Dopage: traitement de faveur de l'UCI pour Armstrong, selon un rapport

  • Lance Armstrong (d) à côté de l'ancien président de l'Union cycliste internationale (UCI), le Néerlandais Hein Verbruggen, le 5 mars 2003 à Paris
    Lance Armstrong (d) à côté de l'ancien président de l'Union cycliste internationale (UCI), le Néerlandais Hein Verbruggen, le 5 mars 2003 à Paris AFP/Archives - Franck Fife
  • Lance Armstrong le 29 août 2012 à Montréal
    Lance Armstrong le 29 août 2012 à Montréal AFP/Archives - Rogerio Barbosa
  • Hein Verbruggen (g) et son successeur à la tête de l'UCI, Pat McQuaid, le 23 septembre 2005 à Madrid
    Hein Verbruggen (g) et son successeur à la tête de l'UCI, Pat McQuaid, le 23 septembre 2005 à Madrid AFP/Archives - Franck Fife
  • Le Suisse Dick Marty, président de la commisssion d'enquête CIRC, le 25 janvier 2011 à Strasbourg
    Le Suisse Dick Marty, président de la commisssion d'enquête CIRC, le 25 janvier 2011 à Strasbourg AFP/Archives - Frederick Florin
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Centre Presse Aveyron

L'Union cycliste internationale (UCI) n'est pas coupable de corruption mais ses anciens dirigeants, trop proches de Lance Armstrong, lui ont accordé un traitement de faveur, estime une commission indépendante (CIRC) dans son rapport publié lundi, qui souligne que si le dopage organisé a disparu du peloton, il reste un problème "endémique".

Q: Pourquoi la commission d'enquête s'est-elle emparée du cas Armstrong, banni depuis 2012 ?

R: C'est l'affaire-phare du cyclisme, qui touche un septuple vainqueur du Tour de France (avant sa déchéance pour dopage) devenu pour l'UCI l'icône de son sport. Cette commission indépendante, la CIRC, était une promesse du Britannique Brian Cookson, élu en septembre 2013 à la présidence de l'UCI. La Fédération internationale était alors profondément affaiblie, minée par l'affaire Armstrong dont elle avait fini par valider la suspension prononcée par l'agence antidopage américaine (Usada).

Q: Qu'a trouvé la commission dans les placards ?

R: Aucun nouveau scandale mais une "extraordinaire position de proximité vis-à-vis de certains coureurs" selon la formule du président actuel de l'UCI, Brian Cookson. Et aussi de vieilles affaires, telle la justification thérapeutique pour l'usage de corticoïdes prescrite a posteriori pour Armstrong dans le Tour 1999. Si l'information était déjà connue, elle confirme que l'UCI a enfreint à l'occasion ses propres règles. La CIRC a surtout mis au jour le climat de proximité entre les présidents de l'UCI, surtout Hein Verbruggen (président depuis 2005), et Armstrong. "Le style de management de Hein Verbruggen a conduit à des erreurs majeures. L'image et le business du sport étaient placés avant l'intégrité, la transparence et l'honnêteté du sport", a jugé lundi M. Cookson.

Q: Quid du rapport Vrijman qui devait faire la lumière en 2005 sur le dopage d'Armstrong ?

R: La CIRC l'affirme, aucune preuve de corruption ne peut être apportée. A savoir une participation d'Armstrong au financement du rapport commandé par l'UCI pour enquêter sur les accusations de dopage du Texan lors de sa première victoire dans le Tour, en 1999. Mais la CIRC détaille les mensonges de l'UCI sur ce rapport censé être indépendant (et en réalité commandé à un proche de Verbruggen) et les contacts répétés entre la Fédération internationale et les représentants d'Armstrong qui ont pu expurger une partie du document final.

Q: Jusqu'où est allée la protection d'Armstrong ?

R: Il n'y a pas eu de contrôle positif caché, confirme la CIRC qui valide donc la position de M. Verbruggen et de son successeur Pat McQuaid sur ce sujet. L'affaire du contrôle du Tour de Suisse 2001, où Armstrong a frôlé le résultat positif, est détaillée par la commission d'enquête qui coupe court aux rumeurs alimentées par les déclarations d'anciens coéquipiers d'Armstrong (Hamilton, Landis). "L'UCI n'a pas essayé d'empêcher Lance Armstrong d'être testé à de nombreuses reprises", relève aussi la CIRC. Mais l'UCI a gardé les yeux fermés, sans chercher à vérifier les allégations de dopage concernant le Texan.

Q: Armstrong est-il un bouc émissaire ?

R: "Il ne peut y avoir l'ombre d'un doute que son comportement mérite une sanction sévère", estime la CIRC. Mais la commission souligne les inégalités dans les sanctions en matière de dopage et estime cette différence de traitement difficilement justifiable. "Le dopage pratiqué par Armstrong n'était pas différent de celui de beaucoup d'autres coureurs", affirme la CIRC qui contredit ainsi implicitement l'Usada (agence antidopage américain), laquelle avait évoqué le programme de dopage le plus sophistiqué de l'histoire du sport.

Q: Est-ce la fin d'un dopage généralisé et organisé par les équipes ?

R: Le dopage organisé au sein des équipes n'existe plus selon la CIRC, notamment grâce à l'introduction en 2008 du passeport biologique. "Je ne crois pas que 90% du peloton soit encore dopé comme l'a affirmé un témoin dans le rapport mais je crois qu'il y a encore un problème de dopage endémique dans le cyclisme", juge cependant M. Cookson. "Les pratiques de dopage ont évolué car les cyclistes se sont adaptés aux nouveaux tests" selon la CIRC pour laquelle la situation change et est devenue "plus opaque car les cyclistes sont forcés d'adopter des pratiques de dopage +underground+". La commission met ainsi en lumière d'autres techniques de dopage comme le microdosage, les thérapies à l'ozone, l'AICAR ou le GW1516 qui oxygène les muscles et même "différents efforts pour tricher grâce à des moyens techniques, comme des moteurs dans les cadres".

Source : AFP

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