Portrait. À tout juste 24 ans, l’enfant de Bruéjouls, passionné de mode, d’architecture et de design, a lancé sa marque éponyme en janvier dernier. Un an après, ses pochettes minérales et artisanales «made in France» cartonnent dans le monde.
De «véritables œuvres d’art», plus que des accessoires «des pièces de design»,«une ligne ultrachic, mêlant peaux exotiques, bois précieux et plexiglas dans un subtil jeu de matières». Il va sans dire que les pochettes de Hugo Matha ont mis tous les critiques de mode au diapason, faisant du jeune créateur «the one to watch»... comprenez le talent à suivre de près. Et s’il ne s’affiche pas encore sur tous les podiums, le jeune Aveyronnais impose sa griffe sans complexe dans le très élitiste milieu de la mode.
Shootings, interviews et cocktails rythment désormais ses «journées de malade». Car depuis ses premiers pas dans le vignoble familial, le petit prodige a fait un sacré bout de chemin. Après deux ans au lycée de la mode de Cholet, une licence décrochée à la prestigieuse école parisienne Duperré, un stage à Shanghai et quelques mois passés sous l’aile du créateur Jean-Charles de Castelbajac, le voilà enfin débarrassé des cours et installé à Paris.
«Et c’est parti !»
«Je ne connaissais personne en arrivant, confie Hugo Matha. Mais tout est allé très vite. Quand on est sympa, passionné, jeune, et avec un accent du Sud… se faire un réseau, c’est presque facile !» À tout juste 24 ans, l’enfant de Bruéjouls n’imaginait pas percer si vite, un an à peine après le lancement de sa marque «Hugomatha». On se rappelle encore de cet ado à la gueule d’ange mordu de mode, remarqué dès le lycée pour son culot et son talent, qui organisait castings et défilés aux Archives puis au Haras national de Rodez.
Celui-là même à qui Jean-Claude Luche, président du conseil général, prédisait un «grand avenir», il y a tout juste trois ans. «Tout s’est enchaîné en quelques mois, reconnaît le jeune homme. Au début, je ne voulais pas faire que de l’accessoire. Lors de la présentation d’une collection de prêt-à-porter, les prototypes de mes pochettes en plexiglas ont beaucoup plu. On m’a dit qu’elles allaient faire un carton… C’est à ce moment-là que j’ai décidé de les développer en bimatière. Et c’est parti !»
«J’ai de très bonnes étoiles»
Bien parti, en effet. Il se souvient encore de ce 7 juillet 2014, date à laquelle il a découvert ses créations dans les vitrines du très chic «concept store» de la rue Saint-Honoré, Colette. «Les voir à côté de Dior et Chanel… C’est une véritable consécration, concède le jeune homme qui a déjà conquis Séoul, Hong Kong, Singapour et l’Arabie Saoudite, les joues rougies par l’émotion. Et puis, la pression reprend le dessus. Quand on crée, on n’imagine pas que l’objet sera vendu, on ne sait pas s’il plaira.»
Finalement, c’est sa plus chère pochette qui s’est envolée la première (1). «Si je réfléchis à mon histoire, j’en perds les pédales. Alors j’évite de me poser ces questions-là, et je fonce. Je me dis juste que j’ai de très bonnes étoiles au-dessus de moi. Sûrement plus d’une !», rigole-t-il, bien décidé à garder spontanéité et naïveté.
«Je veux des produits exceptionnels»
Chaque pièce est pensée comme une création unique, synonyme de luxe. Agneau, croco, iguane, cuirs, ardoise, gré rouge (en l’honneur de Bruéjouls, évidemment), plexiglas, noyer et autres bois… Le jeune homme jongle sans cesse -et sans colle- sur les couleurs et matières. Le résultat? Des objets à part entière, «qui restent et se transmettent de mère en fille».
À contresens de tendances éphémères, d’une mode de consommation. «Comme un couteau Laguiole ou un Birkin (sac de la maison Hermès, NDRL) que l’on ne jettera jamais !» De son travail jaillit son attachement viscéral au terroir, à l’artisanat local, aux matières nobles et naturelles. «Ma marque est une véritable déclaration d’amour aux traditions de l’artisanat français, explique Hugo Matha. Après un an passé en Chine, j’ai vu de près les productions en quantités astronomiques. Là, je me suis rendu compte que ce n’est pas ce que je voulais faire. Je veux des produits uniques, exceptionnels, “made in France”. Maintenant cela me tient à cœur de ne pas fabriquer n’importe où», raconte le créateur. Et s’il se fournit en Aveyron pour le plexiglas et les vis, dans le Tarn pour le cuir, et en Normandie pour le bois, Hugo Matha n’en oublie pas son rêve: installer un atelier «ici», sur ses terres.
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