Irak: Bagdad annonce la "libération" de Tikrit, la coalition est plus prudente

  • Les forces gouvernementales irakiennes envoient une roquette contre le groupe Etat islamique dans la banlieue de Tikrit le 30 mars 2015
    Les forces gouvernementales irakiennes envoient une roquette contre le groupe Etat islamique dans la banlieue de Tikrit le 30 mars 2015 AFP - Ahmad Al-Rubaye
  • Une opération des forces irakiennes pour reprendre la ville de Tikrit au groupe Etat islamique le 30 mars 2015
    Une opération des forces irakiennes pour reprendre la ville de Tikrit au groupe Etat islamique le 30 mars 2015 AFP - Ahmad Al-Rubaye
  • La bataille de Tikrit
    La bataille de Tikrit AFP - J-M.Cornu/R.Ramis
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Centre Presse Aveyron

Bagdad a annoncé mardi la "libération" de Tikrit, mais le groupe Etat islamique tient toujours des positions selon la coalition internationale qui soutient depuis peu l'assaut massif lancé il y a un mois sur cette ville par les forces irakiennes.

La bataille de Tikrit, la plus grande opération lancée par Bagdad contre les jihadistes depuis leur offensive en juin dernier, a mobilisé des milliers de soldats, policiers et miliciens.

Téhéran et Washington se sont également impliqués dans la reconquête de cette capitale provinciale prise par l'EI le 11 juin, bien que les deux pays ont maintes fois répété ne pas collaborer dans les combats se déroulant à 160 km au nord de Bagdad.

Dans un message sur Twitter, le chef du gouvernement, Haider al-Abadi, "annonce la libération de Tikrit et félicite les forces de sécurité irakiennes et les volontaires pour cette étape majeure".

Ses propos été immédiatement nuancés par le commandant Kim Michelsen, porte-parole de la coalition, affirmant que "certains secteurs (de Tikrit) sont toujours sous le contrôle de (l'EI) et un travail important reste à faire".

"Les forces irakiennes sont parvenues dans le centre-ville, ont levé le drapeau et sont maintenant en train de faire place nette" à Tikrit, a pourtant assuré le porte-parole du chef du gouvernement, Rafid Jabouri.

Les forces irakiennes ont repris dès lundi le siège du conseil de la province de Salaheddine, dont Tikrit est le chef-lieu, et des drapeaux irakiens flottaient à nouveau sur plusieurs bâtiments de cette ville à majorité sunnite, qui fut le bastion de l'ancien dictateur Saddam Hussein.

Mardi, des combattants exultaient en abaissant des drapeaux de l'EI, au milieu de la ville dévastée, a rapporté un vidéaste de l'AFP.

"Nous somme au centre de Tikrit. La ville et tous les bâtiments administratifs sont complètement libérés", affirmait l'un deux, le policier Bahaa Abdullah Nasif.

Les forces gouvernementales, si elles parviennent effectivement à chasser tous les jihadistes hors de Tikrit, auront encore à désamorcer les engins explosifs disséminés par l'EI.

La profusion de ce type de pièges avait conduit les forces gouvernementales à interrompre l'opération au bout d'une dizaine de jours, avant de repartir à l'assaut la semaine dernière, après que M. Abadi a réclamé l'appui aérien de la coalition internationale qui frappe des positions de l'EI en Irak depuis septembre.

- Rôle clé des milices -

Aux côtés de l'armée et de la police, sont également mobilisés depuis le 2 mars des paramilitaires alliés aux forces gouvernementales, notamment les volontaires des "Unités de mobilisation populaire", salués par M. Abadi dans son message sur Twitter.

Ces "Unités", composées essentiellement de milices chiites ont joué un rôle crucial pendant les trois premières semaines de l'offensive, avant de se mettre en retrait après le début mercredi des frappes de la coalition antijihadiste.

Plusieurs miliciens avaient reproché à Washington, qui dirige la coalition et a mené l'essentiel des frappes dans ce secteur, de chercher à voler la victoire à Tikrit.

Les miliciens chiites ont notamment reçu de Téhéran de l'artillerie et des conseillers.

Les Etats-Unis, voyant d'un mauvais œil ce soutien, avaient pour leur part exigé que soit accordé un plus grand rôle aux forces gouvernementales, avant de lancer leurs frappes. La France a aussi frappé Tikrit ces derniers jours.

Iran et Etats-Unis ont de fait été impliqués dans la bataille, tout en affirmant ne pas collaborer l'un avec l'autre.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, en Irak lundi, avait lui insisté sur la nécessité pour Bagdad de mettre "sous contrôle du gouvernement les groupes de volontaires armés combattant en soutien au gouvernement".

"Les civils délivrés de la brutalité de Daech (un acronyme arabe de l'EI) ne devraient pas avoir à craindre leurs libérateurs", a averti M. Ban.

Le nombre de civils encore présents à Tikrit, qui comptait environ 200.000 habitants, est difficile à évaluer.

Confiant dans la victoire à Tikrit, le ministre de la Défense, Khaled al-Obaidi, a réuni les responsables de son armée mardi pour préparer la reconquête de la province de Ninive, plus au nord, dont le chef-lieu Mossoul est le fief de l'EI en Irak.

Source : AFP

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