Aux portes de Rodez, l’aqueduc romain rejaillit

L’agenda des fouilles aux portes de Rodez est le fruit de belles coïncidences. Souvenez-vous l’été dernier. Une partie de l’actualité acrchéologie en Aveyron était consacrée à la mise au jour de quelques mètres de l’aqueduc romain qui relie Vors à Rodez.

Cela, à la faveur de fouilles préventives organisées sur les parcelles de la future RN88 entre Baraqueville et les Les Molinières. Six mois plus tard, cet aqueduc du Ier siècle fait à nouveau l’actualité. Cette fois-ci à Luc-la-Primaube. A la Boissonnade exactement. Ce, toujours dans le cadre de fouilles préventives, mais à la faveur cette fois-ci de la réalisation d’une future zone d’activité.

Et, c’est là tout le charme de l’archéologie, la trouvaille donne plus que jamais le sourire à Philippe Gruat, le directeur du service départemental d’archéologie. Car les tronçons déterrés, dont un particulier, sont dans un état exceptionnel et recèlent de nouvelles informations sur ce véritable travail de romains !

Il y a près de deux mille ans

«Jamais nous n’avons vu l’aqueduc dans cet état-là aux portes de Rodez» s’enthousiasme Philippe Gruat. Les informations déterrées sont même venues confirmer les théories avancées par l’archéologue aveyronnais. Notamment lorsqu’il observe le mortier, qui ne représente pas seulement la base de la canalisation, mais également les côtés des conduits. «On en a découpé une partie pour l’analyser, mais on a eu du mal !» sourit le directeur du service, soulignant le remarquable travail effectué, il y a près de deux mille ans. En établissant de nouvelles lignes de niveau, les archéologues vont obtenir des précisions sur l’architecture de l’aqueduc.

«Opération fructueuse»

De même, la découverte de charbons de bois va permettre d’effectuer une datation. La dernière fois qu’une partie de l’aqueduc avait été mise au jour, c’est au milieu du XIXe siècle. Mais pas pour des raisons scientifiques. A cette époque-là, de grands travaux de remise en état des canalisations amenant l’eau à Rodez sont entrepris. Le tracé de l’aqueduc romain sert alors de base de travail, mais quelques virages sont coupés. A certains endroits, le tronçon antique est même démoli. Ainsi, sur le terrain de la Boissonnade, les archéologues ont déterré un bout d’aqueduc bien préservé et un autre pour lequel il ne reste que la base. 

De ces fouilles, une restitution en trois dimensions sera effectuée ainsi que diverses publications. «C’est une opération fructueuse», sourit Philippe Gruat. D’autant qu’un travail en bonne intelligence a pu être mené avec l’aménageur du terrain. Ainsi, outre le fait que les équipes du service départemental d’archéologie ont pu agir rapidement afin de ne pas retarder l’avancée des travaux, l’aménagement de la zone a été pensée pour permettre l’accès à ces tronçons dans les années futures. En attendant, la semaine prochaine, les parties de l’aqueduc mises au jour seront protégées par du géotextile avant d’être rebouchées. Quant aux passionnés des ouvrages romains, tels ces aqueducs, ils auront matière à compléter leur savoir.