L'Aveyronnais Hugo Matha donne un coup de griffe à la mode

  • Depuis un an, Hugo Matha s’est installé au cœur de Paris, rue Saint-Honoré, où il partage des bureaux avec trois autres jeunes entrepreneurs.
    Depuis un an, Hugo Matha s’est installé au cœur de Paris, rue Saint-Honoré, où il partage des bureaux avec trois autres jeunes entrepreneurs. Lola Cros
  • S’achève aujourd'huo la Fashion Week parisienne consacrée au prêt-à-porter. À cette occasion, Hugo Matha a présenté sa collaboration avec le gantier millavois Causse, propriété de la maison Chanel. De cette coopération «100% aveyronnaise» sont nés cinq modèles inédits, qui devraient être disponibles sous peu.
    S’achève aujourd'huo la Fashion Week parisienne consacrée au prêt-à-porter. À cette occasion, Hugo Matha a présenté sa collaboration avec le gantier millavois Causse, propriété de la maison Chanel. De cette coopération «100% aveyronnaise» sont nés cinq modèles inédits, qui devraient être disponibles sous peu. Repro CP
  • «Quand on crée, on n’imagine pas que l’objet sera vendu, on ne sait pas s’il plaira.»
    «Quand on crée, on n’imagine pas que l’objet sera vendu, on ne sait pas s’il plaira.» Lola Cros
  • S’il a commencé par associer le plexiglas à l’agneau, Hugo Matha a ensuite développé des cuirs et minéraux plus luxueux. «J’aime les limites qu’imposent ces matériaux forts et rigides. Les dompter est un challenge».
    S’il a commencé par associer le plexiglas à l’agneau, Hugo Matha a ensuite développé des cuirs et minéraux plus luxueux. «J’aime les limites qu’imposent ces matériaux forts et rigides. Les dompter est un challenge». Lola Cros
  • Dans sa «salle de réunion» transformée en atelier, l’Aveyronnais travaille lui-même sur les prototypes.
    Dans sa «salle de réunion» transformée en atelier, l’Aveyronnais travaille lui-même sur les prototypes. Lola Cros
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Lola Cros

Portrait. À tout juste 24 ans, l’enfant de Bruéjouls, passionné de mode, d’architecture et de design, a lancé sa marque éponyme en janvier dernier. Un an après, ses pochettes minérales et artisanales «made in France» cartonnent dans le monde.

De «véritables œuvres d’art», plus que des accessoires «des pièces de design»,«une ligne ultrachic, mêlant peaux exotiques, bois précieux et plexiglas dans un subtil jeu de matières». Il va sans dire que les pochettes de Hugo Matha ont mis tous les critiques de mode au diapason, faisant du jeune créateur «the one to watch»... comprenez le talent à suivre de près. Et s’il ne s’affiche pas encore sur tous les podiums, le jeune Aveyronnais impose sa griffe sans complexe dans le très élitiste milieu de la mode.

Shootings, interviews et cocktails rythment désormais ses «journées de malade». Car depuis ses premiers pas dans le vignoble familial, le petit prodige a fait un sacré bout de chemin. Après deux ans au lycée de la mode de Cholet, une licence décrochée à la prestigieuse école parisienne Duperré, un stage à Shanghai et quelques mois passés sous l’aile du créateur Jean-Charles de Castelbajac, le voilà enfin débarrassé des cours et installé à Paris.

«Quand on crée, on n’imagine pas que l’objet sera vendu, on ne sait pas s’il plaira.»
«Quand on crée, on n’imagine pas que l’objet sera vendu, on ne sait pas s’il plaira.» Lola Cros

«Et c’est parti !»

«Je ne connaissais personne en arrivant, confie Hugo Matha. Mais tout est allé très vite. Quand on est sympa, passionné, jeune, et avec un accent du Sud… se faire un réseau, c’est presque facile !» À tout juste 24 ans, l’enfant de Bruéjouls n’imaginait pas percer si vite, un an à peine après le lancement de sa marque «Hugomatha». On se rappelle encore de cet ado à la gueule d’ange mordu de mode, remarqué dès le lycée pour son culot et son talent, qui organisait castings et défilés aux Archives puis au Haras national de Rodez.

Celui-là même à qui Jean-Claude Luche, président du conseil général, prédisait un «grand avenir», il y a tout juste trois ans. «Tout s’est enchaîné en quelques mois, reconnaît le jeune homme. Au début, je ne voulais pas faire que de l’accessoire. Lors de la présentation d’une collection de prêt-à-porter, les prototypes de mes pochettes en plexiglas ont beaucoup plu. On m’a dit qu’elles allaient faire un carton… C’est à ce moment-là que j’ai décidé de les développer en bimatière. Et c’est parti !»

S’il a commencé par associer le plexiglas à l’agneau, Hugo Matha a ensuite développé des cuirs et minéraux plus luxueux. «J’aime les limites qu’imposent ces matériaux forts et rigides. Les dompter est un challenge».
S’il a commencé par associer le plexiglas à l’agneau, Hugo Matha a ensuite développé des cuirs et minéraux plus luxueux. «J’aime les limites qu’imposent ces matériaux forts et rigides. Les dompter est un challenge». Lola Cros

«J’ai de très bonnes étoiles»

Bien parti, en effet. Il se souvient encore de ce 7 juillet 2014, date à laquelle il a découvert ses créations dans les vitrines du très chic «concept store» de la rue Saint-Honoré, Colette. «Les voir à côté de Dior et Chanel… C’est une véritable consécration, concède le jeune homme qui a déjà conquis Séoul, Hong Kong, Singapour et l’Arabie Saoudite, les joues rougies par l’émotion. Et puis, la pression reprend le dessus. Quand on crée, on n’imagine pas que l’objet sera vendu, on ne sait pas s’il plaira.»

Finalement, c’est sa plus chère pochette qui s’est envolée la première (1). «Si je réfléchis à mon histoire, j’en perds les pédales. Alors j’évite de me poser ces questions-là, et je fonce. Je me dis juste que j’ai de très bonnes étoiles au-dessus de moi. Sûrement plus d’une !», rigole-t-il, bien décidé à garder spontanéité et naïveté.

Dans sa «salle de réunion» transformée en atelier, l’Aveyronnais travaille lui-même sur les prototypes.
Dans sa «salle de réunion» transformée en atelier, l’Aveyronnais travaille lui-même sur les prototypes. Lola Cros

«Je veux des produits exceptionnels» 

Chaque pièce est pensée comme une création unique, synonyme de luxe. Agneau, croco, iguane, cuirs, ardoise, gré rouge (en l’honneur de Bruéjouls, évidemment), plexiglas, noyer et autres bois… Le jeune homme jongle sans cesse -et sans colle- sur les couleurs et matières. Le résultat? Des objets à part entière, «qui restent et se transmettent de mère en fille».

À contresens de tendances éphémères, d’une mode de consommation. «Comme un couteau Laguiole ou un Birkin (sac de la maison Hermès, NDRL) que l’on ne jettera jamais !» De son travail jaillit son attachement viscéral au terroir, à l’artisanat local, aux matières nobles et naturelles. «Ma marque est une véritable déclaration d’amour aux traditions de l’artisanat français, explique Hugo Matha. Après un an passé en Chine, j’ai vu de près les productions en quantités astronomiques. Là, je me suis rendu compte que ce n’est pas ce que je voulais faire. Je veux des produits uniques, exceptionnels, “made in France”. Maintenant cela me tient à cœur de ne pas fabriquer n’importe où», raconte le créateur. Et s’il se fournit en Aveyron pour le plexiglas et les vis, dans le Tarn pour le cuir, et en Normandie pour le bois, Hugo Matha n’en oublie pas son rêve: installer un atelier «ici», sur ses terres.

S’achève aujourd'huo la Fashion Week parisienne consacrée au prêt-à-porter. À cette occasion, Hugo Matha a présenté sa collaboration avec le gantier millavois Causse, propriété de la maison Chanel. De cette coopération «100% aveyronnaise» sont nés cinq modèles inédits, qui devraient être disponibles sous peu.
S’achève aujourd'huo la Fashion Week parisienne consacrée au prêt-à-porter. À cette occasion, Hugo Matha a présenté sa collaboration avec le gantier millavois Causse, propriété de la maison Chanel. De cette coopération «100% aveyronnaise» sont nés cinq modèles inédits, qui devraient être disponibles sous peu. Repro CP

(1) Les prix oscillent entre 650 et 15 000€.

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