Confrontation à l'issue incertaine entre l'Allemagne et la Grèce

  • Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, répond à la presse à son arrivée au conseil européen, le 20 février 2015
    Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, répond à la presse à son arrivée au conseil européen, le 20 février 2015 AFP - Emmanuel Dunand
  • Les ministres allemand Wolfgang Schäuble et grec Yanis Varoufakis des Finances, le 5 février 2015 à Berlin
    Les ministres allemand Wolfgang Schäuble et grec Yanis Varoufakis des Finances, le 5 février 2015 à Berlin AFP/Archives - Odd Andersen
  • Une femme passe devant un graffiti réclamant la réduction de la dette et le retrait du FMI, le 20 février 2015 dans le centre d'Athènes
    Une femme passe devant un graffiti réclamant la réduction de la dette et le retrait du FMI, le 20 février 2015 dans le centre d'Athènes AFP - Aris Messinis
  • Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem et le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis  le 17 février 2015 à Bruxelles
    Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem et le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis le 17 février 2015 à Bruxelles AFP/Archives - Emmanuel Dunand
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Centre Presse Aveyron

L'Allemagne et la Grèce étaient en pleine confrontation vendredi sur le prolongement du financement d'Athènes, et son issue était très incertaine avec le risque de rouvrir une période de grave incertitude pour l'Europe.

Les discussions sont "compliquées". "Il y a des raisons d'être optimiste, mais c'est très difficile", a reconnu, blême, le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, juste avant le début d'une nouvelle réunion extraordinaire des ministres des Finances, la troisième en 10 jours.

L'objectif est de trouver enfin un compromis sur le prolongement du programme d'aide grec, qui expire dans huit jours. Faute d'accord, la Grèce risque de se retrouver rapidement à court d'argent, et poussée vers la sortie.

Un scénario rejeté par le président français, François Hollande, qui a reçu la chancelière allemande, Angela Merkel. "Je ne connais pas de scénario qui aujourd'hui soit une sortie de la Grèce de la zone euro", a-t-il dit. Il y a "encore un besoin considérable d'amélioration de la substance des propositions pour que nous puissions obtenir un accord au Bundestag", le Parlement allemand, a prévenu Mme Merkel.

Afin d'arracher une solution, une médiation a été organisée par la zone euro, le FMI et la Commission européenne, qui ont tenté de jouer les bons offices entre les ministres allemand, Wolfgang Schäuble, et grec, Yanis Varoufakis, selon une source grecque.

"Nous avons parcouru non pas un kilomètre mais dix, nous attendons maintenant que nos partenaires couvrent le cinquième restant", a déclaré M. Varoufakis à son arrivée. Il a espéré qu'une "fumée blanche" s'échappe de la pièce "à la fin de la journée".

"Il faut qu'il y ait une confiance mutuelle et qu'on renforce la confiance des citoyens dans tous les pays européens", a seulement commenté M. Schäuble.

En cas de nouvel échec, les deux camps évoquent déjà un possible sommet européen ou une nouvelle réunion de ministres. "Si nous n'arrivons pas à un accord, la question pourra être résolue grâce à des interventions politiques au plus haut niveau. Je veux parler d'un sommet européen", a déclaré Nikos Pappas, ministre d'Etat et proche du Premier ministre Alexis Tsipras.

"Un accord n'est pas impératif avant lundi mais le plus vite sera le mieux", a estimé pour sa part le ministre espagnol, Luis De Guindos. "Le temps presse, la Grèce est dans une situation difficile sur le plan des liquidités", a-t-il souligné.

- Profonde méfiance -

La Grèce veut absolument tourner la page de l'austérité. Mais l'Allemagne exige que le pays poursuive l'assainissement de ses finances publiques et les réformes structurelles auxquelles elle a été contrainte en échange de 240 milliards d'euros de prêts.

Après avoir sèchement rejeté la demande d'extension formulée jeudi par la Grèce, le gouvernement allemand a tempéré sa position. Elle n'est "pas encore suffisante" mais doit être "le point de départ pour d'autres discussions", a déclaré vendredi une porte-parole de Mme Merkel.

La ligne allemande est partagée par d'autres pays, Finlande et pays baltes, mais aussi Espagne, Portugal ou encore Slovaquie. Il y a "un cadre, le programme actuel, qui doit être prolongé", a affirmé la ministre des Finances portugaise, Maria Luis Albuquerque. Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a jugé "impossible d'expliquer aux gens qu'il faut donner de l'argent pour les salaires et les retraites des Grecs".

M. Schäuble a derrière lui le gros de l'opinion allemande. Son intransigeance était saluée vendredi par le tabloïd Bild avec un "l'Allemagne dit merci Wolfgang Schäuble!". Selon un sondage, 52% des Allemands trouvent M. Varoufakis et le Premier ministre grec Alexis Tsipras "culottés".

Le gouvernement grec de gauche radicale a demandé officiellement jeudi une "extension" de l'accord d'assistance financière. Il s'est dit prêt à accepter la "supervision" de l'UE, la BCE et le FMI, et s'est engagé à s'abstenir de "toute action unilatérale" qui saperait ses objectifs budgétaires. Il a d'ailleurs reporté le vote au parlement, initialement prévu vendredi, de sa première loi sociale.

Mais il réclame en échange une certaine "flexibilité" permettant de revenir sur les mesures d'austérité les plus douloureuses. Certains craignent que la Grèce en use pour ne pas tenir ses engagements. Signe de cette profonde méfiance, Athènes a fait fuiter un document sur la position défendue par Berlin jeudi lors d'une réunion préparatoire. L'Allemagne comparait la demande d'extension à un "cheval de Troie" qui viserait à obtenir un "financement-relais" de plusieurs mois et "à mettre fin au programme actuel".

Source : AFP

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