Le Ring de Vienne, l'un des plus célèbres boulevards d'Europe, a 150 ans

  • La mairie de Vienne, oeuvre de  l'architecte autrichien Friedrich von Schmidt (1825-1891), le 3 février 2015
    La mairie de Vienne, oeuvre de l'architecte autrichien Friedrich von Schmidt (1825-1891), le 3 février 2015 AFP - Joe Klamar
  • Photo du parlement autrichien à Vienne conçu par l'architecte danois Theophil Hansen (construit de 1874 à 1883), prise le 3 février 2015 Photo du parlement autrichien à Vienne conçu par l'architecte danois Theophil Hansen (construit de 1874 à 1883), prise le 3 février 2015
    Photo du parlement autrichien à Vienne conçu par l'architecte danois Theophil Hansen (construit de 1874 à 1883), prise le 3 février 2015 AFP - Joe Klamar
  • Photo du Burgtheater de Vienne conçu par les architectes Gottfried Semper (1803-1879) et Karl von Hasenauer (1833-1894), prise le 3 février 2015
    Photo du Burgtheater de Vienne conçu par les architectes Gottfried Semper (1803-1879) et Karl von Hasenauer (1833-1894), prise le 3 février 2015 AFP - Joe Klamar
  • Photo du parlement autrichien à Vienne conçu par l'architecte danois Theophil Hansen (construit de 1874 à 1883), prise le 3 février 2015
    Photo du parlement autrichien à Vienne conçu par l'architecte danois Theophil Hansen (construit de 1874 à 1883), prise le 3 février 2015 AFP - Joe Klamar
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Centre Presse Aveyron

Cinq kilomètres de beauté ornant le centre de Vienne comme un collier précieux: le Ring, l'un des plus célèbres boulevards d'Europe, fête ses 150 ans.

La capitale de l'Autriche marque cet anniversaire avec plusieurs expositions, qui rappellent combien cette large voie en demi-cercle a marqué l'histoire de la ville, pour le meilleur et pour le pire.

Avant d'être l'une des principales attractions touristiques d'une ville qui en compte beaucoup, le Ring (l'anneau en allemand) a été le rêve d'un homme, François-Joseph.

L'empereur d'Autriche-Hongrie proclame en 1857 que sa capitale a besoin d'une transformation reflétant sa richesse et son rayonnement.

L'énorme muraille enserrant la ville tombe. Ses glacis avaient découragé deux armées d'invasion turques - mais pas celles de Napoléon.

- Carte blanche aux architectes -

Vienne l'impériale s'inspire du projet contemporain du baron Haussmann pour Paris, et de la transformation de Munich par Louis Ier de Bavière.

On dépense sans compter, mobilisant les meilleurs architectes, tels que Gottfried Semper, Theophil Hansen ou Heinrich von Ferstel. Et on leur donne carte blanche, sur le thème lâche de l'histoire de l'architecture.

Place à l'Hôtel de ville néogothique, à l'université néo-Renaissance, à l'opéra néoromantique et au parlement néoclassique...

S'y ajoutent l'imposant Burgtheater, les édifices jumeaux du Muséum d'histoire naturelle et du Musée d'Histoire de l'art, l'extension du palais impérial de la Hofburg, l'église Votive et le ministère de la Guerre. Tous ces bâtiments si différents composent une atmosphère monumentale unique, qui n'a pas cessé depuis d'être acclamée.

Le Ring, que l'on découvre le mieux à bord d'un des tramways qui le parcourent sans cesse, "c'est un musée de l'architecture", dit à l'AFP l'historien Ranald Franz, du Musée des Arts appliqués (MAK). "Il servait à dire au monde entier que la ville était une métropole internationale".

Et le Ring, de fait, a servi de scène principale à l'âge d'or de Vienne, vers 1900. Ses cafés légendaires sont les ports d'attache de l'élite intellectuelle, du compositeur Gustav Mahler (1860-1911) au père de la psychanalyse Sigmund Freud (1856-1939), en passant par le peintre Gustav Klimt (1862-1918) et tant d'autres.

- De Mahler, Freud et Klimt... -

Entre les monuments publics s'érigent de somptueux palais privés, bâtis par une nouvelle classe enrichie par l'industrialisation rapide de l'empire. Nombre de ces nantis sont juifs, comme la famille de banquiers Ephrussi, dont l'ancienne demeure abrite aujourd'hui une banque.

Mais comme l'explique Gabriele Kohlbauer-Fritz, commissaire de la future exposition "Le Ring, un boulevard juif" organisée au Musée juif de Vienne, cette richesse n'est qu'une façade pour la ville.

"A côté du merveilleux Ring, les masses devaient lutter pour survivre, juifs et non-juifs réunis", rappelle-t-elle.

La plupart des briques employées pour les immeubles stuqués du Ring étaient produites dans de grandes usines où les ouvriers, souvent des Tchèques, trimaient pour un salaire de misère, quinze heures par jour et sept jours sur sept.

Leurs conditions de vie dramatiques et le ressentiment éprouvé par les oubliés de la Révolution industrielle allaient nourrir l'antisémitisme, explique l'historienne.

- ...à Hitler -

Le Ring sera aussi symboliquement choisi par Adolf Hitler pour célébrer le rattachement de son pays natal à l'Allemagne nazie, lors de l'Anschluss de 1938. Le dictateur s'était longuement fait acclamer par une foule en liesse depuis le balcon de la Hofburg.

Quelques années plus tôt, il avait confié dans ses écrits l'"émerveillement" qui l'avait saisi à sa découverte du boulevard en 1906, alors qu'il n'était qu'un jeune provincial, évoquant "une scène des Mille et une nuits".

Par la suite, alors qu'il résidait dans un foyer pour indigents, le futur architecte du génocide des Juifs avait souvent peint les immeubles du boulevard pour subsister. Après avoir échoué par deux fois au concours d'entrée de l'Académie des Beaux-Arts -- qui jouxte le Ring.

Source : AFP

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