Jean-Claude Luche : «Je travaille pour les Aveyronnais, pas pour les partis»

  • Jean-Claude Luche vient d'être réélu pour six ans à la tête du Département.
    Jean-Claude Luche vient d'être réélu pour six ans à la tête du Département. JAT
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Christophe Cathala et Pascal Laversenne

Départementales. Réélu jeudi à la tête du nouveau conseil départemental, Jean-Claude Luche s’apprête à mener le Département pour six ans de plus. Entretien.

Réélu jeudi à la tête du nouveau conseil départemental, Jean-Claude Luche s’apprête à mener le Département pour six ans de plus. Entretien.  

«On peut obtenir à l’issue des élections 17 voire 18 cantons, c’est jouable», avez-vous lancé entre les deux tours. Au final la majorité départementale en obtient 15. Déception ?

Bien au contraire, je suis ravi du résultat. Et ce résultat-là, je ne l’aurais pas si bien imaginé. D’autant que le redécoupage des cantons était fait pour me descendre. J’en venais à me demander si je pouvais à nouveau être président. Il y en a, à Paris ou ailleurs, qui avaient tout fait pour me virer et je suis encore là avec trente élus contre seize à l’opposition! Sans ce redécoupage, la gauche aurait pris une vraie raclée. Et de mes sortants, aucun n’a été battu.

C’est la revanche de 2008 ?

C’est vrai que cette élection-là a été dure. Notre majorité avait perdu huit cantons. On a fini à 25-21. Et trois tours pour l’élection du président! Mais il faut dire qu’à l’époque, il n’y avait plus de chef pour la majorité départementale.

C’est important un chef ?

C’est pour cela qu’à travers «l’équipe Luche», vous avez autant personnalisé cette campagne?[/QUES] Bien sûr c’est important. Encore une fois, on voit le résultat. À gauche, il n’y a pas de chef cette fois... Alors, c’est vrai, c’est une satisfaction personnelle d’être arrivé à faire «l’Aveyron en marche avec Jean-Claude Luche». Je suis presque ému quand j’en parle, touché que les candidats aient voulu mon soutien.

Vous avez une méthode pour cela ?

 J’ai dégagé du temps pour m’occuper des autres. La force que j’ai, je crois, c’est de me mettre au niveau de mon interlocuteur, de connaître bien mes dossiers et d’y travailler sans relâche. Et surtout, je n’ai pas voulu politiser cette campagne, ce n’est pas ma culture.

Justement, on vous reproche de ne jamais vous positionner clairement sur l’échiquier politique. Peut-être à l’UDI désormais ?

Mon parti, c’est l’Aveyron et les Aveyronnais. Je ne suis pas un homme d’«appareil». C’est vrai, l’Aveyron a une culture centriste, conservatrice. Mais j’ai un parcours atypique, je suis un perpétuel insatisfait, j’ai souvent été élu sans parti derrière moi. Alors, ce manque de positionnement, je l’assume, je travaille pour les Aveyronnais, pas pour les partis politiques. Et puis il faut dire que les gens sont paumés, ils galèrent, leur pouvoir d’achat se réduit. Ils en veulent au monde entier, à commencer par les hommes politiques. Le schéma que j’ai proposé à mes électeurs a été de dépolitiser le débat, de bâtir la campagne sur une personne. Bon, ce ne sera pas forcément valable tout le temps. À un moment, il faudra tirer sa révérence...

À ce sujet, comment allez-vous gérer le cumul des mandats en 2017 Garderez-vous le Sénat ou le conseil départemental ?

C’est prématuré de le dire, d’autant que la droite, avec Sarkozy, veut modifier cette loi si elle gagne l’Élysée en 2017. Être sénateur et président d’un Département, c’est très complémentaire. Et si cela n’est pas possible, alors on verra bien.

Et la région ?  

Non, je n’y serais pas revenu. C’est trop politique, je ne me suis pas éclaté en étant conseiller régional.

Votre «souplesse» politique vous amènera-t-elle à jouer l’ouverture avec votre opposition ?

Si elle est constructive, j’y serai attentif. L’ouverture, je l’avais faite en 2008 en confiant à Mme Escoffier la commission des finances du Département. Cela n’a pas fait avancer les choses et j’ai été très critiqué dans mon camp. Alors, on verra à l’usage...

Le règlement actuel de l’assemblée impose douze membres pour constituer un groupe politique. Allez-vous le modifier si les seize élus de l’opposition ne parviennent pas à faire l’unité ?

J’étudierai la question. Est-ce qu’ils vont s’entendre entre eux ? C’est bien là le problème. Il faut analyser le rapport de force en face. C’est important qu’il y ait un chef, y compris dans l’opposition: toute organisation mérite un leader, un interlocuteur.

Un leader de l’opposition qui saura dénoncer le moment venu-comme la gauche l’a martelé durant la campagne- votre «immobilisme» dans l’action et les projets du Département...

Le contraire de l’immobilisme, c’est l’investissement. Nous y consacrons 550 M€ dans le budget, financé par l’épargne et la dette. La dette, c’est ce que la gauche me reprochait lors des élections de 2011. Alors... Il faut dire que durant cette campagne des départementales, l’opposition a beaucoup critiqué mais s’est approprié les projets portés par la majorité, projets qu’ils n’ont pas votés en assemblée. Cela a d’ailleurs été une difficulté pour mes candidats... On ne peut dire en revanche que ces derniers aient fait du clientélisme, on le voit bien!

À ce propos, Alain Fauconnier a déposé un recours en annulation de l’élection sénatoriale devant le Conseil constitutionnel dont on attend la réponse. Le reproche porte sur l’utilisation durant la campagne des sénatoriales de fonds départementaux. En fait, d’avoir fait du «clientélisme». Êtes-vous inquiet ?

Alain Fauconnier a voulu faire casser mon élection et celle d’Alain Marc. Bon, la Commission des comptes de campagne a fait dans ce cadre-là un examen très approfondi de nos comptes avant de les valider. L’utilisation durant la campagne du Fonds départemental de péréquation de la taxe professionnelle et du fonds d’intervention locale -ce que l’on me reproche- «n’a pas été démontrée», atteste un courrier de la Commission (il brandit le document). Je ne suis donc pas inquiet de la décision du Conseil constitutionnel.

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