Dans un récent article, Le Monde s’inquiétait des Villes minées par le logement vacant. Un phénomène préoccupant amplifié selon le titre par les effets pervers des programmes de défiscalisations. Sur la base des données publiées par l’Insee, 42 communes de plus de 8500 habitants affichent un taux de vacance supérieur à 12%. En Aveyron, Rodez avec 1800 logements inoccupés est de celles-là. Doit-on pour autant s’inquiéter ? L’Agglo répond.
Le Grand Rodez peine à retenir ses actifs
Pour commencer, un constat. Entre 1999 et 2011, la population ruthénoise a diminué de 560 habitants tandis que le centre ancien perdait à lui seul 400 habitants, soit 20% de sa population. Malgré ses 1800 logements vacants, le Grand Rodez peine à retenir ses actifs qui pour 38% d’entre eux résident aujourd’hui à l’extérieur de l’agglomération. Dans le même temps, le Grand Rodez a vu s’édifier 4000 logements locatifs privés (la moitié à Bourran) construits à la faveur de programmes de défiscalisation (loi De Robien notamment). Doit-on y voir un lien de cause à effet? Non, répond le président du Grand Rodez. «Si le constat est vrai, la démonstration ne tient pas. Rodez a subi effectivement les conséquences d’un dynamisme fort des programmes immobiliers. Mais le taux de vacance dans le centre ancien est à peu près identique aujourd’hui qu’il y a 10 ans.»
Causes structurelles
Si l’offre de logements neufs, notamment à Bourran, a contribué à déqualifier l’offre existante dans le centre ancien, pour Christian Teyssèdre, le phénomène ne concerne pas la seule agglomération ruthénoise. «La problématique de la vacance des logements est propre à l’ensemble des villes moyennes. Les causes sont structurelles. Un parc vieillissant et inadapté aux attentes modernes, une attirance des ménages pour le périurbain, un foncier peu cher en périphérie et une fiscalité concurrentielle» plutôt défavorable à la préfecture aveyronnaise.
Politique urbaine de «reconquête»
Devant cette problématique, la communauté d’agglomération du Grand Rodez mise désormais sur la cohérence des politiques de l’urbanisme et sur la reconquête du parc de logements des centres anciens. Le Plan Local d’urbanisme pour la période 2013-2018 doit permettre de «maintenir, à minima, la population à Rodez». On estime en effet, que pour «fixer» la population ruthénoise, il faut construire 380 logements par an. Une grosse moitié étant destinée à l’accueil de nouvelle population, le reste étant lié au phénomène de desserrement des ménages (séparations etc).
Manier la carotte et le bâton
Du côté de l’ancien, l’Agglo compte également inciter les propriétaires à remettre leurs logements «en état d’habitabilité». Plusieurs dispositifs pour une enveloppe totale de l’ordre de 4,5M (Anah, Etat, région, Agglo, Ville), ont été mis en place sur la période. Une opération d’amélioration de l’habitat et du renouvellement urbain (OPAH-RU) se donne comme objectif de remobiliser 125 logements vacants sur les 500 recensés dans l’hyper-centre.
Priorité à 7 immeubles
Résolument incitatives, ces aides à destinations des propriétaires (occupants et bailleurs) pourraient cependant revêtir, dans certains cas, un caractère plus coercitif. Pour «contraindre» certains «propriétaires récalcitrants» à la rénovation de leurs biens, une autre opération dite de restauration immobilière (Ori) est engagée sur 7 immeubles du centre-ville de Rodez. L’Agglo réfléchit également à instaurer une taxe sur les logements vacants. «D’autres villes l’ont fait, elles n’ont sans doute pas tort», s’interroge Christian Teyssèdre.
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