La classe politique rend hommage à Bruno Berardi

L’hommage est unanime de la part des politiques aveyronnais qui ont côtoyé Bruno Berardi, décédé dans la nuit de vendredi à samedi, à l'âge de 56 ans, des suites d'une longue maladie. Si le cofondateur d’Europe-Écologie-Les-Verts en Aveyron a fait grincer bien des dents, il a su mobiliser à ses côtés des militants aux horizons divers. Homme de conviction, Bruno Berardi était de tous les combats.  De l’opposition au barrage de Vimenet en passant par celle contre l’incinérateur de Bénéchou, toujours en pointe pour défendre la démocratie, ce militant pugnace et intransigeant ne s’est jamais laissé tenter par de confortables situations politiques qui lui étaient pourtant acquises. 

C’est dès 1995 que Bruno Berardi, ouvrier à l’usine Bosch, s’est lancé dans sa première bataille électorale, au sein d’une opposition d’union de la gauche réunie autour de Christian Teyssèdre, battue face à Marc Censi. Il sera pourtant de la bataille suivante, toujours aux côtés du maire actuel, en 2001, mais encore en vain. En revanche, la 3e tentative en 2008 sera la bonne, cette victoire le plaçant sur un siège de vice-président du conseil d’Agglomération, en charge notamment de la gestion des déchets. Mais les relations avec Christian Teyssèdre vont peu à peu se dégrader, jusqu’à la rupture et sa décision de monter la liste «Rodez-Citoyen» aux élections municipales de 2014.

C’est à cette occasion que Bruno Berardi va donner à sa personnalité toute sa dimension charismatique, se hissant contre toute attente en position du troisième homme, avec 13% arrachés au premier tour, puis 16% au second, assurant à sa liste trois sièges. Élu du coup dans l’opposition, Bruno Berardi s’est ainsi donné les moyens de rester cet infatigable battant. Avant que la maladie n’en décide autrement. Et c’est très humblement, voyant sa santé se dégrader, qu’il a décidé, voici moins d’un mois, de se retirer de la vie politique. Laissant ses mandats de conseiller municipal et d’agglomération à Claudine Bonhomme, et à Matthieu Lebrun respectivement. Bruno Berardi était marié et père de deux enfants désormais adultes. Ses obsèques civiles auront lieu mardi, à 10 heures, à Rodez, au centre funéraire de La Gineste. 

• Les réactions :

Chantal Combelle et Matthieu Lebrun, ses colistiers, ont réagi de concert pour «saluer la personne, pleine d’humanité et pétrie de valeurs que Bruno savait défendre en les vivant au quotidien. Il a toujours su faire preuve de constance et de persévérance en ne se situant jamais dans le calcul, mais toujours exemplaire dans sa façon d’être. Tout son engagement politique aura consisté à croire en l’émancipation du citoyen.»

Claudine Bonhomme, colistière: «Il a toujours milité pour l’émancipation, la sienne comme celle des autres, en rejetant la figure d’une avant-garde éclairée. Ses combats étaient collectifs, refusant la posture de l’homme politique solitaire et hors-sol comme il disait. Mais c’était aussi un très gros travailleur, et qui était toujours en recherche, dans la lecture ou par des formations, dans un profond désir d’apprendre et de comprendre.»

Marie-Françoise Vabre, élue régionale Europe-Écologie-Les-Verts : «Bruno était d’une honnêteté et d’une écoute exceptionnelles. Et il a su faire bouger les lignes politiques sur Rodez.»

Marie-Claude Carlin, adjointe au maire EE-LV à Rodez : «Nous avons été compagnons de lutte durant 20 ans, il avait des idées qui sortaient des sentiers battus et savait se montrer toujours très efficace.»

Christian Teysssèdre, maire de Rodez : «Bruno Berardi a assumé avec une grande compétence et beaucoup de sérieux la vice-présidence au conseil de l’Agglo. Même s’il a conduit en 2014 une liste face à nous, il est resté pour moi un partenaire très attaché à ses convictions.»

Yves Censi, député: «Je le tenais en grande estime, pour sa conception très exigeante, intelligente et profondément humaine de son engagement local.»