Brésil: Rousseff promet "dialogue" et "humilité" après les manifestations de dimanche

  • Manifestation contre la présidente Dilma Rousseff à Sao Paulo le 15 mars 2015
    Manifestation contre la présidente Dilma Rousseff à Sao Paulo le 15 mars 2015 AFP/Archives - Nelson Almeida
  • Manifestation contre la présidente Dilma Rousseff à Manaus le 15 mars 2015
    Manifestation contre la présidente Dilma Rousseff à Manaus le 15 mars 2015 AFP - Raphael Alves
  • Manifestation contre la présidente Dilma Rousseff à Porto Alegre le 15 mars 2015
    Manifestation contre la présidente Dilma Rousseff à Porto Alegre le 15 mars 2015 AFP/Archives - Vinicius Costa
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Centre Presse Aveyron

Fragilisée par le scandale de corruption Petrobras et la crise économique, la présidente brésilienne de gauche Dilma Rousseff a promis lundi de "dialoguer" avec "humilité" au lendemain d'imposantes manifestations dirigées contre elle, cinq mois après sa réélection.

"Le gouvernement a l'obligation d'entamer un dialogue" a déclaré la présidente lors d'une conférence de presse à Brasilia, au cours de laquelle elle a fermement défendu les récentes mesures d'austérité budgétaire qui divisent son propre camp.

Selon la police militaire, 1,7 million de Brésiliens, dont un million dans la seule capitale économique Sao Paulo, ont manifesté dimanche dans tout le pays contre la présidente, réélue de justesse en novembre pour un second mandat.

De nombreux manifestants ont réclamé sa destitution au motif qu'elle ne pouvait selon eux ignorer le vaste système de corruption mis à jour par la justice au sein du géant pétrolier étatique Petrobras et les pots de vins versés à des membres de sa coalition.

Minoritaires, certains ont même réclamé une intervention militaire pour mettre fin à 12 ans de pouvoir du Parti des travailleurs (PT, gauche), 30 ans jour pour jour après le rétablissement de la démocratie au Brésil.

"Hier, quand j'ai vu des centaines de milliers de citoyens manifester, je n'ai pu m'empêcher de penser que cela a valu la peine de lutter pour cette liberté", a souligné l'ex-guerillera torturée sous la dictature militaire.

"Mon engagement est de gouverner le pays pour les 200 millions de Brésiliens", a ajouté la présidente.

Elle s'est assurée ainsi disposée à dialoguer "avec tous ceux qui y seront disposés" pour négocier au parlement une "large réforme politique", et un paquet de mesures contre "l'impunité" qu'elle doit présenter dans les prochains jours.

Critiquée dans ses propres rangs, la présidente s'est également lancée dans un long plaidoyer en faveur des mesures d'austérité budgétaires qu'elle a lancées en janvier, en contradiction avec ses promesses électorales de l'automne.

"Nous devons effectuer un effort cette année", car la situation économique s'est dégradée plus que prévue fin 2014 et que les coûteuses mesures de soutien à l'économie adoptées pendant son premier mandat "se sont épuisées", a-t-elle souligné.

Au moment même où elle s'exprimait, le parquet fédéral a officiellement mis en cause pour "corruption" et "blanchiment d'argent" le trésorier de son parti, Joao Vaccari, dans l'affaire Petrobras.

M. Vaccari a "demandé qu'une partie des pots-de-vin (versés par Petrobras) soient payés à travers des donations électorales", soit 24 versements en 18 mois pour un montant total de 4 millions de réais (environ 1,2 million d'euros environ), a déclaré le procureur Deltan Dallagnol.

"Nous avons la preuve que Joao Vaccari Neto avait conscience que ces paiements constituaient des pots-de-vin", a ajouté le magistrat.

La camp gouvernemental a été visiblement pris de cours par l'ampleur des manifestations de dimanche convoquées sur les réseaux sociaux par trois mouvements officiellement apolitiques, mais au discours proche de celui de la droite.

A la différence de la fronde sociale historique de juin 2013 qui stipendiait l'ensemble de la classe politique, les manifestants de dimanche s'en sont uniquement pris à l'héritière politique de l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010).

- 'Très grande frustration' -

La présidente a remporté de peu l'élection de 2014, très polarisée et marquée par de vives attaques personnelles avec son adversaire du second tour, le sénateur de Aecio Neves.

"Une partie de l'opinion estime que ce résultat lui confère une moindre légitimité. Il existe une très grande frustration liée à ce processus électoral, attisée par la corruption et la détérioration économique", analyse le politologue Michael Mohallem interrogé par l'AFP.

Mme Rousseff a vu chuter sa popularité de 19 points en février, à seulement 23%.

Les organisateurs des marches de dimanche ont appelé à manifester de nouveau le 12 avril.

Les conditions juridiques d'une destitution semblent loin d'être réunies.

Mais Dilma Rousseff est confrontée à des difficultés politiques immédiates et sérieuses dans son propre camp.

En sourdine, certains secteurs du PT lui reprochent son manque de capacité d'articulation avec son puissant et indiscipliné allié centriste PMDB, de plus en plus enclin à bloquer ses projets au Parlement.

Certains médias évoquent une dégradation de ses relations avec Lula, qui souhaiterait pouvoir se représenter, en conditions de l'emporter, à la présidentielle de 2018.

Source : AFP

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