La SNCF s'attaque aux fraudeurs

  • Une voyageuse composte son billet le 3 mars 2013 à la gare de Lille
    Une voyageuse composte son billet le 3 mars 2013 à la gare de Lille AFP/Archives - Denis Charlet
  • Le président de la SNCF Guillaume Pepy  donne une conférence de presse le 10 février 2015 à Paris
    Le président de la SNCF Guillaume Pepy donne une conférence de presse le 10 février 2015 à Paris AFP/Archives - Patrick Kovarik
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Centre Presse Aveyron

Amendes augmentées et contrôles renforcés, la SNCF veut lutter contre la fraude, qui lui coûte chaque année 300 millions d'euros, et a présenté vendredi un vaste plan de chasse aux resquilleurs, mené en coopération avec l'Etat.

Le tarif de l'amende, qui n'avait pas été revalorisé depuis 2003, passe, à partir du 2 mars, de 35 à 50 euros, et celle-ci pourra être majorée jusqu'à 375 euros. "L'objectif est de rendre les montants plus dissuasifs", a expliqué Maud Bailly, directrice des trains, qui gère notamment les 10 000 contrôleurs.

Contrôles accrus

Cette hausse va s'accompagner de contrôles accrus, prévient la SNCF, tant à bord des trains, où les voyageurs pourront être contrôlés plusieurs fois au cours du trajet, qu'à quai, au départ et à l'arrivée. Maud Bailly évoque des "méthodes de contrôle plus agiles et plus efficaces".

La SNCF mène parallèlement une réflexion pour développer des portiques de contrôles à l'entrée des quais, avec l'objectif de les développer sur les principales destinations TGV d'ici 2017, et d'étudier avec les régions leur pertinence pour les TER et Intercités.

La fraude coûte chaque année 300 millions d'euros à la SNCF, et, plus largement, aux régions et à l'Etat, soit "une dizaine de TGV neufs, 30 TER neufs, 15 kilomètres de voies nouvelles, ou encore 150 kilomètres de rénovation de ligne classique", compare Alain Le Vern, en charge des régions et Intercités à la SNCF.

Le sujet avait été évoqué par le gouvernement en juin, lors d'un comité national pour la sécurité dans les transports. Le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, a récemment réaffirmé qu'il figure parmi ses priorités pour 2015.

Sont particulièrement visés par le plan de la SNCF, les "multi-fraudeurs", qui préfèrent être verbalisés de temps à autre plutôt que de payer un billet à chaque trajet. Pour entrer dans cette catégorie, cinq procès-verbaux suffisent désormais, au lieu de dix, ce qui fait passer le nombre de multi-fraudeurs de 22.000 à 52.800. Quant au dépôt de plaintes par la SNCF, il deviendra systématique.

Coopération avec les pouvoirs publics

"Les gens ont des stratégies adaptées, les réseaux sociaux sont utilisés pour cela", déplore Alain Le Vern. Quelques lignes TER ou Intercités en zones denses, que la SNCF ne souhaite pas dévoiler, sont particulièrement visées. Car le taux moyen de fraude sur les trains sans réservation obligatoire est de 10%, contre seulement 3% pour les trains à réservation obligatoire.

Certaines lignes TER connaissent "un système de fuite généralisée", avec seulement "une personne sur deux qui a le bon billet et qui a payé", avait souligne le président de la SNCF Guillaume Pepy en septembre, en annonçant que la fraude serait une priorité de la compagnie pour 2015.

Le délai de recouvrement des procès-verbaux est allongé, et passe de deux à quatre mois, tandis qu'un droit de communication a été ouvert par le ministère de l'Intérieur, permettant à la SNCF de recouper les fichiers avec ceux des services de l'Etat, et d'identifier plus facilement les adresses des contrevenants. La compagnie publique espère ainsi améliorer largement le taux de recouvrement de ses PV, qui n'est aujourd'hui que de 10%.

"Nous voulons inverser durablement la tendance et casser la fraude organisée" ainsi que "le sentiment d'impunité face à la fraude", a commenté Maud Bailly, qui évoque une "coopération sans précédent avec les pouvoirs publics". En septembre, la durée de validité des billets TER avait été raccourcie, de deux mois à sept jours, afin d'empêcher l'utilisation répétée d'un billet qui n'a pas été validé par un contrôleur.

"Deux incivilités sur trois dans le transport collectif sont du fait des fraudeurs", détaille Alain Le Vern, qui espère également que ces mesures vont apporter "plus de quiétude" à l'ensemble des voyageurs, et souligne que le personnel SNCF "n'est pas là pour se faire insulter".

Le président de la SNCF Guillaume Pepy  donne une conférence de presse le 10 février 2015 à Paris
Le président de la SNCF Guillaume Pepy donne une conférence de presse le 10 février 2015 à Paris AFP/Archives - Patrick Kovarik

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