Laguiole : les bœufs primés d’Aubrac iront en région parisienne

  • Pour ces enchères, menées par Émilie Delbert, la société SVA, missionnée pour Intermarché, a raflé la mise.
    Pour ces enchères, menées par Émilie Delbert, la société SVA, missionnée pour Intermarché, a raflé la mise. Philippe Routhe
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Philippe Routhe

Événement. 195 animaux ont été vendus samedi à l’occasion du 16e Festival des bœufs gras de Pâques de Laguiole. Une vente de plus en plus courue, notamment par les grandes enseignes.

Il fallait s’y attendre. Pour la première fois, les deux bœufs primés à Laguiole termineront dans des assiettes de particuliers de la région parisienne. Deux propriétaires de magasin de l’enseigne Intermarché avaient spécialement fait le déplacement, samedi.

Un bœuf, après avoir patiemment brouté l’herbe du pays, est ainsi parti à Lisses, dans l’Essonne, et l’autre à Saint-Thibault, tout près de Disneyland. L’acheteur, missionné par l’industriel SVA, fournisseur des Intermarché, avait pour ainsi dire un crédit illimité. Une bête est partie à 15,50 euros/kilo, l’autre à 14,40 euros/kilo. Des éleveurs se tapaient la tête à l’annonce du prix. Pour avoir une idée, le premier prix des autres bœufs en vente hier tournait entre 6 et 7 euros. « Quarante francs » comme on dit encore dans ces marchés, en roulant les « r ».

Mais il n’y avait pas que des accents chantants ou rocailleux, hier, du côté du foirail de Laguiole. Il y avait aussi des accents un peu pointus. Comme celui de Maurice Gabriel.

Conquet, Arcadie, Jean-Rozé, Bigard et les autres

Il est le patron de l’Intermarché de Saint-Thibault, pas loin de chez Mickey. Il connaît bien la région. Son père est originaire d’Aubin. Il a entendu les regrets de quelques Aubraciens. « Pour nous, c’est aussi une manière de marquer notre indépendance vis-à-vis d’autres enseignes commerciales beaucoup plus grandes. Nous sommes de petits patrons ».

Il avance aussi l’importance qu’il accorde à son rayon boucherie. « À Paris, au Salon de l’agriculture, j’ai acheté une blonde d’Aquitaine, celle qui a eu le deuxième prix » raconte-t-il, en montrant la photo de la bête, prise avec son téléphone. Preuve d’un intérêt non feint, Maurice Gabriel a également souhaité voir l’exploitation du propriétaire du bœuf fermier aubrac.

Mais ces deux enchères ne sont que la partie « folklorique » de la vente de cette seizième édition. Car au total, ce sont 195 bêtes qui étaient la proie des acheteurs samedi après-midi. « Des bêtes qui ont toutes la particularité d’être présentées par des éleveurs engraisseurs. Elles ne proviennent pas d’un premier marché » souligne Henry Peyrac, patron de la race aubrac.

Des bêtes qui en majorité partiront chez SVA-Jean Rozé (Intermarché), Bigard (Auchan), Arcadie ou, naturellement, Lucien Conquet, le plus gros acheteur de la place. Au total, une vingtaine d’acheteurs se sont partagé la crème de la race aubrac. Sans pour autant faire de bruit. C’est le cas pour Fabien Mazars, patron de Simply Market, de Laguiole. Depuis la première manifestation, il y 16 ans, il y achète des bêtes pour son magasin. Hier, il a acheté deux bœufs et deux génisses. « Sans vraiment négocier », sourit-il. « Ce sont des clients, Et c’est un juste retour des choses ».

Tout à fait dans l’esprit de ce rendez-vous, marqué hier soir par la grande fête du bœuf au comptoir. Aujourd’hui, cela continue notamment par le défilé et la bénédiction des bêtes. Toutes les bêtes, même celles qui vont s’égarer en région parisienne !

 

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