Justice : sa mère décédée, elle extorque 50 000€ à son père

Ou quand une famille règle ses comptes au propre comme au figuré à la barre du tribunal. C’est en effet pour une histoire d’argent que trois sœurs et un frère se sont retrouvés au tribunal de Rodez. Une des sœurs était mise en cause par le reste de la fratrie pour avoir usé, avec son époux, de l’argent du père à des fins personnelles et sans que celui-ci soit bien au courant de tout cela.

L’affaire s’est déroulée entre juillet 2012 et octobre 2013, dans le Ségala. L’octogénaire venait de perdre son épouse. Une de ses filles le prend alors en charge, avec pour mission de gérer son quotidien et, donc, ses dépenses. Le temps passe et le garçon de la fratrie s’aperçoit que le rythme de vie de la sœur qui s’occupe de son père a quelque peu changé.

Voiture, moto, poker

Après avoir réussi à jeter un œil sur les comptes de son père, il découvre un train de vie qui ne lui correspond pas du tout. Il décide alors de porter plainte. L’enquête qui suivra mettra au jour 92 chèques falsifiés pour un montant dépassant les 50 000 euros. Soit le double de ce que gagne annuellement le couple. À la barre, les prévenus ne se montrent pas très bavards. Même quand il faut expliquer pourquoi les sommes inscrites sur les talons de chèques ne correspondent pas aux sommes, bien plus importantes, figurant sur les chèques correspondants.

«Cela peut être analysé comme un moyen de cacher à votre père les véritables sommes» relate la juge Séverine Contival. Dans la salle, le frère et les deux sœurs ont du mal à dissimuler leur colère. L’avocat de la fratrie, qui s’est constituée partie civile, Me Vergani, lui, éructe devant l’attitude du couple. «Votre comportement me dégoûte! Ce dont on veut parler ici, c’est la voiture que vous avez achetée, la moto, le poker en ligne ! Vous vous êtes servis, c’est tout !»

Sur fond «d’abus de faiblesse»

Pour l’auditeur de justice Dawood, représentant le ministère public, le couple a «détroussé» le père. Dans cette affaire, «il y a un fond d’abus de faiblesse». La prévenue est finalement condamnée à 9 mois de prison avec sursis et son époux à 6 mois avec sursis. Tous deux doivent en outre rembourser la fratrie de la somme incriminée et écopent, en sus, de l’obligation de payer 300 euros à chacun des membres, ainsi que de 600 euros d’amende.