La guerre est-elle à nouveau déclarée à Laguiole ?

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Centre Presse Aveyron

Économie. Sept artisans couteliers laguiolais ont écrit au président du syndicat des fabricants aveyronnais du couteau Laguiole pour «tendre la main à l’union». À défaut, une association verra le jour…

Laguiole pourrait bien avoir les yeux tirés de fatigue en apprenant une énième guerre à couteaux tirés. Il y a eu notamment, par le passé, la guerre -mur érigé à l’appui entre les deux coutelleries- opposant la Forge de Laguiole et le clan Durand. Puis, la hache de guerre fut enterrée et les ennemis d’hier sont devenus amis d’aujourd’hui, membres unis au sein du syndicat des fabricants aveyronnais du couteau Laguiole.

Ce même syndicat est désormais pointé du doigt par d’autres fines lames locales. Des couteliers, qualifiés de «petits» au regard du poids de leur nombre de salariés, qui n’ont pas adhéré au syndicat. Ce dernier compte quatre membres: la Forge de Laguiole, coutellerie Durand, Benoît l’Artisan et la forge de Christian Valat à Espalion.

En face, les petits par la taille de leur entreprise sont en revanche plus nombreux (7) et souhaitent faire entendre leurs voix et leurs différences. Ils viennent d’adresser un courrier au président du syndicat, en l’occurrence Thierry Moysset, président de la Forge, avec copie à Vincent Alazard, maire et conseiller général de Laguiole. En premier lieu du désaccord: le futur périmètre de l’Indication géographique protégée (IGP). Les «gros» veulent se partager le gâteau du plateau en le délimitant à Laguiole (et Espalion en la présence de M.Valat), quand les artisans souhaitent continuer à travailler avec Thiers.

«Nous travaillons tous avec Thiers», rappelle l’un des couteliers. Mais avant de déclarer la guerre, «nous avons envoyé un courrier pour tendre la main à l’union dans une volonté de dialogue». Dialogue de sourd en vue? Dans les faits, cela fait quelques mois que le malaise couve entre couteliers. «Des pressions permanentes sont exercées, avec une volonté d’éradiquer les petits artisans», glisse un coutelier indépendant. Outre le périmètre, ce dernier évoque la méthode: «Nous souhaitons un autre fonctionnement du syndicat, notamment en terme de votes qui accordent, de fait, la majorité aux grandes coutelleries». À défaut d’entente, une association pourrait prochainement voir le jour. De l’intérêt général, voilà l’éternel idéal vers lequel court et cherche encore Laguiole à quelques semaines, à peine, de la loi qui doit entériner l’IGP… Une IGP qui pourrait bien être mort-née, selon l’un des couteliers ironisant sur la situation: «Avec un cahier des charges présentant IGP Laguiole, un autre Laguiole et Thiers, et encore un autre Laguiole, mais différent du premier, les sénateurs devraient nous demander de revoir la copie». Et les perdants, dans cette guerre, sont d’ores et déjà les consommateurs français.

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