Mobilisation générale pour le second tour

  • Le spectre de l’isoloir vide habite tous les candidats, de droite comme de gauche.
    Le spectre de l’isoloir vide habite tous les candidats, de droite comme de gauche. JAT
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Christophe Cathala

Départementales. Faire échec à l’abstention, inviter les électeurs à rester fidèles par tous les moyens, veiller au juste report des voix... Les candidats qui restent en lice sont nécessairement sous pression.

Quelles que soient leurs tendances politiques, les candidats redoutent par-dessus tout l’abstention, surtout au second tour. Et multiplient les appels à la mobilisation des électeurs sur le ton de la supplique : «Ne nous laissez pas tomber !», peut-on entendre en substance. Il faut dire que ceux qui arrivent en tête au premier tour ont besoin de voir leur avance confirmée au second.

Selon eux, leurs électeurs auraient tendance à considérer que la partie est gagnée et qu’il n’est guère utile de se déplacer à nouveau aux urnes. Pour les candidats les moins bien placés, il est urgent en revanche de convaincre ceux qui sont susceptibles de leur apporter leurs suffrages-et qui ne se sont pas déplacés au premier tour-de le faire au second, car «tout reste jouable». Il suffit que l’un des deux camps se mobilise plus que l’autre pour rebattre les cartes et faire mentir les ballottages favorables.

Le sacro-saint report des voix

Et puis aussi, tous les citoyens qui ont confié leur voix à un binôme battu dimanche dernier sont invités à ne pas baisser les bras dimanche prochain: il y en a bien un, parmi ces binômes toujours en lice, qui est proche des convictions que l’on a pu exprimer au premier tour. Là, intervient le sacro-saint report des voix sans lequel les seconds tours ressembleraient à des chambres d’enregistrement. Entre le jeu des alliances de l’entre-deux tours qui anime les candidats qui s’effacent et ceux qui demeurent, et la liberté des électeurs dont on mesure à chaque scrutin le mystérieux fonctionnement, le second tour n’est jamais avare de surprises.

Dans ce report des voix qui mobilise les calculettes des analystes, on ne peut pas ignorer le ressenti du citoyen face aux divisions de la gauche ou de la droite, que les candidats tentent désespérément de masquer. Entre les courants internes, les extrêmes, le centre, les fronts d’ici ou là, remontent à la surface les haines recuites qui n’ont d’autre but que de faire tomber celui qui, hier encore, était un allié objectif.

Les électeurs ne sont ni stupides, ni aveugles, ils savent qu’il ne sert à rien de faire gagner un camp si ce dernier n’est pas vraiment celui que l’on préfère. Reste, dans ces reports, la place du Front national, toujours à l’arbitrage quand il n’est pas au second tour. Ni vraiment à gauche, ni tout à fait à droite, le parti de Marine Le Pen brouille les pistes en ne donnant jamais de «consigne de vote», dont l’électorat n’aurait d’ailleurs rien à faire. 40% du vote FN irait à la droite, 20% à la gauche, et 40% des électeurs frontistes s’abstiendraient dans un second tour: c’est ce que l’on peut lire des derniers sondages. Faut-il en faire sa religion ? Pas si sûr.

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