobilisation nationale contre la répression des mouvements sociaux.

C’était le 30 mai dernier, à Rodez, lors de l’inauguration du musée Soulages par François Hollande. Les intermittents, entre autres, avaient appelé à manifester dans le but d’attirer l’attention du président de la République sur l’impossibilité d’établir un vrai dialogue social, en particulier concernant le dossier sensible du statut des intermittents du spectacle.

Le mot d’ordre de la manifestation était : «Contre la précarité et pour de nouveaux droits sociaux». On se souvient que le périmètre du musée Soulages avait alors été solidement verrouillé, et que les manifestants, cantonnés tout en haut de l’avenue Victor-Hugo par un impressionnant service d’ordre, avaient été copieusement aspergés de gaz lacrymogène dès que certains d’entre eux s’étaient approchés au plus près du premier cordon de CRS. Un jeune manifestant avait alors été comme happé par les forces de l’ordre, et aussitôt après conduit au commissariat où il avait été placé six heures durant en garde à vue…

Ambiance militante

Poursuivi pour «faits de violence sur deux personnes dépositaires de l’autorité publique», Victor Pollet-Villard devait initialement être jugé le 16 septembre dernier, avant que l’affaire ne soit donc finalement renvoyée à l’audience de demain. Un répit que les intermittents ont mis à profit pour s’organiser et faire en sorte que cette audience devienne le procès de la répression du mouvement social. Ainsi, à côté du Collectif des Intermittents de l’Aveyron (CIA) a été créé un Comité de Soutien aux Inculpés du Dialogue Social (CSIDS), lequel a donc pris en main l’organisation d’une grande journée de mobilisation, mardi à Rodez. 

Politiser le procès 

Ainsi, de mardi matin jusqu’à tard dans la soirée, et du parvis du tribunal de grande instance jusqu’à la salle des fêtes, c’est une journée non-stop de manifestation, de prises de paroles, de débats, animations et autres initiatives qui vont se succéder pour donner une ambiance très militante à la ville de Rodez. Victor, principal concerné en tant que prévenu, jeune technicien lumière de 22 ans, semble supporter sans difficulté cette pression médiatique qui tombe sur lui. «Toute cette mobilisation me fait chaud au cœur», nous a-t-il confié. Et il ne cache pas sa satisfaction de voir son affaire transformée en «tribune pour tous ceux qui sont réprimés dès qu’ils s’engagent dans le mouvement social.»

Bref, le voilà donc totalement en phase avec le CSIDS qui a prévu grand pour cette journée qui se voudra de dimension nationale, spécialement dédiée à la convergence des luttes. Un bon millier de manifestants est attendu dès le matin. Et des grands témoins aussi, tels que Laurent Pinatel, porte parole de la Confédération Paysanne, lui-même poursuivi pour son action symbolique de démontage de la ferme des 1000 vaches. Mais aussi Éric Beynel, premier secrétaire de l’Union syndicale Solidaires, Camille, prénom générique des Zadistes de Sivens ou de Notre-Dame-des-Landes, des militants du Collectif des Mauvaises Troupes, du mouvement No TAV, engagés, eux, contre la ligne à grande vitesse Lyon-Turin…

«Notre volonté est de politiser ce procès», résume Benoit Sanchez Mateo, intermittent millavois tout aussi actif au sein du CIA que du CSIDS. Autrement dit élargir la problématique de la précarité des seuls intermittents à «la lutte contre toutes les formes de précarité». Et, dans le même temps, souligne Benoit Sanchez Mateo, «dénoncer la répression du mouvement social sous toutes ses formes, qu’elle soit policière, judiciaire, financière, moraliste ou médiatique.» Dès demain matin donc, Rodez prendra bien des airs de rebelle.

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