Venezuela: le maire de Caracas arrêté pour une tentative présumée de coup d'Etat

  • Des partisans du maire de Caracas Antonio Ledezma se sont rassemblés devant le bâtiment des services secrets de Caracas, le 19 février 2015
    Des partisans du maire de Caracas Antonio Ledezma se sont rassemblés devant le bâtiment des services secrets de Caracas, le 19 février 2015 AFP - Federico Parra
  • Le maire de Caracas Antonio Ledezma, le 27 octobre 2009 lors d'une visite au Brésil Le maire de Caracas Antonio Ledezma, le 27 octobre 2009 lors d'une visite au Brésil
    Le maire de Caracas Antonio Ledezma, le 27 octobre 2009 lors d'une visite au Brésil AFP/Archives - Evaristo Sa
  • La femme du maire de Caracas Mitzy Capriles de Ledezma (g) s'exprime après l'arrestation de son mari, le 19 février 2015 à Caracas
    La femme du maire de Caracas Mitzy Capriles de Ledezma (g) s'exprime après l'arrestation de son mari, le 19 février 2015 à Caracas AFP - Federico Parra
  • Nicolas Maduro annonçant le 19 février 2015 à Caracas l'arrestation de Antonio Ledezma
    Nicolas Maduro annonçant le 19 février 2015 à Caracas l'arrestation de Antonio Ledezma AFP - Juan Barreto
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Centre Presse Aveyron

Le maire de Caracas et figure de l'opposition vénézuélienne, Antonio Ledezma, a été arrêté jeudi par les services de renseignement, soupçonné, selon le président Nicolas Maduro, d'avoir encouragé à mener un coup d'Etat dans le pays.

"M. Ledezma, qui a été arrêté aujourd'hui sur ordre du parquet, doit être inculpé par la justice vénézuélienne pour qu'il réponde de tous les délits commis contre la paix dans le pays, la sécurité, la Constitution", a dit M. Maduro en référence à une tentative présumée de coup d'Etat qu'il avait dénoncée le 13 février.

Le président s'est exprimé lors d'une intervention à la radio et à la télévision peu après l'annonce par l'épouse de l'opposant de son arrestation lors d'une opération à laquelle au moins 80 membres des services de renseignement (Sebin) ont participé, faisant irruption dans ses bureaux dans l'est de Caracas.

M. Maduro a réitéré ses accusations selon lesquelles l'opposition avait fomenté un coup d'Etat avec l'appui des Etats-Unis.

Washington a aussitôt réagi indiquant dans un communiqué que "les accusations portées par le gouvernement vénézuélien selon lesquelles les Etats-Unis seraient impliqués dans une conspiration pour un coup (d'Etat) et une déstabilisation sont sans fondement et fausses".

Pour preuve de ce supposé coup d'Etat, le président socialiste a cité un document signé par le maire de Caracas, le dirigeant de l'opposition Leopoldo Lopez, incarcéré depuis un an, et Maria Corina Machado, destituée de son mandat de députée en 2014, intitulé "Accord national pour la transition", diffusé par la presse locale le 11 février et qui présente une série de propositions politiques et économiques.

"Ce n'est qu'à travers la justice que nous pourrons faire échouer ces tentatives de coups d'Etat et offrir une paix permanente (...). Ceux qui sont derrière ces tentatives de coups doivent payer (...) en cellule, ils doivent aller en prison", a ajouté M. Maduro.

M. Ledezma a été arrêté peu après 17h00 (21h30 GMT). Il a annoncé sur Twitter l'arrivée des policiers sur son lieu de travail. "Mon bureau est perquisitionné en ce moment même par des policiers du régime", a-t-il écrit.

"Ils ont emmené Antonio Ledezma en le frappant, ils ont détruit tout ce qu'ils ont trouvé sur leur passage, ils ne lui ont pas laissé le temps de parler, ils n'ont pas laissé de temps pour informer qui que ce soit", a déclaré son épouse, Mitzy Capriles de Ledezma, à la Radio Union.

Selon elle, les membres des services de renseignement sont arrivés à bord de "10 blindés" au bureau du maire pour procéder à son arrestation.

Au moment de quitter l'immeuble, ils ont "tiré en l'air à plusieurs reprises" pour disperser la foule qui s'était rassemblée, a-t-elle ajouté.

"Plus de 80 fonctionnaires" ont été mobilisés, "tout un déploiement pour le prendre, ils n'ont pas présenté de mandat d'arrêt", a déclaré à la radio son avocat Omar Estacio.

Agé de 59 ans, M. Ledezma est un vétéran de l'opposition vénézuélienne et a été sénateur, député et gouverneur du district de Caracas.

Il a été élu maire de Caracas en 2009 puis réélu à cette fonction en 2013.

- L'opposition dénonce la violence -

Le président Maduro accuse également M. Ledezma, qu'il surnomme "le vampire", d'être un des instigateurs des manifestations antigouvernementales initiées par des étudiants pour protester contre l'insécurité, l'inflation et les pénuries au Venezuela au cours desquelles 43 personnes ont été tuées entre février et mai 2014.

Il lui reproche aussi d'avoir participé au mouvement "La Salida" ("La Sortie") qui vise à obtenir la chute du président Maduro.

Le président, élu sur le fil en avril 2013 après le décès de Hugo Chavez, emploie la même rhétorique que son mentor et prédécesseur, dénonçant régulièrement des tentatives de putsch orchestrées par la droite locale, soutenue par des complices aux Etats-Unis et en Colombie, sans jamais apporter de preuves de ces complots.

Des militants et des responsables de l’opposition ont manifesté jeudi leur solidarité avec le maire et ont critiqué le gouvernement du président Maduro.

"Le gouvernement n'arrive pas à faire face à la crise (économique), son seul recours, c'est la violence, ils se sont jetés dans ce précipice, l'outil de la répression génère de nouveaux problèmes", a déclaré à des médias locaux Jesus "Chuo" Torrealba, le chef de la coalition d'opposition Table de l'unité démocratique (MUD).

L'opposante radicale Maria Corina Machado a estimé dans un message posté sur Twitter que l'arrestation de M. Ledezma était "un acte désespéré de la dictature contre un véritable démocrate".

"Ma plus grande solidarité avec le maire Ledezma après cette arrestation inattendue", a écrit pour sa part sur Twitter Ramon Muchacho, le maire du district aisé de Chacao, dans l'est de la capitale, où se concentrent les opposants au président Maduro.

Le Venezuela traverse depuis plusieurs mois une crise économique et sociale grandissante que Nicolas Maduro ne parvient pas à juguler.

Source : AFP

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