Valls dit sa "peur" face à un FN en mesure de gagner en 2017

  • Manuel Valls à Cachan (Val-de-Marne) le 4 mars 2015
    Manuel Valls à Cachan (Val-de-Marne) le 4 mars 2015 AFP/Archives - Thomas Samson
  • La présidente du Front National, Marine Le Pen à Paris le 26 février 2015
    La présidente du Front National, Marine Le Pen à Paris le 26 février 2015 AFP/Archives - Miguel Medina
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Centre Presse Aveyron

Manuel Valls, qui entend rester à Matignon quelle que soit l'issue des élections départementales fin mars, a fait part dimanche de "sa peur" face aux gros scores promis par les sondages au FN, des déclarations critiquées à droite comme à gauche.

La presse de lundi comprend les propos du Premier ministre mais pense qu'ils seront "sans grands effets" sur la mobilisation des électeurs notamment de gauche, à quinze jours du premier tour des élections départementales.

Le Premier ministre a dit assumer le fait de recourir à la "stigmatisation" du parti de Marine Le Pen, crédité de près de 30% des intentions de vote pour le scrutin des 22 et 29 mars, et qui mènerait selon lui la France à la "ruine".

"Je n'ai pas peur pour moi, a déclaré M. Valls, dimanche lors d'une interview sur I-Télé/Europe 1/Le Monde. "J'ai peur pour mon pays, j'ai peur qu'il se fracasse contre le Front national", a-t-il dit, en lançant un appel à la mobilisation électorale.

"Mon angoisse, puis-je vous parler de mon angoisse, de ma peur pour le pays? C'est le FN à 30%, pas au deuxième tour, mais au premier tour des élections départementales", a-t-il expliqué.

Celui qui avait déjà décrit en septembre un FN "aux portes du pouvoir", a rappelé que la formation d'extrême droite "était déjà le premier parti de France aux élections européennes. Il peut l'être de nouveau à l'occasion des élections départementales", a-t-il prédit.

Selon plusieurs sondages publiés ces dernières semaines, le FN est au coude à coude avec l'UMP-UDI, plusieurs points devant le PS.

"Je revendique la stigmatisation de Marine Le Pen, le FN n'apporte aucune solution, ni pour les départements, ni pour le pays (...) et en plus c'est un programme qui jettera les Français les uns contre les autres", a martelé M. Valls.

"Est-ce que vous ne pensez pas qu'un Front national qui fait 25% aux élections européennes, peut-être 30% aux départementales, et ainsi de suite, ne peut pas gagner l'élection présidentielle? Pas en 2022, pas en 2029, mais en 2017", a-t-il mis en garde.

Jeudi soir, il avait dénoncé lors d'un meeting en Haute-Vienne un "endormissement généralisé" face à la montée du FN, notamment parmi les intellectuels.

Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan a jugé sur Radio J "extravagantes" ces déclarations et accusé le chef du gouvernement de "surjouer" le danger FN.

L'ex-ministre UMP Rachida Dati s'est dite elle aussi "très choquée" par ces propos qui risquent de "faire monter" la formation d'extrême droite.

"Vocabulaire inadapté", a taclé le président du MoDem, François Bayrou, dénonçant en particulier la "stigmatisation" de Mme Le Pen revendiquée par M. Valls. "Si vous voulez faire monter le Front national, vous faites ça: vous allez à la télévision et vous dites +je vous stigmatise+", a regretté M. Bayrou.

- 'Un peu de délire' -

Même tonalité chez Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, pour qui on ne répond pas au FN "par l'angoisse" mais plutôt par la "bataille politique".

Xavier Bertrand, candidat à la primaire UMP de 2016, a lui raillé un Premier ministre adepte de la "formule choc" plutôt que de l'action concrète.

Le président d'honneur du FN, Jean-Marie Le Pen, est allé sur Europe 1 jusqu'à dénoncer une "phraséologie (...) assez fasciste" de la part de M. Valls, jugeant qu'il y avait "un peu de délire" dans de tels propos.

Interrogé par ailleurs sur le fait de savoir s'il resterait en poste en cas d'échec lors des départementales, un an après sa nomination à Matignon, Manuel Valls a répondu: "Sans aucun doute".

"Je continuerai la mission que m'a confiée le président de la République, celle de réformer le pays. Mais ça n'est pas la question que se posent les Français", a-t-il dit.

Le FN est immédiatement monté au créneau pour dire que M. Valls mettait au contraire "en jeu" son poste de Premier ministre lors des départementales.

"L’implication si prononcée et personnelle de Manuel Valls dans la campagne des départementales, au point d’en oublier ses obligations de chef du gouvernement en charge de la politique de la France, ne saurait être sans conséquence pour son avenir politique", a dénoncé le FN dans un communiqué.

Source : AFP

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